Russie : Vladimir Poutine limoge le ministre de la Défense Sergueï Choïgou

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Le président russe Vladimir Poutine a limogé dimanche soir son emblématique ministre de la Défense Sergueï Choïgou, en poste depuis 2012, lors d’un remaniement surprise, quelques jours après son investiture pour un cinquième mandat et après plus de deux ans de conflit en Ukraine.

Le changement du ministre de la Défense ordonné par Vladimir Poutine est le fait marquant du remaniement ministériel proposé dimanche soir par le président russe.

Officiellement, la nomination d’Andrei Belooussov, un civil ancien ministre du développement économique qui était jusque là l’un des vice-Premier ministres après avoir longtemps travaillé avec Vladimir Poutine, doit, selon le porte-parole du Kremlin stimuler l’innovation et permettre aux idées avancées de s’imposer, rapporte notre correspondant à Moscou, Jean-Didier Revoin.

Mais Sergueï Choïgou, en poste depuis 2012, n’est pas mis sur la touche pour autant. En tant que secrétaire du Conseil de sécurité russe (poste occupé jusque-là par Nikolaï Patrouchev, qui est lui démis de ses fonctions), il restera impliqué dans un domaine qu’il connaît bien ; il paie sans doute l’arrestation d’un de ses adjoints pour corruption et la rébellion des Wagner en juin dernier.

Quel sera l’impact de ce jeu de chaises musicales au sommet du ministère de la Défense ?

Sans doute pour éviter une trop longue période de flottement, le chef d’état-major Valeri Guerassimov, l’homme en charge des opérations en Ukraine, est maintenu. Le porte-parole du Kremlin a indiqué que Guerassimov, chef d’état-major, garderait sa mission de commandant sur le terrain, sans que Andreï Belooussov empiète sur ses fonctions.

Car ce remaniement intervient au moment où l’armée russe avance dans la région ukrainienne de Kharkiv, quelques jours après y avoir lancé un assaut terrestre, et accentue sa pression dans le Donbass, autour de Tchassiv Iar. « Choïgou continuera à travailler dans ce domaine, qu’il connaît bien, qu’il connaît très bien de l’intérieur, avec ses collègues et ses partenaires sur son ancien lieu de travail », a rapidement précisé le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, cité par les agences russes.

Maintenu durant deux ans de guerre, malgré des revers

Sergueï Choïgou, 68 ans, était ministre de la Défense en Russie depuis 2012 et incarnait la stabilité des différents gouvernements sous Vladimir Poutine, tout comme le chef de la diplomatie, Sergueï Lavrov, qui conserve lui son poste de ministre des Affaires étrangères.

Malgré une série de revers humiliants pour les troupes russes en Ukraine en 2022, après l’offensive initiale du 24 février de cette année-là, Vladimir Poutine avait maintenu sa confiance envers Sergueï Choïgou, en dépit des critiques d’une partie de l’aile va-t’en-guerre de l’armée. Cela avait notamment été le cas à l’issue de la révolte avortée en juin 2023 des combattants du groupe paramilitaire de Wagner, menés par Evguéni Prigojine, qui avait fait vaciller le pouvoir.

Andreï Belooussov, son remplaçant, a lui une formation d’économiste et aucun bagage militaire. À 65 ans, il était premier vice-président du dernier gouvernement depuis 2020 et un des principaux conseillers économiques de Vladimir Poutine ces dernières années, ayant même été brièvement ministre du Développement économique entre mai 2012 et juin 2013.

Besoin d’innovations sur le terrain militaire, selon le Kremlin

Dmitri Peskov a lui justifié la décision de Vladimir Poutine par un besoin venant directement du front, après plus de deux ans de combats en Ukraine et sans issue claire au conflit. « Aujourd’hui, sur le champ de bataille, celui qui l’emporte, c’est celui qui est le plus ouvert à l’innovation », a-t-il affirmé. Selon Vladimir Poutine, « le ministère de la Défense doit être absolument ouvert à l’innovation, à l’introduction de toutes les idées avancées, à la création des conditions de la compétitivité économique », a encore fait valoir Dmitri Peskov. Le président russe a encouragé ces derniers mois l’industrie de défense du pays à innover et produire en plus grandes quantités pour poursuivre l’offensive en Ukraine, coûteuse en matériel et en hommes.

Car si l’Ukraine s’appuie sur des équipements donnés par les Européens et les États-Unis, la Russie ne peut elle compter militairement que sur ses partenaires iranien et nord-coréen principalement, sans oublier la Chine, dont la demande permet en grande partie de maintenir l’économie russe à flot.

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