Santé : Une mauvaise nouvelle pour les consommateurs d’alcool

Santé & Culture

C’est la période des fêtes. Les boissons sont à l’honneur. Aux consommateurs d’alcool, une mauvaise nouvelle. L’alcool est néfaste pour le cerveau dès un verre par jour. Même légère, une consommation d’alcool n’est pas sans risque pour le cerveau, alerte une nouvelle étude. Les chercheurs ont pu constater que cette habitude provoque un rétrécissement du volume cérébral, un phénomène qui équivaut à un vieillissement naturel prématuré.

Malgré la joie que peut procurer un bon verre de vin, l’alcool est mauvais pour la santé… et pas seulement en grande quantité. Tel est le constat dressé par une étude qui confirme qu’outre les problèmes hépatiques, cardiovasculaires et les cancers, les troubles cognitifs font partie des risques liés à une consommation d’alcool, même modérée. Publiée dans Nature Communications celle-ci souligne que la consommation d’alcool, même à des niveaux que la plupart d’entre nous considéreraient comme modestes, quelques bières ou verres de vin par semaine, peut comporter des risques pour le cerveau en étant associée à des réductions du volume cérébral.

Les chercheurs ont mené une analyse des données de plus de 36 000 adultes et en sont arrivés à la conclusion que le fait de passer d’une à deux « unités » d’alcool par jour est lié à un rétrécissement de la matière cérébrale. Sans surprise, le lien se renforce à mesure que le niveau d’alcool augmente. Par exemple, chez les personnes de 50 ans, le fait de passer d’une unité d’alcool (environ une demi-bière) par jour à deux unités (une pinte de bière ou un verre de vin) fait « vieillir » le cerveau prématurément de deux années. Et ainsi de suite : passer de deux à trois unités d’alcool au même âge équivaut à vieillissement prématuré du cerveau de trois ans et demi.

« Plus vous buvez, plus cela empire »

Grâce aux données recueillies, les scientifiques ont eu accès au nombre d’unités d’alcool autodéclarées par chaque participant par semaine ou par mois, converties en unités par jour pour l’étude.

Les unités sont la façon dont le Royaume-Uni mesure la quantité d’alcool, sachant qu’en France une « unité d’alcool » est une quantité d’alcool qui représente 10g d’alcool pur (éthanol). L’équipe scientifique a également eu accès aux données IRM de chacun des participants, pour déterminer la taille du cerveau et analyser leur matière grise et matière blanche. Après avoir contrôlé des facteurs tels que l’âge, l’IMC et le sexe, l’équipe a découvert qu’il existait une association négative entre la consommation d’alcool et la structure cérébrale des participants.

Si l’ensemble du cerveau est concerné, les changements de volume les plus importants se sont produits dans trois zones précises : le tronc cérébral, le putamen et l’amygdale. En outre, passer de zéro à une unité d’alcool ne faisait pas beaucoup de différences dans le volume cérébral, mais passer d’une à deux ou de deux à trois unités par jour était associé à des réductions de matière grise et blanche. « Plus vous buvez, plus cela empire. », résume le Pr Remi Daviet, co-auteur de l’étude. Pour donner une idée de l’impact, les chercheurs ont comparé les réductions de la taille du cerveau liées à la consommation d’alcool à celles qui surviennent avec le vieillissement naturel grâce à un système de modélisation mathématique.

En France, pas plus de plus de 10 verres d’alcool par semaine

Leurs résultats ont montré que chaque unité d’alcool supplémentaire consommée par jour se traduisait par un effet de vieillissement toujours plus important dans le cerveau. Alors que le passage de zéro à une moyenne d’une unité d’alcool était associé à l’équivalent d’une demi-année de vieillissement, la différence entre zéro et quatre verres correspondait à plus de 10 ans de vieillissement. Dans les travaux futurs, les chercheurs espèrent exploiter plus de données et sur une plus grande période afin de déterminer le mécanisme en cause. « Nous pourrions ces effets au fil du temps et, avec la génétique, démêler les relations causales. », notent-ils.

En attendant, ces premiers résultats doivent d’ores et déjà amener les buveurs à reconsidérer leur consommation d’alcool. « Ainsi, un verre supplémentaire par jour pourrait avoir plus d’impact que n’importe lequel des verres précédents ce jour-là. Cela signifie que supprimer ce dernier verre pourrait avoir un effet en termes de vieillissement du cerveau. », estiment les chercheurs qui concluent de fait que « les personnes qui peuvent tirer le meilleur parti du fait de moins boire sont celles qui boivent déjà le plus. » A noter que même s’il n’y a pas de consommation d’alcool sans risque, un avis d’experts recommande de ne pas consommer plus de 10 verres d’alcool par semaine, dont pas plus de 2 verres par jour, valables pour les hommes et femmes.

A.B.

 

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