La macroniste Yaël Braun-Pivet a été réélue jeudi 18 juillet 2024 présidente de l’Assemblée nationale à l’issue d’un vote serré en trois tours avec 220 voix, devant André Chassaigne qui obtient, lui, 207 voix. Les 577 nouveaux députés ont voté pour leur présidente parmi six candidats déclarés, dans un hémicycle profondément fragmenté en trois blocs – Nouveau Front populaire, camp présidentiel et Rassemblement national. Un scrutin crucial pour donner la couleur politique du prochain gouvernement.
« Nous devons apporter de nouvelles solutions avec de nouvelles méthodes, a déclaré, émue, Yaël Braun-Pivet, après sa réélection. Nous n’avons pas le choix, nous devons nous entendre, nous devons coopérer, nous devons être capables de rechercher des compromis. » Yaël Braun-Pivet (Ensemble pour la République), présidente sortante de l’Assemblée nationale, a été réélue jeudi au troisième tour avec 220 voix, devant le candidat du Nouveau Front populaire André Chassaigne (207 voix) et celui du Rassemblement National (RN), Sébastien Chenu (141 voix). Au terme d’une élection à suspense, la députée des Yvelines, à l’ouest de Paris, âgée de 53 ans, retrouve donc son « perchoir » après la dissolution, grâce notamment au soutien de la droite qui a passé un accord avec la macronie.
Outre ces trois candidats, étaient aussi en lice : le député Liot (centre) Charles de Courson, la députée Horizons Naïma Moutchou et le député Philippe Juvin pour La Droite républicaine (LDR, ex-Les Républicains).
Après un discours inaugural accueilli assez fraîchement par une partie de l’hémicycle, le doyen RN de l’Assemblée nationale, José Gonzalez (81 ans), a laissé place à un scrutin à bulletin secret. Au premier tour, le communiste André Chassaigne, au nom de l’alliance de gauche Nouveau Front populaire, est arrivé en tête avec 200 voix, devant le candidat du Rassemblement national Sébastien Chenu (142 voix) et la présidente sortante Yaël Braun-Pivet (124 voix). Tous trois se sont maintenus, ainsi que Charles de Courson (Liot, 18 voix), pour le deuxième tour, qui s’est également joué à la majorité absolue des suffrages exprimés. Deux candidats, Philippe Juvin (LR, 48 voix) et Naïma Moutchou (Horizons, centre droit, 38 voix) ont annoncé leur retrait.
Au deuxième tour Yaël Braun-Pivet est arrivée en tête avec 210 voix, juste devant le communiste André Chassaigne qui a obtenu 202 voix. Distancé, le candidat du Rassemblement national Sébastien Chenu (143 voix) a décidé néanmoins de se maintenir pour le troisième tour qui s’est joué à la majorité relative. Le centriste Charles de Courson (Liot) a, lui, obtenu 12 voix au deuxième tour.
Au troisième tour, Yaël Braun-Pivet est donc réélue avec 220 voix « sans l’appui du RN », note Raphaël Devolvé, journaliste au service politique de RFI. André Chassaigne obtient, lui, 207 voix, et Sébastien Chenu 141 voix.
Un vote « volé » par une « alliance contre-nature »
« Le vote des Françaises et des Français [aux législatives des 30 juin et 7 juillet, NDLR] est un vote qui a été volé aujourd’hui par une alliance contre-nature » entre la macronie et la droite, a affirmé dans les couloirs de l’Assemblée le député communiste battu de 13 voix.
Que certains, après avoir participé à cette combinaison, et je parle des Républicains, qui a permis de ne rien changer alors que le peuple attendait que ça change, que certains se déclarent aujourd’hui dans l’opposition de l’Assemblée nationale, non seulement c’est malsain, mais je dirais que c’est nauséabond. Aujourd’hui, nous sommes déterminés à continuer ce combat pour faire en sorte que dans l’Assemblée, nous soyons les défenseurs du pouvoir législatif qui ne doit pas être la courroie de transmission de quelque pouvoir exécutif que ce soit.
La réélection de Yaël Braun-Pivet reste, malgré la dissolution et les appels de la gauche à faire rimer nouvelle Assemblée avec nouvelle présidence, un tour de force, estime l’insoumis Éric Coquerel : « Monsieur Wauquiez ne veut pas gouverner avec Monsieur Macron donc c’est un arrangement uniquement pour des postes. Ce soir, les groupes macronistes se déclarent dans la majorité et LR se déclare dans l’opposition, vous voyez bien le problème ! ».
Marie-Christine Dalloz, députée La Droite républicaine (ex-LR), l’assume auprès de Charlotte Urien-Tomaka, journaliste au service politique de RFI : le groupe ne voulait pas d’un président de l’Assemblée Nouveau Front populaire. « Est-ce que c’est moins contre-nature un communiste avec quelqu’un comme [François] Hollande ou Madame Rousseau. Je veux bien qu’on soit jugé mais à un moment donné, les leçons, ça suffit. La France est fracturée, soyons responsables ».
Jean-René Cazeneuve, député de la coalition présidentielle Ensemble pour la République, ne s’en cache pas. Le résultat de l’élection préfigure peut-être de la suite. « Cela confirme que la coalition est possible, on l’a montré, on a fait un premier pas avec les LR. Maintenant, il faut l’élargir encore pour assurer une majorité plus stable pour les trois prochaines années. »
Sébastien Chenu a lui dénoncé une « victoire des combines ». « Les Républicains, qui se sont fait élire il y a 15 jours en disant qu’ils étaient l’opposition à Emmanuel Macron, viennent de voter pour Yaël Braun-Pivet », a-t-il dénoncé.
Mme Braun-Pivet veillera « au respect de la pluralité des opinions et à l’expression de la diversité des sensibilités », a quant à lui assuré Emmanuel Macron sur X.
La macronie, qui malgré la perte de nombreux députés survit à la dissolution avec le perchoir en poche, a posé les jalons d’une éventuelle coalition avec la droite, après un accord avec le camp Wauquiez.
Ce vendredi, la bataille se poursuit avec l’attribution des postes clés de l’Assemblée nationale – membres du bureau et présidences de commissions.