Vidéva Espérance Judith Azandégbé accède désormais au grade de docteur de l’Université d’Abomey-Calavi. « Mention très honorable avec les félicitations du jury », c’est le verdict qui a sanctionné la soutenance de sa thèse ce vendredi 12 avril 2024 dans la salle Léon Okioh du bâtiment Mird de l’Uac. Vidéva Espérance Judith Azandégbé devient ainsi Dr en Géographie et gestion de l’environnement, spécialité Gouvernance foncière et dynamique des espaces frontaliers.
L’Université d’Abomey-Calavi a un nouveau Docteur. Il s’agit de Vidéva Espérance Judith Azandégbé. Ce vendredi, elle a soutenu brillamment avec mention très honorable et félicitations du jury, sa thèse Dr en Géographie et gestion de l’environnement, spécialité Gouvernance foncière et dynamique des espaces frontaliers sur le thème « Transactions foncières et dynamique spatiale dans les espaces frontaliers de la moyenne vallée du Mono au Bénin ».
L’objet du travail de recherche de Vidéva Espérance Judith Azandégbé est « d’analyser l’évolution des jeux d’acteurs et les changements spatio-temporels de l’occupation des terres induits par l’essor de la marchandisation des terres rurales et dans les espaces frontaliers de la moyenne vallée du Mono en l’occurrence ». L’impétrante a surtout mis l’accent sur la vente, l’achat et la formalisation des terres dans la moyenne vallée du Mono.
L’analyse du réseau marchand a révélé l’existence de deux formes de réseau : celui de type monde et celui de type provincial développé plus par les femmes. Dans sa présentation, elle fait savoir que quatre catégories d’acteurs interviennent dans le marché foncier à savoir les acquéreurs, les vendeurs, les collecteurs et les intermédiaires. Il se construit entre eux, soit des relations d’affaires dyades soit des relations triades. Cette analyse a également mis en exergue une prédominance des acteurs de centralité de degré sortante c’est-à-dire les vendeurs, qui sont en l’occurrence des agriculteurs.
Le choix du thème de recherche « Transactions foncières et dynamique spatiale dans les espaces frontaliers de la moyenne vallée du Mono au Bénin » est parti d’un constat, explique Vidéva Espérance Judith Azandégbé. « On a constaté que depuis quelques décennies, la moyenne valeur du Mono est sujette à des transformations spatiales au niveau des terres. Cela a des répercussions aussi bien sur la végétation que sur les sols et tout l’environnement concerné. Nous avons donc cherché à savoir ce qui est à la base de ses transformations ».
L’Impétrante a révélé à travers son travail que la marchandisation accrue des terres et la vente des parcelles sont vues comme un moyen de résolution des problèmes sociaux des ménages alors que l’achat des terres, celui d’investissement pour les acquéreurs. « Les résultats obtenus pourront servir d’informations pour la prise des décisions au niveau des gouvernants », souhaite le nouveau Dr en Géographie et gestion de l’environnement, spécialité Gouvernance foncière et dynamique des espaces frontaliers.
La thèse de Vidéva Espérance Judith Azandégbé a été dirigée par M. Ismaïla Toko Imorou, professeur titulaire de l’Université d’Abomey-Calavi.
« L’impétrante Vidéva Espérance Judith Azandégbé est acceptée désormais dans le cercle restreint des docteurs de l’Université d’Abomey-Calavi », a déclaré le président du jury au terme de la soutenance.
Madame Vidéva Espérance Judith Azandégbé a soutenu un document de 277 pages devant un jury international présidé par M. Moussa GIBIGAYE, Professeur Titulaire de l’Université d’Abomey-Calavi (Benin), le rapporteur est M. Ismaïla TOKO IMOROU, Professeur Titulaire, de l’Université d’Abomey-Calavi (Benin) et les examinateurs : M. Toussaint VIGNINOU, Professeur Titulaire, Université d’Abomey-Calavi (Benin); M. Adja Ferdinand VANGA, Professeur Titulaire, de l’Université Peleforo Gon Coulibaly de Korhogo (Côte d’Ivoire) et M. Lawali DAMBO, Professeur Titulaire, Université Abdou Moumouni (Niger).
Dans une immense joie et submergée par l’émotion, la nouvelle Dr Vidéva Espérance Judith Azandégbé a béni le Seigneur qui lui a permis d’accéder à ce grade. « Je ne peux que rendre grâce à Dieu. C’est pour moi un grand moment de joie. Actions de grâce surtout », a-t-elle laissé entendre.
Firmin KOUWAFIN
Pour votre gouverne, le résumé de la thése de Dr Vidéva Espérance Judith Azandégbé
La moyenne vallée du Mono subit depuis quelques décennies de fortes pressions résultant de la croissance démographique et des mutations sociales induites, de la création du marché foncier et du pluralisme juridique des normes foncières auxquels les populations sont confrontées dans la gestion et l’administration des terres. En effet, la dynamique observée sur les plateaux du sud Bénin du fait de l’activité agricole a poussé les paysans à migrer vers la moyenne vallée du Mono pour y procurer des terres par achat. Mais du fait de l’accroissement de la population, l’ampleur que prend la vente des terres a des répercussions sur l’espace de la moyenne vallée du Mono et des zones frontalières en particulier. Or, les espaces frontaliers sont des zones très fragiles et vulnérables
Cette étude a donc essayé d’analyser l’évolution des jeux d’acteurs et les changements spatio-temporels de l’occupation des terres induits par l’essor de la marchandisation des terres rurales dans les espaces frontaliers de la moyenne vallée du Mono.
Les résultats issus des investigations ont révélé que l’amenuisement du pouvoir du prêtre foncier « Nyigbanfio », le non-respect de la trilogie foncière « Espace – autorité – Dépendance » et l’avènement de l’agriculture commerciale notamment la mise en place des plantations de palmier à huile sont les facteurs qui ont présidé à l’essor de la marchandisation des terres dans la moyenne vallée du Mono ; une marchandisation accrue des terres où la vente des parcelles est vue comme un moyen de résolution des problèmes sociaux des ménages alors que l’achat des terres celui d’investissement pour les acquéreurs. L’acquisition des terres se fait suivant leur éloignement au noyau villageois. Les facteurs déterminants le coût d’acquisition des parcelles sont essentiellement la période d’acquisition, la nature de la voie d’accès et le type de parcelle. L’analyse du réseau marchand foncier a révélé l’existence de deux formes de réseau : celui de type monde et celui de type provincial développé plus par les femmes. Quatre catégories d’acteurs interviennent dans le marché foncier : les acquéreurs, les vendeurs, les collecteurs et les intermédiaires. Il se construit entre eux soit des relations d’affaires dyades soit des relations triades. Cette analyse a également mis en exergue une prédominance des acteurs de centralité de degré sortante c’est-à-dire les vendeurs, qui sont en l’occurrence des agriculteurs.
L’analyse de la dynamique d’occupation des terres a révélé la quasi-disparition des formations naturelles au profit des formations anthropiques avec une forte dominance des champs et jachères. Ces transformations sont à l’origine de divers impacts dont la saturation foncière et la difficile mécanisation agricole qui prévaut aujourd’hui dans la moyenne vallée du Mono. Or, pour une cohésion sociale réussie au sein des communautés, il faut préserver les espaces frontaliers. Et les résultats de nos travaux serviront de clés pour des prises de décision par les gouvernants.
Deux articles et trois fiches techniques sont déjà tirés de cette thèse ; d’autres seront encore publiés dans les jours, mois ou années à venir. C’est pourquoi des perspectives de recherches sont également prévues et s’effectueront au sein du Groupe de Recherche Développement sur les Migrations et Frontières en Afrique (GRD – MIFA) dont elle est membre (https://library.fes.de/pdf-files/bueros/benin/21062.pdf).