L’organisation des examens nationaux en Licence et Master continue de faire polémique. Cette reforme du Nouveau départ, diversement appréciée, a été le thème central de l’émission ‘’Ma part de vérité’’ du dimanche 4 juin 2017. Après avoir expliqué preuve à l’appui le revers de cette décision ministérielle, l’invité a présenté textes et décrets qui régissent le système LMD au Bénin et dans la sous région. Se basant aussi sur ses expériences en tant qu’expert Cames, Unesco, Ue, Moa, Afd, le promoteur du groupe Cerco a fait des propositions pertinentes pour une sortie de crise. En bon conciliateur, il prône le dialogue (ministère et promoteurs) afin de trouver la solution idoine.
Tout est désormais clair et précis. L’ADEPES (Association pour le développement de l’enseignement supérieur) du Dr Alain Capo Chichi, et le PEPES (patronat des établissements privés d’enseignement supérieur) que préside Marcelin Zannou, n’est pas dans une lutte avec le gouvernement de la rupture comme certains le font croire. C’est l’application des normes au plan national et international régissant le LMD que les deux associations de promoteurs d’établissements privés d’enseignement supérieurs défendent. Selon l’expert Alain Capo Chichi sur l’émission « Ma part de vérité » de Golf Tv dimanche dernier, l’organisation des examens nationaux de Licence et de Master telle annoncée par l’autorité ministérielle ne respecte aucun texte de la République ni aucune norme internationalement reconnue en la matière. L’autorité est dans « l’illégalité », dit-il. Sur « Ma part de vérité » « l’objectif de ma présence n’est pas de dire qu’on est pour ou contre le gouvernement. C’est de faire des analyses et déterminer ce qu’on peut faire pour améliorer l’enseignement supérieur au Bénin».
Les textes cités par le ministre pour prétendre organiser les examens nationaux en Licence et Master ont été abrogés par le décret 2012 et le décret N°2010-272 du 11 juin 2010 portant adoption du système LMD dans l’enseignement supérieur en république du Bénin.
Selon l’Expert auprès du CAMES, de l’UEMOA et de l’UNESCO, Dr Alain Capo Chichi, le système LMD est règlementé dans l’espace UEMOA, dont fait partie le Bénin, par la Directive N°03/2007/CM/UEMOA portant adoption du système Licence, Master, Doctorat (LMD).
Au terme de l’article 1er de cette Directive « Les Etats membres de l’UEMOA s’engagent à adopter le système Licence, Master, Doctorat (LMD) comme cadre de référence des diplômes délivrés dans les universités et établissements d’enseignement supérieur implantés sur le territoire de l’Union ».
Conformément à cette Directive, un Décret et Arrêté d’application ont été pris au Bénin, notamment le Décret n°2010-272 du 11 Juin 2010 portant adoption du système Licence, Master, Doctorat (LMD) dans l’Enseignement Supérieur en République du Bénin et l’Arrêté de 2012/710/MESRS/CAB/SGM/DGES/DEC/DEPES/SA portant organisation des diplômes de licence dans les établissements supérieurs du Bénin.
L’Arrêté 2012/710 énonce en son article 32 que : «Le Directeur Général de l’enseignement supérieur, les Recteurs et Présidents d’universités et les responsables des institutions d’enseignement supérieur des secteurs public et privé sont chargés, chacun en ce qui le concerne, de l’application du présent arrêté qui abroge toute dispositions antérieures contraires ». Or, le Ministère de l’Enseignement Supérieur a réchauffé aujourd’hui un Décret de 2008 qui, par excellence est contraire au système LMD et a été abrogé par le Décret de 2010.
Mieux, l’article 5 de ce Décret n°2010-272 du 11 Juin 2010 a expressément édicté que : « les programmes sont présentés sous forme d’offres de formation organisées en parcours-types de formation.
Ces programmes sont fixés par arrêté du ministre chargé de l’enseignement supérieur, après avis du conseil consultatif national de l’enseignement supérieur ».
Dans le cas d’espèce les établissements ont déjà leurs offres de formation et leur accréditation au CAMES.
Donc le Ministre de l’enseignement supérieur demande aux établissements de laisser leurs offres de formation, leur accréditation internationale pour faire composer leurs étudiants à un examen national dont ils ne maîtrisent pas le contenu des programmes, les épreuves retenues et délivrer un diplôme national qui ne sera reconnu nulle part.
Selon l’expert Capo Chichi, le Ministre, madame Marie-Odile ATTANASSO est encore plus dans l’illégalité lorsqu’elle laisse entendre aujourd’hui que le Licence équivaut à 180 crédits+Diplôme national ou, 190 crédits alors que la Directive de l’UEMOA sur le LMD dit clairement que : « le système LMD implique l’adoption par les Etats membres :
– d’une architecture des études supérieures, fondée principalement sur trois grades universitaires à savoir : la Licence (Baccalauréat + 3 ou 180 crédits), le Master (Baccalauréat + 5 ou 300 crédits) et le Doctorat (Baccalauréat + 8 ou 480 crédits) ;
– d’un découpage des périodes de formation en semestres de 30 crédits chacun ;
– d’une organisation des formations en parcours types et en unités d’enseignement ;
– d’un système de crédits capitalisables et transférables d’une institution d’enseignement supérieur à une autre sur l’étendue du territoire de l’Union ;
– de la délivrance d’un supplément au diplôme décrivant le parcours de l’apprenant ».
Pour l’Expert Alain CAPO CHICHI, le Bénin doit se conformer aux normes internationales et communautaires organisant le système LMD, car c’est l’avenir de tout le pays qui est en jeu, et non créer des règles qui vont mettre en péril la mobilité internationale, mieux l’avenir des jeunes étudiants.
Il ressort de ses analyses de l’expert Capo Chichi que la seule issue favorable et possible pour sortir de cette polémique, reste l’instauration d’un dialogue franc entre les patrons des établissements privés d’enseignement supérieur ( Adepes et Pepes) d’une part et le gouvernement en la personne du ministre chargé de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique. Textes et décrets en vigueur en la matière seront donc décortiqués à cette rencontre pour permettre à l’autorité ministérielle d’éviter les peaux de bananes que lui poseraient certains cadres. Ce faisant, cette réforme pourrait être autrement orientée pour le bonheur des étudiants qui ont tant souffert jusque là à cause de cette décision.
Enseignement supérieur dans les zones francophones, entre diplôme et compétence, quel choix opéré ?
A cette ère de la mondialisation ou du développement des Tics, ce n’est plus le contrôle des connaissances qui compte, c’est plutôt les compétences, c’est-à-dire ce que tu sais faire. C’est d’ailleurs la philosophie des concepteurs du système LMD. L’expert Alain Capo Chichi explique qu’aujourd’hui, le diplôme ne compte plus ; le mythe des diplômes doit être enlevé de la tête des jeunes afin de les aider à éclore leur compétence dans les domaines appropriés. La compétence et le savoir-faire des jeunes doivent être donc la priorité des dirigeants et non la question des diplômes. « Le diplôme c’est un document. Ce qui doit être, c’est la compétence » a –t-il souhaité. « L’examen (annoncé par madame le ministre), doit être rattaché aux unités d’enseignement programmés dans le semestre et non organisé hors du semestre » , a-t-il suggéré. Il faut donc que cet examen national qui fait polémique soit intégré aux crédits constitutifs des semestres conduisant à l’obtention des diplômes concernés (Licence, Master). Autre chose, les étudiants ont démarré cette année avant d’être informés de l’examen national. « Même si la vision du gouvernement reste la qualité, ce n’est pas en procédant par un examen national en Licence et en Master que ses objectifs peuvent être atteints. La qualité ne se décrète pas, la qualité se construit. Ce n’est pas le ministère qui décrète quelque chose dans un document. Son rôle c’est d’accompagner pour que vous (établissements d’enseignement supérieur) devenez meilleur et non de sanctionner » a expliqué Alain Capo Chichi. Aussi, selon ces dires, si l’idée d’organiser ces examens nationaux est de mettre fin aux faux diplômes, elle (l’idée) reste une mauvaise décision, dit-t-il. « Aujourd’hui avec l’informatique, quelqu’un peut rester chez lui et se faire délivrer un diplôme, c’est donc un phénomène international », argumente-t-il pour fermer ce chapitre.Il revient au gouvernement de dialoguer avec les promoteurs d’établissements privé d’enseignement supérieur afin que des solutions idoines soient trouvées.