La rédaction de magazine « L’Autre Afrique », à travers son Directeur de publication Romuald Boko et son Directeur de rédaction François Charles, a analysé pour vous les dessous de l’administration Trump.
Depuis des années, des décennies, le système électoral étatsunien, bipartite, est complètement bloqué et à l’opposé de toute conception démocratique. Puisque non prises en charge par l’état, ces parodies sont uniquement dominées et déterminées par l’argent.
Les deux candidats doivent eux-mêmes financer les dépenses monumentales liées à leurs campagnes et commencent alors les marathons auprès des grandes fortunes, des milliardaires les plus en vue, du grand business et des grandes entreprises.
En définitive, dans de telles conditions, et quel qu’il soit, c’est toujours le candidat des grosses fortunes qui gagne.
Trump, président milliardaire pour milliardaires
Au moment d’entrer dans la course à l’investiture qui était donc Donald Trump ? Qu’on se souvienne. Hormis ses activités, ni remarquables ni performantes, dans les affaires familiales et celles plus marquantes, dans des émissions de télévision de deuxième catégorie, ajoutées à quelques incartades dans la conduite de sa vie personnelle, on peut dire que, pour ne s’y être jamais aventuré, il était inconnu sur le terrain politique.
D’aucuns ont pu noter à raison que, sur la ligne de départ, concourant à l’investiture du parti républicain, le personnage ne portait même pas la ligne politique traditionnelle de ce parti.
En effet, on ne le voit pas, par exemple, défendre le désengagement de l’état, axe central s’il en est, des revendications républicaines, ni recommander l’effacement du gouvernement façon T-party, obsession récurrente, elle aussi, des républicains.
Le Trump qu’on voit ainsi se lancer dans la course, et qui commence à grignoter des appuis dans le parti, est déjà tout à fait porteur d’un programme à caractère populiste: L’Amérique d’abord, le retour à l’Amérique, celle des Pionniers, de l’Amérique des « mecs », du colt à la ceinture et des rodéos… slogans lancés à grands fracas, session électorale oblige vers une Amérique blanche « déboussolée » et surtout appauvrie. Alors que, pendant ce temps, dans les coulisses des banques et des grandes entreprises, le « candidat Trump » s’efforçait de rassurer les vrais décideurs qu’il serait lui, peut-être parce qu’un des leurs, leur meilleur serviteur.
Quatre années très pro capitalistes
Par delà les rodomontades d’estrade destinées à flatter ceux qui allaient faire le résultat, celles et ceux qui pouvaient le conduire à la Maison blanche, Trump réussissait aussi, et surtout, à convaincre les entrepreneurs et les grosses fortunes, ceux qui, depuis des décennies, font à chaque fois les gagnants des élections.
Les électeurs d’un côté, les payeurs de l’autre tel est le duo gagnant, la machine était lancée et, contre toute attente des « observateurs » professionnels, des sondages et des politologues « avisés », Trump se retrouvait élu président des Etats unis d’Amérique !
Les milliardaires avaient ainsi le candidat qu’ils attendaient et qu’ils avaient choisi et, le moins qu’on puisse dire est que, vite au travail, il a montré qu’il tenait ses promesses.
En effet, les baisses d’impôts pour les plus grandes entreprises et pour les plus riches ont été immédiates !
Dans le même temps, la nouvelle administration mettait à mal les agences de régulation. Autrement dit, tout ce qui permet de préserver les mesures en faveur de la santé, de l’éducation, en faveur de la sécurité au travail des employés.
Au plan de la Nation, de l’intérêt général et de l’écologie, son administration s’empressait à autoriser les terres fédérales aux grands groupes financiers tout en mettant un terme aux restrictions de pollution, tant de la terre, de l’air que de l’eau !
Il l’avait annoncé, il l’avait dit : tout, d’un coup est devenu « open » aux plus forts et aux prédateurs de tout poil.
La raison pour laquelle ils avaient dépensé tant d’argent pour le mettre là, à la Maison blanche, c’était le retour sur investissement et très vite, celui-ci s’avérait très payant.
En même temps, Trump, à son image, refaçonnait le personnel dans les cabinets, à la Maison blanche et aussi et surtout dans les administrations.
C’est ainsi que, durant ce mandat, et après approbation du congrès, ont été nommés deux cent juges fédéraux, de la droite radicale s’entend….Sans compter les nominations de personnages de la droite extrême, évangéliste, à la cour suprême.
Dans les administrations comme dans l’électorat, après Trump, le trumpisme durera.
Le boulot terminé, il doit partir !
Mais, président ou pas des Etats unis, les embellies personnelles n’ont qu’un temps et quant à Trump lui-même, concernant son non-départ en cas de défaite, n’ont cru à ses déclarations fracassantes que les naïfs ou ceux qui feignaient de les croire. Ca ne se passe pas comme ça dans la première puissance du monde, les coups d’état sont réservés aux pays dominés !
Les choses étaient claires et les règles du jeu connues de tous : Il avait promis, ils l’avaient fait élire. il avait fait le boulot, il l’avait bien fait. La partie terminée, ils ne le voulaient plus. « Qu’il parte ! »
C’est ainsi et pas autrement que vont les choses dans le plus puissant des pays capitalistes du monde.
Il n’est qu’à voir, pour ces élections de 2020, comment se sont réparties les sommes versées aux deux candidats. Forbes, le journal américain spécialiste des grandes entreprises et des grosses fortunes, rapporte dès le mois d’octobre, que 101 milliardaires finançaient la campagne de Trump contre 186 pour Biden ! Les jeux étaient faits, les choix avaient changé.
Les milliardaires, les grands groupes et les gros mastodontes, ayant engrangé ce qu’ils attendaient, ne voulaient plus s’embarrasser d’un Olybrius, parfois inattendu, et préféraient faire poursuivre le travail entamé par un autre, plus sûr.
Qui mieux, pour ce poste, que ce Jo Biden, blanchi sous le harnais de cinquante années de politique politicienne au service de toutes les administrations successives ?
Pouvait alors, éventuellement, se poser la question de savoir si son parti allait emboîter le pas du refus du résultat, de la contestation juridique et politique. Avec la réaction immédiate et négative du vice président du parti, Mike Pence, on a tout de suite vu que tel ne serait pas le cas. Idem pour ce qui concerne les médias avec l’attitude conciliatrice de la chaîne Fox news.
Ainsi était scellé le sort de la marionnette Trump, après quatre années de bons et loyaux services à servir le capitalisme américain.
Il aura tout loisir, désormais, de réfléchir à pareille « ingratitude ».
Mais Trump n’a pas fait la guerre…
Malgré ses ires et délires,
En dépit de ses dérives et déviances,
Malgré ses crises et folies,
Trump semble déjouer à tout point de vue les pronostics d’un président guerrier et d’un homme cognitivement limité.
Beaucoup de médias et d’hommes avertis avaient prédit la troisième guerre mondiale.
Ces pitreries quotidiennes aux allures colériques et egocentriques, ces violences incontrôlées et inquiétantes ont fait douter le monde d’un monde pacifique sous la présidence Trump.
Mais Trump sait quand il faut s’arrêter dans ses rapports de forces. Que ne fut la surprise du monde entier lors de sa rencontre impromptue avec Kim Jong-Un, premier pas d’un président américain en Corée du Nord ? quelle ne fut aussi la surprise de sa décision très récente de renoncer in extremis à des frappes militaires «?disproportionnées??» contre l’Iran ?
Somme toute, Trump semble appliquer la stratégie qui consiste à gagner la guerre sans livrer bataille à travers son impulsivité, sa paranoïa, ses menaces…
Romuald Boko & François Charles