Sénégal : Une nouvelle arrestation pour offense à chef de l’État relance le débat sur une loi controversée

Afrique

Au Sénégal, l’arrestation le 24 juillet 2024 de l’opposant Amath Suzanne Camara, qui a tenu des propos critiques envers le président Bassirou Diomaye Faye, a relancé le débat sur le délit pour offense à chef de l’État, passible de cinq ans de prison. Explications.

Au Sénégal, c’est une nouvelle arrestation pour offense à chef de l’État, la troisième depuis l’arrivée au pouvoir le 2 avril dernier du jeune président Bassirou Diomaye Faye

Cette fois, il s’agit d’un cadre de l’Alliance pour la République (APR), ex-parti au pouvoir passé à l’opposition : Amath Suzanne Camara a été placé en garde à vue après avoir tenu des propos critiques vis-à-vis de l’actuel président, sur un média en ligne.

Les faits remontent au 23 juillet 2024 : sur la chaîne Seneweb, ce cadre de l’APR a affirmé lors d’une interview en wolof que le président Bassirou Diomaye Faye et son Premier ministre Ousmane Sonko ont menti pour accéder au pouvoir et qu’ils continuent de mentir.

Dès le lendemain, le procureur de la République s’est autosaisi de l’affaire. Amath Suzanne Camara a été interpellé et placé en garde à vue dans la soirée, en attendant son audience devant la justice.

Une loi controversée remise en cause lors des Assises nationales de la justice

Mais, déjà, l’arrestation fait réagir. Dans les rangs même des Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef), le parti au pouvoir de Bassirou Diomaye Faye et d’Ousmane Sonko et ex-formation d’opposition, des voix s’élèvent pour qualifier cette garde à vue d’excessive.

L’organisation de défense des droits humains Amnesty International, en tout cas, rappelle que lors des Assises nationales de la justice, l’une des recommandations au président de la République était de supprimer les peines privatives de liberté pour offense à chef de l’État.

Cet article de loi a été régulièrement accusé au Sénégal de servir à mettre des opposants en prison, puisque ce délit est passible de trois mois à cinq ans de prison ferme.

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