Un citoyen salue « le pas de géant fait par le Président Patrice Talon. Il affirme ensuite : « je prends le risque de croire que la réforme est restée superficielle et fait des suggestions pour parfaire la réforme car dit-il ; « un pas décisif est fait et mérite d’être accompagné, mais l’essentiel n’est pas encore fait et il faut nécessairement le faire pour parfaire le travail et ce sera à l’actif de la rupture ». Opinion.
Tout en saluant le pas de géant fait par le Président Patrice Talon, je prends le risque de croire que la réforme est restée superficielle.
Depuis 1990 où les textes de la décentralisation ont été élaborés juste au lendemain de la conférence nationale, ce mardi 21 septembre 2021, grâce à la perspicacité hors pairs du réformiste Patrice Talon qui ne laisse nulle place où la main ne passe et repasse; un nouveau projet visant la réforme de la décentralisation béninoise est exposé aux maires et fait d’ailleurs le tour des réseaux sociaux depuis cet après-midi.
Si personnellement et sincèrement, je loue l’effort intellectuel et la volonté ostentatoire qui ont engendré ce projet qui permettra désormais aux Chefs d’Arrondissement d’avoir des Secrétaires d’Arrondissement capables de faire des Procès-verbaux; un projet qui obligera désormais les maires à opter pour la compétente plutôt qu’aux calculs politiques dans leur gouvernance; autant de choses que je ne vais d’ailleurs pas me cacher pour applaudir, permettez-moi cependant d’affirmer que je juge ma foi cette réforme superficielle.
Elle est superficielle dès lors qu’elle n’a pas constaté qu’il faut envisager l’élection des maires au suffrage universel direct.
Le fait d’avoir un conseil communal auquel le maire doit offrir de motos ou véhicules, garantir des frais de communication et de déplacement trimestriellement est un frein au développement local sinon une lourde charge qui ne permet pas aux maires de répondre aux aspirations de leurs populations.
Si la réforme ne va pas dans ce sens, ce n’est donc pas la peine d’y penser.
Mieux, je dis que la réforme est restée superficielle parce qu’elle rend plus fort, le secrétaire exécutif communal dont le mandat dépasse d’ailleurs celui du maire.
Lors des élections, c’est le maire qui va au contact des populations et c’est lui qui prend des engagements vis-à-vis de ses populations. À la fin de son mandat, c’est encore lui qui fera le bilan de sa gouvernance.
Mais voilà qu’avec la réforme, non seulement le maire n’a plus assez de marge de manœuvre dans l’élaboration des budgets; l’étape où il devra planifier ses projets de développement, mais il est également presque observateur d’un technocrate qui n’a aucun engagement avec la base.
Tout porte à croire que les maires ne sont plus importants dans cette réforme et cela me semble une nouvelle forme de concentration du pouvoir.
Pour être plus précis, la réforme du secteur de la décentralisation pour moi, devrait renforcer la démocratie à la base.
Et pour le faire, il faut renforcer le droit à l’information des citoyens à la base en obligeant les maires à faire la déclaration des biens à leurs prises de fonction et à la fin de leurs mandats.
Il faut aussi limiter le nombre de mandats des maires pour que d’autres ne prennent pas leurs fauteuils comme un héritage. Il faut obliger les maires à travailler plus efficacement avec les OSC et bien d’autres idées.
À l’étape actuelle, je dis avec force qu’un pas décisif est fait et mérite d’être accompagné, mais l’essentiel n’est pas encore fait et il faut nécessairement le faire pour parfaire le travail et ce sera à l’actif de la rupture.
En tout cas, j’exhorte avec force, la représentation nationale à statuer dans ce sens et c’est le Bénin qui en sortirait grand et plus fort. Surtout, n’oubliez pas d’envisager la suppression du poste des préfets surtout le préfet du département de Littoral qui devient pratiquement le maire de Cotonou avec des conflits d’attribution. Le développement, ça y est!
Par Pascal Sègbégnon MITOWADE ( Opinion)