Crise entre le Bénin et le Niger : Tiani n’a pas reçu l’émissaire du président Talon

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Le ministre béninois des Mines s’est rendu à Niamey, en début de semaine, pour une visite de travail de deux jours afin de trouver « une porte de sortie » sur l’exportation du pétrole nigérien via le littoral béninois. A Niamey lundi et mardi, Samou Seïdou Adambi, était également « porteur d’un message » du président Patrice Talon au général Abdourahamane Tiani, à la tête du Niger depuis le coup d’Etat intervenu en juillet dernier. Ce dernier « n’a pas voulu (le) recevoir », a déclaré le ministre mercredi soir lors d’un point presse à Cotonou.

Le ministre béninois de l’Énergie et des Mines Seïdou Adambi était aussi porteur d’un message du président béninois Patrice Talon. Il n’a pas pu délivrer le message parce que le Président nigérien n’a pas pu le rencontrer.

« J’étais porteur d’un message du Président Patrice Talon à son homologue frère nigérien. Le général Tiani Abdourahamane il n’a pas pu me recevoir », a confié le ministre Seïdou Adambi à sa descente d’avion dans l’après-midi de ce mercredi 29 mai. Il ajoute : « Ce n’est pas à moi d’apprécier. C’est au chef de l’État d’apprécier. Je lui rendrai compte donc de ce qui a été fait ».

Deux points essentiels étaient inscrits à l’ordre du jour du déplacement du ministre béninois à Niamey. D’abord, le passage transfrontalier terrestre du matériel, du personnel, des équipements pour le bon fonctionnement du pipeline. Selon le ministre, chaque délégation est chargée de rendre compte à sa hiérarchie pour la décision à prendre. « Il a été demandé à la partie nigérienne de soumettre au plus haut niveau afin qu’une solution soit trouvée dans les meilleurs délais », informe le ministre béninois.

Le ministre béninois des mines et de l’énergie Samou Adambi

« Le second sujet est la coordination des activités d’enlèvement et de chargement des navires à la plateforme de Sèmè », a ajouté le ministre des Mines.

Le Niger a inauguré en novembre un oléoduc géant qui doit permettre l’acheminement jusqu’au Bénin du pétrole brut extrait du gisement d’Agadem (sud-est) par la China National Petroleum Corporation (CNPC), une société pétrolière appartenant à l’Etat chinois.

Mais le premier chargement de pétrole nigérien au port de Sèmè Kpodji n’a eu lieu que le 19 mai. Il avait été suspendu d’abord à cause de la fermeture des frontières entre le Niger et ses voisins après les sanctions imposées à Niamey par l’organisation ouest-africaine Cedeao, à la suite du coup d’État qui a renversé le président Mohamed Bazoum en juillet 2023.

Le refus du Niger de rouvrir sa frontière avec le Bénin malgré l’annonce de la fin des sanctions en février a ensuite empêché que le pétrole ne transite par le Bénin. Il a fallu la médiation de la société chinoise Wapco, partenaire du Bénin et du Niger, pour la gestion de l’oléoduc, pour convaincre les deux parties de lancer le premier chargement.

Mais le président béninois Patrice Talon avait laissé entendre mi-mai que les chargements suivants ne se feraient que si le Niger rouvrait complètement sa frontière avec le Bénin, ce qui n’est toujours pas le cas. La rencontre du ministre des Mines du Bénin avec son homologue nigérien s’est faite encore une fois à la demande du partenaire Wapco, que le ministre a jugé « déboussolé, découragé au terme de notre réunion car ne sachant pas quelle est la porte de sortie ».

A l’issue des deux jours de réunion, aucune solution ne semble avoir émergé. Au sujet de l’ouverture côté nigérien de la frontière terrestre, « il a été dit à la partie nigérienne de soumettre le problème au plus haut niveau avec une solution à trouver dans les meilleurs délais possibles », a expliqué le ministre béninois.

« Le Bénin va continuer à jouer son rôle dans les relations bilatérales » avec le Niger « mais aussi dans les obligations qui sont les nôtres dans le projet de pipeline », a-t-il conclu.

E.A.T.

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