Les travaux de réhabilitation du chemin de fer Cotonou-Parakou ont été lancés ce jeudi 19 mars à Cotonou par le président Boni Yayi et son homologue du Niger Issoufou Mahamadou. Cette cérémonie consacre le démarrage de la phase active du projet, côté béninois.
Les deux Chefs d’Etat ont d’abord effectué, en compagnie de plusieurs officiels et passagers VIP, un trafic d’exhibition, avec quatre wagons de 56 places assises, partis de la gare ferroviaire ferroviaire Cadjehoun St Jean à Cotonou, à destination de la gare centrale à Ganhi. C’est une étape décisive qui vient ainsi d’être lancée dans le processus de réalisation de ce méga projet, avec à la baguette le groupe Bolloré.
« Je suis ici pour rassurer nos amis du Bénin, du Niger et des autres pays que notre groupe continuera son œuvre. Le calendrier sera respecté. Un certain nombre d’impératifs techniques ont été demandés, nous les respecterons », confie Michel Roussin, ancien ministre français et conseiller du groupe Bolloré. S’agissant des doléances des États relatives au respect des standards internationaux en matière d’écartement, et l’équipement du réseau sans interrompre les travaux des rails, le représentant du groupe Bolloré assure que toutes les dispositions sont prises pour ériger une infrastructure de haute facture. « Nous ne vous décevrons pas. Vous pouvez compter sur Bolloré, nous sommes des professionnels, nous le démontrerons. Les Blues Solutions apporteront une qualité de vie sur les zones traversées par les rails », assure-t-il.
« L’Afrique doit s’unir pour tenir. C’est cette vision que nous partageons, convaincus que nous ne pouvons pas atteindre nos objectifs de manière isolée, sans unir nos forces, sans mutualiser nos moyens. Nous voulons faire l’intégration africaine, en nous donnant la main par-dessus les frontières. Le projet en est une parfaite illustration » martèle Mahamadou Issoufou, président de la République du Niger qui se réjouit particulièrement pour son pays qui découvre le terrain pour la première fois. « Cela fait 80 ans que les Nigériens attendent le train. Il y en a qui se demandent même si le train ne s’est pas égaré. Non, le train ne s’est pas égaré. Grâce à Bolloré, nous avons retrouvé le train », explique-t-il. Pour le président nigérien, ce combat pour la renaissance du train est aussi un combat pour la démocratie, la paix et la sécurité dans une sous-région perturbée par des menaces terroristes.
Une révolution économique en perspective
Pour le président Boni Yayi, ce « méga projet du siècle » entre déjà dans l’immortalité. « Le peuple béninois a toujours souhaité la renaissance des rails. Nous sommes en train de lever un préalable pour la sécurité de la sous-région », se réjouit-il, saluant le caractère mobilisateur de l’infrastructure. « Ce projet est mobilisateur parce qu’animé par un consortium diversifié porté par Bolloré, dont la compétence et le professionnalisme sont reconnus, mobilisateur parce que soutenu par l’investissement privé dans le secteur des rails » soutient-il. Le Chef de l’Etat, revisitant toute l’histoire du train à travers les agglomérations de notre pays, se dit convaincu que les gares redeviendront sous peu de véritables pôles économiques et de création d’emplois. « C’est un nouveau rêve qui concourt à la paix, consolide l’intégration et renforce notre capacité de production », conclut-il.
La Boucle ferroviaire est un projet intégrateur initié pour accroître et fluidifier les échanges, contribuer à la libre circulation des personnes, des biens et des capitaux, au sein des pays membres du Conseil de l’Entente qui regroupe le Bénin, le Togo, la Côte-d’Ivoire, le Niger et le Burkina-Faso. Il vise à relier via les chemins de fer, les cinq capitales régionales que sont Abidjan, Ouagadougou, Niamey, Cotonou et Lomé. A cet effet, il sera construit ou réhabilite des voies ferrées sur une distance de plus de 3000 km. La tranche béninoise concerne la réhabilitation du chemin de fer Cotonou-Parakou et la construction d’une nouvelle voie ferrée de Parakou jusqu’à Gaya, frontière du Niger. 574 kilomètres sont concernés par ce projet. Le coût global des travaux est estimé à environ 700 milliards de francs CFA. Il est mis en œuvre sous le mode partenariat public-privé avec un consortium de sociétés ayant pour chef de file le groupe français Bolloré. Dans ce cadre, un mémorandum d’entente a été signé le 7 novembre 2013 à Cotonou, entre les Etats béninois et nigérien et le groupe Bolloré, pour la réalisation et l’exploitation du chemin de fer Cotonou-Niamey. Une multinationale, Bénirail dotée d’un capital social de 70 milliards de francs CFA est créée à cet effet. L’actionnariat de cette nouvelle compagnie, qui remplace désormais l’Organisation commune Bénin-Niger (Ocbn) prévoit 10% de part pour chacun des deux États, 20% pour le secteur privé de chacun desdits États et 40% pour le partenaire stratégique, Bolloré Africa Logistics. La mobilisation des ressources et la réalisation des travaux constituent les points majeurs de son cahier des charges.