Angelo Becciu, l’un des plus hauts responsables de la curie romaine, est privé, entre autres, de son droit de vote au conclave qui élira le prochain pape. Aucune raison n’a été donnée.
Un communiqué inusité a secoué le Vatican à une heure elle aussi inusitée, jeudi 24 septembre à 19 h 59. Un addendum au « bollettino », qui diffuse chaque jour à midi les nominations et les démissions au sein de la haute hiérarchie catholique mondiale, a annoncé que le pape François « a accepté la renonciation à sa charge de préfet [chef] de la Congrégation de la cause des saints et aux droits liés au cardinalat présentée par son éminence le cardinal Giovanni Angelo Becciu ».
Le cardinal Becciu, l’un des plus hauts responsables de la curie romaine et un homme d’influence, est de fait privé, entre autres, de son droit de vote au conclave qui élira le prochain chef de l’Eglise catholique. Il ne pourra plus, semble-t-il, être membre d’un dicastère, un département de la curie romaine.
Aucune raison n’est mentionnée dans le bulletin pour expliquer cette démission surprise, au plus haut niveau de l’administration de l’Eglise catholique, d’un homme puissant qui n’a pas encore atteint l’âge de la retraite canonique (75 ans), puisqu’il n’a que 72 ans. Pourtant, le rôle de cette éminence rouge et grise dans des investissements douteux à Londres, en 2012, ayant peut-être donné lieu à des malversations, est aussitôt revenu au premier rang des motivations possibles, voire probables, de cette disgrâce aussi inattendue que spectaculaire.
Une transaction immobilière jugée suspecte
Pour comprendre la dimension de cette affaire, il faut revenir sur la carrière du cardinal Becciu. Cet Italien avait été nommé par Benoît XVI, en 2011, substitut de la secrétairerie d’Etat, c’est-à-dire numéro deux du département le plus puissant du gouvernement romain, qui dirige à la fois la diplomatie vaticane et la gestion de l’Eglise catholique par le pape. Le substitut dirige la « première section », celles des affaires générales. A ce titre, il est l’un des plus proches collaborateurs du pontife romain. Il l’assiste pour ses interventions et ses rendez-vous, ses nominations et sa correspondance et il a un accès sans filtre au pape.
Angelo Becciu est resté à ce poste jusqu’en juin 2018, époque à laquelle François l’a créé cardinal et nommé à la tête de la congrégation chargée d’instruire les dossiers des futurs saints et bienheureux de l’Eglise. Il est de la génération choisie par Angelo Sodano, le puissant numéro deux du Vatican sous Jean Paul II, qui l’avait consacré évêque en 2001. Angelo Becciu avait su se rendre indispensable sous les deux derniers pontificats.
Source: Le Monde.fr