Un mois et demi après avoir annoncé l’ouverture de deux procédures en marge du CHAN 2022, la Confédération africaine de football (CAF) a annoncé samedi son verdict concernant le Maroc et l’Algérie. Le premier était poursuivi pour avoir boycotté la compétition, le second pour les propos polémiques et politiques tenus lors de la cérémonie d’ouverture.
Ce sont les Lions de l’Atlas qui encouraient les sanctions les plus graves puisque leur forfait de dernière minute a obligé le groupe C du CHAN à se dérouler en présence de seulement trois équipes. Une amende de 150 000 dollars et une exclusion pour les deux prochaines éditions du tournoi faisaient partie des peines possibles. Finalement, le jury disciplinaire de la CAF a fait preuve de clémence.
«Après délibérations et examen des preuves, y compris un certain nombre de correspondances entre l’Algérie, le Maroc et la CAF, le Jury Disciplinaire a conclu que la Fédération Royale Marocaine de Football n’a pas été en mesure de voyager et de participer au CHAN en raison de circonstances totalement indépendantes de sa volonté, et en tant que tel aucune sanction de quelque nature que ce soit n’est imposée à la Fédération Royale Marocaine. Au vu de la conclusion susmentionnée, Le Jury Disciplinaire de la CAF rejette la demande de dommages et intérêts de la Fédération Algérienne de Football», a expliqué l’instance panafricaine. Pour rappel, le Maroc réclamait l’autorisation d’un vol direct Rabat-Constantine mais les autorités algériennes, qui ont fermé l’espace aérien entre les deux pays en septembre 2021, ont refusé, et la seule alternative pour les Lions de l’Atlas aurait donc consisté à rejoindre l’Algérie en faisant un détour par un pays tiers. Une excuse donc jugée recevable par la CAF.
L’autre dossier chaud concernait l’Algérie en tant que pays-hôte avec des chants anti-marocains entonnés en tribunes et les propos politiques et polémiques tenus par l’invité Zwelivelile Mandela lors de la cérémonie d’ouverture. Le petit-fils de Nelson Mandela avait notamment décrit le Sahara Occidental comme «la dernière colonie présente en Afrique», des propos qui avaient évidemment été perçus comme une provocation par les Marocains au vu du contexte diplomatique explosif entre les deux pays.
Une décision diplomatique
«Après avoir examiné de manière approfondie tous les éléments et preuves disponibles, le Jury Disciplinaire a considéré qu’il ne devait pas retenir la responsabilité du fait d’autrui à la Fédération Algérienne de Football, et que les dispositions de la responsabilité objective ne pouvaient pas être prévues et ne devraient pas s’appliquer après la déclaration faite par M. Zwelivelile Mandela lors de la cérémonie d’ouverture du CHAN», a estimé la CAF, avant toutefois de hausser le ton. «Toutefois, le Jury Disciplinaire de la CAF a émis un rappel formel à toutes les associations nationales, y compris la FAF, pour qu’elles soient conscientes que les dispositions de la responsabilité du fait d’autrui et de la responsabilité objective peuvent à l’avenir être appliquées à la suite de toute déclaration politique ou autre faite par un tiers lors d’une compétition ou d’un événement officiel de la CAF.»
Alors que son président, Patrice Motsepe, a insisté sur le principe de neutralité politique de l’instance au cours des dernières semaines, la CAF a certainement voulu éviter les polémiques et joué la carte de l’apaisement en décidant de ne sanctionner aucun des deux rivaux. C’est toutefois le Maroc, qui risquait gros, qui s’en tire le mieux dans ce dossier et qui pourra donc participer aux prochaines éditions du CHAN.