Vladimir Poutine a affiché sa confiance, jeudi 14 décembre, lors de sa grande conférence de presse annuelle à Moscou. En ouverture, le président russe a affirmé que le pays était suffisamment solide pour « aller de l’avant » malgré les sanctions économiques, la guerre en Ukraine et la confrontation avec les Occidentaux.
Selon Vladimir Poutine, interrogé sur la résistance de l’économie aux sanctions, la Russie dispose d’une « marge de sécurité suffisante » du fait de la « forte consolidation de la société », la « stabilité du système financier et économique du pays » et de « l’augmentation des capacités militaires » de Moscou.
Cette marge est « suffisante non seulement pour se sentir en confiance, mais aussi pour aller de l’avant », a assuré le président russe, qui a récemment annoncé son intention de briguer un nouveau mandat en mars 2024, mandat qui pourrait le faire rester au Kremlin au moins jusqu’en 2030.
Il a malgré tout reconnu que l’inflation restait forte en Russie, attendue à 7,5-8 % à la fin de l’année, source d’inquiétude au sein de la population, et promis que la Banque centrale prendrait les mesures appropriées pour la juguler.
Le dirigeant russe a dit s’attendre à une croissance du PIB de 3,5 % cette année : « Cela signifie que nous avons rattrapé notre retard et que nous avons fait un grand pas en avant », a-t-il soutenu.
La Russie continue de vendre assez de ses hydrocarbures pour financer l’effort de guerre. Et l’industrie a été réorientée sur les commandes d’État d’armements et de munitions.
L’économie russe semble ainsi avoir absorbé le choc immédiat des sanctions mais leurs effets à plus long terme peuvent être dévastateurs, le pays étant coupé de certaines technologies de pointe et de pans entiers du système bancaire international.
Sur le plan diplomatique, Moscou peut aussi se satisfaire de voir les soutiens occidentaux de l’Ukraine se quereller sur la poursuite de leur aide militaire et sur les perspectives d’adhésion de l’Ukraine à l’UE.
« La victoire sera à nous »
Concernant la guerre en Ukraine, Vladimir Poutine a une nouvelle fois répété l’objectif affiché de Moscou, à savoir la « dénazification » et la « démilitarisation » de son voisin, sans quoi la paix n’est pas possible, selon lui.
« Je vous rappelle ce dont nous avons parlé : la dénazification et la démilitarisation de l’Ukraine, son statut de neutralité », a-t-il déclaré lors cet événement télévisé qui, cette année, combinait deux traditionnels rendez-vous médiatiques – la conférence de presse du président et sa « ligne directe » avec la population russe.
Vladimir Poutine a martelé que la solution « sera négociée ou obtenue par la force ». « Il y aura la paix lorsque nous aurons atteint nos objectifs », a insisté le président russe. « La victoire sera à nous », a-t-il clamé, promettant de se rendre, à une date indéterminée, dans les régions d’Ukraine dont Moscou a revendiqué l’annexion en septembre 2022.
Vladimir Poutine a aussi affirmé que l’armée russe « améliore » ses positions sur quasiment toute la ligne de front en Ukraine. « Pratiquement sur toute la longueur de la ligne de contact, nos forces armées améliorent leurs positions. Presque toutes sont en phase active ».
Par ailleurs, une nouvelle mobilisation militaire n’est pas prévue pour le moment, a-t-il fait savoir. « Aujourd’hui, cela n’est pas nécessaire », a-t-il jugé, soulignant que 486 000 soldats avaient été recrutés volontairement cette année.
Les pertes de son armée n’ont, en revanche, pas été révélées. Les États-Unis avancent l’estimation de 315 000 militaires blessés ou morts.
Une opposition réduite à néant
Selon la télévision russe, plus de 2,8 millions de questions ont été envoyées à Vladimir Poutine pour l’émission de jeudi, couvrant l’Ukraine mais aussi des problèmes de la vie quotidienne.
Ce rendez-vous médiatique a été l’occasion pour les citoyens russes d’exposer leurs doléances auprès du président. Certaines d’entre elles ont été réglées quasiment en direct. Des enfants ont notamment obtenu la rénovation d’une salle de sport en Crimée, un territoire ukrainien annexé.
Mais les messages critiques envoyés par SMS, qui apparaissaient sur un écran géant dans le studio, n’ont pas été soumis au président. « Pas besoin d’être candidat à un nouveau mandat. Laissez la place aux jeunes », a notamment écrit un spectateur.
« Pourquoi votre réalité est-elle différente de la nôtre? », « Vladimir Vladimirovitch, dîtes-nous s’il vous plaît, quand allons-nous mieux vivre? », ont également interrogé deux internautes.
Ce marathon de questions-réponses est en effet l’occasion pour Vladimir Poutine de faire campagne, une semaine après avoir fait part de son ambition de rester au Kremlin – au moins jusqu’en 2030, l’année de ses 78 ans.
L’opposition a été méthodiquement éradiquée par le Kremlin, si bien que le scrutin de mars 2024 apparaît comme une formalité.