La dissolution n’en finit pas de provoquer des critiques contre Emmanuel Macron. Le chef de l’État doit assumer la déflagration provoquée par sa décision, à la fois auprès des Français et de son camp. Emmanuel Macron continue à assumer mais avec de plus en plus de difficultés.
Le président l’a redit ce mardi à l’occasion d’un déplacement sur l’Île de Sein pour la commémoration de l’appel du 18 juin : dissoudre l’Assemblée nationale c’était « la solution la plus lourde, la plus grave » mais aussi « la plus responsable ». Pas question pour le chef de l’État de manifester un regret ou de reconnaitre une erreur. Au contraire à l’entendre, « sans dissolution, cela aurait été la chienlit ».
Mais si dix jours après son annonce choc. Emmanuel Macron est encore obligé de se justifier, c’est qu’il y a une raison. Cette dissolution est en train de lui exploser à la figure, à tel point que dans son camp, on juge contre-productif qu’il s’implique dans la campagne. Les plus hauts responsables de la majorité lui ont fait passer le message très vite. Un ex-député Renaissance résume la situation en une phrase : « On ne peut pas être celui qui dissout et celui qui dit : « Votez pour moi ». » Il poursuit en expliquant comment se manifeste l’effet repoussoir du président : le signe le plus révélateur, c’est que sur les tracts de campagne, la question de mettre la photo d’Emmanuel Macron ne se pose même pas, personne n’en veut.
Ce sont des élections législatives, pas une élection présidentielle. Ce n’est pas un référendum pour ou contre le président de la République. C’est le choix d’un gouvernement. Je suis prêt, je suis clair et je suis libre.
Des conséquences lourdes pour le président
Au-delà du mécontentement exprimé par les Français contre Emmanuel Macron, comme le racontent les candidats Renaissance en campagne dont on mesurera l’importance lors du scrutin, c’est au sein même de la majorité qu’il va y avoir des conséquences politiques pour le président. Sacrifiés sans avoir été prévenus, les députés sortants sont remontés comme des pendules.
Ceux qui seront réélus considèrent qu’ils l’auront été cette fois-ci sur leur nom, pas grâce à Emmanuel Macron comme cela avait été le cas lors des précédentes élections législatives. Un candidat raconte que c’en est fini du côté « divin » du chef de l’État. Désormais, les députés de ce qu’il restera de la majorité seront plus « émancipés » par rapport au président. Il prévoit une évolution du groupe dans le sens de ce qui s’est passé chez Les Républicains après la défaite de Valérie Pécresse en 2022, souvent décrit comme un groupe « d’auto-entrepreneurs ».
Emmanuel Macron a du mal à entendre le message
C’est ce que disent ceux qui lui ont parlé. Une responsable de Renaissance estime qu’il n’a pas « conscience du rejet » dont il fait l’objet et du risque de défaite lourde aux législatives. D’ailleurs, malgré les mises en garde sur son implication dans la campagne, le chef de l’État n’a pas pu se retenir hier mardi sur l’Île de Sein d’y faire une incursion pour tacler ses adversaires, le Rassemblement national bien sûr mais aussi le Nouveau Front populaire qui réunit les partis de gauche et représente un danger pour la majorité : « De l’autre côté, à l’extrême gauche, c’est quatre fois pire en termes de coût. Il n’y a plus de laïcité, ils reviennent sur les lois d’immigration qu’on a faites, qui permettent de réguler et qu’on doit maintenant mettre en œuvre. Il y a des choses complètement ubuesques comme aller changer de sexe en mairie. »
Immédiatement, cette déclaration sur le changement de sexe lui a valu des critiques de la part de la gauche. Jean-Luc Mélenchon a qualifié ces propos d’ « indignes » et des associations LGBT+ ont dit qu’elles étaient « choquées au vu du contexte actuel de transphobie ». Même dans son camp, l’ancien ministre Clément Beaune a pris ses distances, appelant « à rejeter toute stigmatisation dans le discours politique ». Des protestations qui ont obligé l’Élysée à déminer, rappelant le bilan « sociétal » du président.
Encore une polémique au plus mauvais moment qui pose une question : quelle conclusion en tirera Emmanuel Macron ?