Présumée présence de bases militaires françaises, achat de drones… : Tiani accuse à nouveau le Bénin, la France et le Nigéria

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(De nouvelles accusations sans preuve du général ?)

Au Niger, depuis son arrivée au pouvoir par un coup d’État en août 2023, le général Abdourahamane Tiani n’a de cesse orienté sa communication sur des informations non encore vérifiées contre notamment la France et ses voisins le Nigéria puis le Bénin. A plusieurs reprises déjà, il a fait cas d’une présence présumée de bases militaires françaises au Bénin, pays qui serait de connivence avec la France, selon Tiani. Il accuse aussi le Nigéria. Des observateurs se demandent si ce n’est pas une stratégie de la désinformation pour occuper la population. Et pendant ce temps, c’est les populations qui souffrent le martyr.

Lors d’un entretien diffusé mercredi 25 décembre sur « Télé Sahel », le général Abdourahamane Tiani revient à nouveau à la charge et accuse : « La France continue de nous traiter sous le prisme colonial. Nous refusons cela. Le Niger est un pays souverain, et nous ne plierons plus devant les pressions extérieures. »

Tiani accuse également les autorités béninoises d’être de mèche avec Paris. Il avance l’acquisition de plusieurs dizaines de drones par le Bénin invitant les autorités béninoises à répondre du sort réservé à ces appareils. « Au Bénin, le ministre de l’Intérieur devrait répondre à la question posée en fin septembre concernant la commande de plus de 100 drones lancés à travers un autre canal national », accuse Tiani. « Ces drones, de type DJI Matrix, disposent d’une portée de 1200 à 1500 m et peuvent couvrir de 15 à 30 km selon le signal. Ils sont équipés d’une vision nocturne et ont été distribués à des terroristes présents à Sokoto, Zamfara, Kebbi, et dans le parc W, en collaboration avec les forces spéciales françaises », faire croire le général Tiani lors de sa sortie médiatique mercredi.

Tiani accuse aussi le Nigéria

Le général parle aussi de l’existence présumée d’une base militaire française dans l’État de Borno, au Nigeria, sous l’égide d’une mystérieuse société dénommée CANADA. Il fait croire que les forces françaises opéreraient dans des zones telles que Kurnawa, Kangarwa et Dogon Chikun.

Quelle est la réalité sur le terrain ? 

Selon des observateurs, ces régions que cite le général Tiani sont connues pour être contrôlées par des groupes terroristes tels que l’ISWAP (Islamic State West Africa Province) et Boko Haram. C’est ainsi que depuis des années, ces factions qui sont en réalité rivales s’affrontent pour le contrôle de ces territoires, semant derechef la terreur parmi les populations locales. Des forces françaises, ou toute autre force étrangère, opèrent-elles dans ces zones ? Aucune preuve n’est avancée.

Les autorités nigérianes rejettent les accusations du Niger

La réaction des autorités locales et des responsables fédéraux nigérians n’a pas tardé après les accusations du Niger. Elles ne confirment pas l’établissement d’une quelconque base militaire française à Borno. Quelle crédibilité donner alors aux propos de Tiani ?

Après l’attaque sur l’oléoduc Niger-Bénin, survenue le 13 décembre 2024 dans la région de Dosso, la junte nigérienne a accusé le Nigéria, des accusations selon lesquelles le groupe terroriste Lakurawa, avec le soutien présumé des forces de sécurité nigérianes et d’autres entités étrangères, serait responsable de ladite attaque.

Le 21 décembre dernier, le gouvernement du Nigeria avait rejeté ces accusations portées par la junte nigérienne, selon lesquelles le groupe terroriste Lakurawa, avec le soutien présumé des forces de sécurité nigérianes et d’autres entités étrangères, serait responsable de Des accusations simplistes : 

Tiani attribue le recrutement terroriste dans les zones de Monguno et de Baga à la complicité des autorités nigérianes et à une intervention française. Selon des explications, ces régions sont plutôt en proie à une extrême pauvreté et à l’absence de structures étatiques solides, des facteurs que les groupes armés exploitent pour recruter.

La stratégie Tiani ?

Le discours anti-français du général Tiani prend un tour de plus en plus virulent à mesure que la situation sécuritaire du Niger s’aggrave. En 2024, près de 1.500 Nigériens ont perdu la vie dans des attaques terroristes. Pour la population, la peur dans le ventre, la junte a échoué à sécuriser le pays.  Tout comme son homologue burkinabè Ibrahim Traoré, Tiani utilise la désinformation et les accusations contre des puissances étrangères et ses voisins notamment la Côte d’Ivoire et le Bénin pour détourner l’attention des échecs internes de son régime. Tiani compromet les opportunités de collaboration qui pourraient réellement bénéficier à son pays. Et pendant ce temps, les populations du Niger et du Bénin souffrent pour la traversée du fleuve Niger, la frontière étant toujours fermée.

E.A.T.

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