Quel pays dans le monde affiche le plus faible taux de naissances ? C’est la Corée du Sud à laquelle revient à nouveau le palmarès. L’effondrement des naissances se poursuit, avec seulement 230 000 nouveau-nés en 2023, soit 7,7% de moins par rapport à l’année précédente. Mais la Corée du sud est loin d’être le seul pays en Asie à être confronté à cet effondrement de la natalité.
La chute du nombre de naissances est vertigineuse, mais tout sauf récente en Corée du Sud. En 2018, le pays était devenu le premier membre de l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) à afficher un taux de natalité inférieure à un enfant par femme. Nulle part ailleurs dans le monde, les femmes ont aussi peu envie de faire des bébés.
Les nouvelles données publiées mercredi, 28 février, par l’organisme public des statistiques confirment cette tendance déjà bien ancrée. L’an dernier, le taux de natalité était en moyenne de seulement 0,72 enfants par femme. C’est le taux le plus bas depuis 1970. Or, pour maintenir la population à son niveau actuel de 51 millions d’individus, il faudrait trois fois plus de naissances.
Si rien ne change, la Corée du Sud perdra quasiment la moitié de sa population pour atteindre 26,9 millions d’habitants en 2100, selon l’université de Washington à Seattle, aux États-Unis. Les experts n’hésitent plus à parler de risque d’ « extinction nationale ».
Près de 250 milliards d’euros d’aides n’ont pas inversé la tendance
Comment expliquer que les couples sud-coréens fassent de moins en moins de bébés ? Les coûts élevés liés à l’éducation des enfants, les prix très élevés de l’immobilier, une culture d’entreprise rigide et compétitive et une tradition sud-coréenne qui veut que l’on soit marié avant de fonder une famille font partie des facteurs qui contribuent à cet effondrement démographique.
Conscient du déclin de sa population, les gouvernements successifs tentent depuis des décennies d’enrayer le phénomène. En vain. Près de 250 milliards d’euros attribués aux familles depuis 2006 n’ont pas réussi à faire rebondir le taux de fécondité. Que ce soient les aides au logement ou la gratuité des services hospitaliers, rien ne semble pouvoir convaincre les couples de faire plus d’enfants.
Le sujet risque d’ailleurs de s’inviter dans la campagne électorale pour les législatives prévues en avril prochain : certains hommes politiques n’hésitent plus à parler d’« urgence nationale », et les promesses des principaux partis vont bon train, allant de la proposition d’augmenter le nombre de logements sociaux jusqu’à l’octroi de crédits.
La Corée du Sud, un cas loin d’être isolé en Asie
La Corée du Sud est loin d’être le seul pays asiatique à être confronté au déclin des naissances : le Japon, la Chine et Taïwan sont confrontés au même phénomène. Le taux de fécondité au Japon a reculé à 1,26 enfants par femme en moyenne en 2022, tandis que la Chine continentale affiche un taux de 1,09. Seul Taïwan souffre d’une natalité encore plus faible, avec en moyenne 0,87 enfants par femme en 2022. Le nombre de naissances y a baissé de 30% l’an dernier par rapport à 2017. Même un taux de fécondité bien plus important en Inde, en Indonésie, au Pakistan et au Bangladesh n’inversera pas la tendance : l’Asie est en train de vieillir.
En Chine, au Japon, et à Taïwan, les naissances aussi en chute libre
En Chine, aucune campagne nataliste n’a pu changer la donne depuis l’abandon de la politique de l’enfant unique en 2015. L’année dernière, la population a encore baissé, et le pays a enregistré le taux de natalité le plus bas depuis la publication des premières statistiques en 1949, avec 6,39 naissances pour 1000 personnes, contre 6,77 l’année en 2022.
Pareil au Japon, où le nombre de naissances a chuté pour la huitième année consécutive en 2023 : avec 758 631 nouveau-nés, leur nombre a baissé de 5,1%. Selon les estimations de l’Institut national de recherche sur la population et la sécurité nationale, la population japonaise devrait diminuer d’environ 30% pour atteindre 87 millions d’habitants en 2070. Quatre personnes sur dix seraient alors âgées de 65 ans ou plus. Le Premier ministre Fumio Kishida, qui estime qu’il s’agit là de la « crise la plus grave à laquelle notre pays est confronté » et qui « menacera bientôt le bon fonctionnement de la société », mise sur une série de mesures censées soutenir les couples en âge de procréer.
Mais tout comme en Corée du Sud, en Chine ou encore à Taïwan, rien ne prouve jusqu’à présent que ces politiques visant à encourager les naissances aient le moindre effet.