Ce mardi 18 octobre 2016, le Directeur des Etablissements Privés d’Enseignement Supérieur (Depes) s’est prononcé sur la polémique qui a fait suite à la publication de la liste provisoire des établissements privés d’enseignement supérieur jugés conformes au minimum des conditions exigées pour exercer au Bénin. Cette liste provisoire, au delà de tout ce qui se dit dans l’opinion a été publiée dans les règles de l’art, selon le professeur Dodji Amouzounvi. Une nouvelle liste sera rendue publique d’ici le 20 octobre 2016, donc demain jeudi. Les établissements ayant réactualisé leur liste et remplissant les conditions requises par les textes, seront retenus.
Le communiqué de madame la ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique ne souffre d’aucune incompréhension. C’est plutôt les promoteurs d’établissements privés d’enseignement supérieur qui auraient délibérément choisi de mal comprendre la démarche de madame Marie Odile Attanasso. C’est ce qu’on peut retenir des propos de l’interviewé. Le Depes explique dans cet entretien les critères qui ont servi de base à la commission d’étude des dossiers transmis au ministère par les promoteurs d’établissement privé d’enseignement supérieur. Il invite les étudiants au calme et à la sérénité et rassure les parents d’étudiants du rôle aussi important que joue le ministère en charge de l’enseignement supérieur afin de garantir aux apprenants, une meilleure qualité des enseignements dispensés dans ces universités sans oublier l’impact positif que peut avoir cela sur les conditions d’études.
Les 4 Vérités : Quels sont les critères retenus par la commission mise en place par madame la ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique ?
Professeur Dodji Amouzounvi : Cette année, lorsque le ministère a dit je vais publier la liste, il a été confronté à une certaine difficulté par exemple, l’inexistence des données à certains (parlant d’établissements privés d’enseignement supérieur). Les critères qui ont été retenus sont dans une logique d’accompagnement pédagogique. C’est le critère des ressources humaines. Ressources humaines en termes d’enseignants, ressources humaines en termes de dirigeants.
On n’a pas encore intégrer la question des infrastructures, la question des programmes, la question des conditions de vie et de travail qui sont autant de paramètre qu’il faut intégrer pour voir si l’établissement répond aux normes de qualité. Pourquoi, parce que vous savez, nous sommes dans un domaine dynamique. Lorsqu’on vous autorise et que vous évoluez, les changements peuvent apparaître. Il se trouve que certains établissements, lorsqu’ils ont l’autorisation, ils vont s’asseoir sur les lauriers ou bien, ils changent l’intérieur (le contenu) de tout ce sur la base de quoi on les a autorisé. Conclusion, il faut les accompagner au quotidien. C’est pourquoi le ministère a dit, je veillerai sur la qualité de nos universités. Et lorsqu’on a appliqué les dispositions réglementaires, légales du Bénin ; lorsqu’on a regardé les dispositions du CAMES (Conseil Africain et Malgache pour l’Enseignement Supérieur) si on doit appliquer la loi, tous les établissements d’enseignement supérieur vont fermer. Je prends un seul exemple, la loi dit au Bénin que pour fonctionner, vous devez avoir 60% d’enseignant permanent dans vos rangs. De vous à moi, est-ce que c’est possible ? On constate qu’aucun établissement ne peut fonctionner lorsqu’on va appliquer rigoureusement cette loi.
Le Cames dit dans le document qui porte cahier de charge ou l’ouverture des universités privées au nombre des dispositions : si vous recrutez quelqu’un qui a le Master comme enseignant chez vous, vous devrez vous assurez qu’il a au moins trois (3) ans d’expérience professionnelle. Si la personne n’a pas le Master et qu’il est en position pour les études, vous devez vous assurez qu’il a au moins dix ans d’expérience professionnelle avant d’être recruter. Au Bénin, en tenant compte de nos réalités, en tenant compte de ces deux textes, en tenant compte de la vision pédagogique, accompagnatrice de madame la ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, tout en étant fièrement et légitimement un établissement supérieur (c’est-à-dire en règle vis-à-vis des textes), on a mis en place une commission. La commission a travaillé sur les informations disponibles rendues par les intéressés. Le premier critère, la commission dit, lorsque je croise toutes les situations qu’il y a là, je mets la barre à ce niveau. Chaque établissement doit avoir parmi les enseignants, au moins 5% d’enseignants de rang universitaire. C’est-à-dire, professeur titulaire, professeur agrégé, maître de conférence pour donner le cachet universitaire à l’enseignement dispensé. En face, les professionnels qui sont des enseignants chez vous doivent être au moins 45%. Les deux réunis, on a la moitié (c’est dire les 50%) qui forme les apprenants. Et quand on a croisé ces informations, nous avons retenu dix (10) établissements qui remplissent ces conditions. Avant tout cela, la commission s’est rendu compte que certains promoteurs ont envoyés des anciennes listes. Si on s’en tient à ça, on n’aurait pas été accompagnateur comme nous le disons. Mais, nous avions dit, donnons leur une autre chance d’actualiser leur liste. Moi j’ai vu le nom des collègues sur des listes. Ces collègues sont déjà des maîtres de conférence c’est-à-dire des professeurs de rang A, mais les promoteurs ont envoyé comme grade Docteur donc, maître assistant. A ce niveau, il y a donc un problème dans l’actualisation des listes. Dans ces conditions, la rentrée étant pour le 20 (octobre 2016), l’obligation de publier la liste étant donc là. Mais, nous nous sommes dit, nous donnons un délai supplémentaire pour que ces gens là se rattrapent. Aussi, ceux qui n’ont pas envoyé du tout, quand ils auront le communiqué, ils vont se presser pour venir déposés. C’est dans cette logique que le communiqué est sorti (a été publié). Dans ce communiqué, on a dit ces établissements ont satisfait à un minimum de condition, les autres sont appelés à le faire. S’ils ne le font pas, ils seront suspendus. Est-ce qu’il y a une volonté de fermer un établissement ? Est-ce qu’il y a une volonté de discréditer un établissement ? Est-ce qu’on a dit que les autres établissements ne sont pas en règle ? Est-ce qu’on a même dit que nous allons suspendre ? On n’a rien dit de tout ça. Certains ont satisfaits à un minimum de condition, les autres sont invités d’ici le 20 (octobre 2016) à satisfaire aux mêmes conditions. Je voudrais dire la main sur le cœur, que la dérogation que madame la ministre a voulue donné aux promoteurs a été mal comprise, mal comprise volontairement. Volontairement parce que le communiqué est clair, le communiqué n’a jamais dit que ceux-ci sont en règle et ceux-ci ne sont pas en règle. Le communiqué n’a jamais dit que ceux-ci vont être fermés. Mais les commentaires sur le communiqué sont tendancieux. Le ministère ne fonctionne pas sur la base de commentaire, le ministère fonctionne sur la base des textes de loi et des écrits. Trouvez-moi un seul mot qui dit dans le communiqué publié par madame la ministre que ces établissements sont mauvais, les autres sont bons. On n’a pas dit ça. Maintenant, si on veut qu’on aille insinuer, nous sommes dans l’ordre des insinuations et moi je ne réponds pas aux insinuations. Je réponds de ce qui est écrit noir sur blanc. Donc, il y a une anticipation ; une dérogation par ce que ces gens sont censés savoir leur devoir vis-à-vis du ministère.
Nous considérons au ministère que cette réaction est malvenue et que maintenant qu’on s’est expliqué, il n’y a plus de raison. Il n’y a plus. Depuis que le communiqué est sorti, vous voyez dans mon bureau, il y a déjà plus de vingt (20) établissements qui sont venus déposer. J’attire donc leur attention sur le faite que la liste là doit être actualisée. Trop bon, trop couillon.
Est-ce qu’on peut dire aujourd’hui que le temps des polémiques soulevés par certains promoteurs suite à ce communiqué de madame la ministre est derrière nous ?
Oui, on peut le dire, je le dire haut et fort, ce temps est derrière nous parce que pas plus tard ce matin, (Ndlr mardi 18 octobre 2016), j’ai été reçu avec un promoteur d’établissement sur un plateau de télévision. Après ma première intervention, il a dit, « voilà ! C’est ce que nous voulons depuis longtemps. Si vous aviez accompagné ce communiqué d’explication et de justification, nous ne serions plus à cette étape ». Deuxième chose, j’estime que tout est derrière nous par ce qu’ils ont tous déposés pratiquement. Le reste, c’est annoncé pour le faire. Le jeudi, la liste définitive sera publiée.
Dites-nous monsieur le Directeur, est-ce que cette frustration des promoteurs d’établissement d’enseignement supérieur privé n’est pas due à la rupture avec le système qui existait ?
Je n’ose pas le dire, mais je suis sociologue et je sais qu’en matière de transformation, de changement social, toute innovation est en but à de la résistance. Les gens se posent la question de savoir et demain qu’est-ce qui va arriver et après demain qu’est-ce qui va arriver. Nous étions habitués à faire si, et brutalement on nous dit de faire ça et ces questionnement sont très justifiés.
Madame la ministre a rencontré les promoteurs. A plus d’une fois, nous avons fait des réunions, nous avons tenus des séances de sensibilisation. Elle a été très précise sur ces informations.
Quelles sont alors les réformes en cours pour assainir d’avantage ce milieu ?
Les grosses réformes à venir. Madame la ministre a dit, désormais, les inscriptions chez vous se feront en ligne sur une plateforme et je pourrai contrôler depuis le ministère dès le premier jour où les gens ont commencé par s’inscrire et je fermerai la plateforme le jour où nous allons convenir ensemble. Vous voyez ce que ça fait comme révolution ? Plus aucun promoteur ne peut prendre un étudiant en dehors de ce délai. Plus aucun promoteur ne peut sortir de son ordinateur ou… un relevé faux. Par ce que, lui il saura, le ministère aussi le saura. Aujourd’hui le système, tel qu’il est en place, ne permet pas au ministère d’être sûr à 100% que tout le monde est inscrit. Aussi, Il y aura des examens nationaux qu’on devrait faire en licence et en Master.
Formez vos étudiants, vous ne pouvez pas être juge et partie, le ministère organise les examens. Le ministère pour ce système de Co-signature, ne restera pas un beau matin pour recevoir des relevés. Il devient arbitre un peu comme cela se fait au BTS (Brevet de Technicien Supérieur) pour lever les discrédits qui pendant longtemps ont été jetés sur ces établissements. Je vous dis, il y a des établissements privés dont leurs étudiants réussissent à 98% lors des concours pendants que ceux qui sont formés dans d’autres publics n’ont pas ce pourcentage là. Signe que de bonnes choses se font dans ces universités là. Donc, on ne devrait pas paniquer.
Que dites-vous à l’endroit de l’opinion publique par rapport à tout cela ?
A l’endroit de l’opinion, je voudrais souhaiter de la tempérance, je voudrais souhaiter le corps chaud, la tête froide, je voudrais souhaiter de dépassionner les débats.
Il faudrait nécessairement que nous dépassionnons les débats pour pouvoir avancé. Que nous évitions l’amalgame. Jugeons sur pièce, posons les questions le plus simplement possibles et ayons la réponse.
Je voudrais calmer les étudiants, rassurer les parents d’étudiants. Le ministère est là pour l’intérêt général, pour accompagner le remarquable travail que font les promoteurs d’établissements privés d’enseignement supérieur avec un minimum de critère et de condition par ce que c’est son rôle. L’Etat, la force publique étant neutre, il n’y a pas de raison que quelqu’un dise, on a retourné la puissance publique contre moi. Même si ça se faisait, il y a des instances juridiques pour siffler ou séparer le bon grain de l’ivraie… Et là-dessus, madame la ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, n’oublions jamais, est une mère. En plus de la rigueur de la loi, en plus de la rigueur de faire ce qu’on doit faire le moment où on doit le faire et comment on doit le faire, a un cœur qui rejaillit sur toutes ses instructions pour que la chicotte qui est brandit ne s’abat pas sur l’enfant tant que l’enfant donne le meilleur gage de se corriger. Ou est-ce qu’on met toutes ces vertus de notre culture ? Le ministère fera en toute sérénité ce qui est à faire. Plus rien ne sera comme avant…