The Atlantic publie le plan d’attaque militaire américain partagé par erreur avec son rédacteur en chef

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Dans un nouvel article, le magazine américain The Atlantic a publié ce mercredi 26 mars le plan de frappes menées par l’armée américaine contre les Houthis au Yémen. Son rédacteur en chef avait été ajouté par erreur à un groupe sur la messagerie Signal entre hauts responsables, mais l’administration Trump a nié catégoriquement que les informations contenues dans les messages sont classifiées, et donc protégées par le secret-défense.

Le média américain The Atlantic a publié un nouvel article ce mercredi 26 mars, deux jours après celui qui a révélé les informations, marquant un nouveau rebondissement dans l’affaire qui secoue les États-Unis depuis le début de la semaine. 

À la suite de la publication de l’article lundi, Donald Trump et son gouvernement ont minimisé la situation, assurant qu’aucune information classifiée, protégée par le secret-défense, n’avait été partagée au groupe sur la messagerie cryptée Signal, créé par le conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, Mike Waltz. Les hauts responsables de la défense américaine disposent pourtant de systèmes spécifiquement conçus pour échanger sur des sujets sensibles, voire classifiés. « Des experts nous ont indiqué à plusieurs reprises que l’utilisation d’un chat Signal pour des discussions aussi sensibles constitue une menace pour la sécurité nationale », précisent les journalistes dans l’article publié ce mercredi.

L’intégralité des échanges publiée

Initialement, le rédacteur en chef de The Atlantic – Jeffrey Goldberg, qui a été ajouté par erreur dans la conversation – a décidé de ne pas divulguer le contenu des messages échangés, jugeant qu’il pourrait mettre en danger la vie de militaires américains. Mais, « il est clairement dans l’intérêt du public de divulguer le type d’informations que les conseillers de Trump ont incluses dans des canaux de communication non sécurisés, en particulier parce que les hauts responsables de l’administration tentent de minimiser l’importance des messages qui ont été échangés », écrit-il.

Après avoir contacté la Maison Blanche, sa porte-parole Karoline Leavitt maintient auprès du journaliste qu’« aucune information confidentielle n’a été transmise lors de la discussion de groupe ». Mais elle ajoute cependant que « cela ne signifie pas que nous encourageons la publication de la conversation. Il s’agissait d’une délibération interne et privée entre des cadres supérieurs de haut niveau et des informations sensibles ont été discutées. Pour ces raisons, nous nous opposons à la publication de cette conversation ». Le magazine a quand même diffusé l’intégralité des messages – avant que le journaliste ne quitte le groupe –, cachant uniquement l’identité d’un agent de la CIA.

Dans les captures d’écran fournies par Jeffrey Goldberg, Pete Hegseth, le secrétaire à la Défense des États-Unis, écrit : « 12H15: DÉCOLLAGE des F-18s (premier groupe de frappes) », ou encore : « La cible terroriste est sur sa zone connue donc ON DEVRAIT ÊTRE A L’HEURE – et aussi, départ des frappes de drones (MQ-9) ». Ces messages entrent en contradiction avec les propos tenus mardi par la directrice du renseignement américain, Tulsi Gabbard, qui a déclaré qu’il « n’y avait pas [eu] d’informations classifiées partagées », et qu’aucun plan d’attaque spécifique, des armes utilisées ou des horaires des attaques n’avaient été discutées dans le groupe Signal.

Le gouvernement Trump vent debout contre The Atlantic

Depuis mardi, l’administration Trump multiplie les attaques pour décrédibiliser le magazine américain, essayant de faire retomber la polémique, alors que de nombreux démocrates ont vivement condamné la situation et appellent à la démission des responsables.

Participant au podcast conservateur VINCE Show ce mercredi, le président américain continue de soutenir ses équipes et assure que les messages ne contenaient « pas de détails, et il n’y avait rien là-dedans qui ait pu être compromis et ça n’a pas eu d’impact sur l’attaque, qui a été très réussie ». « Soit quelqu’un de mon groupe a fait une erreur, soit il s’agit d’un mauvais signal », conclut Donald Trump. Le vice-président a, lui, accusé The Atlantic d’avoir « survendu » ses révélations annoncées dans son premier article.

 « Aucun lieu. Aucune source ni méthode. AUCUN PLAN DE GUERRE. Les partenaires étrangers avaient déjà été informés de l’imminence des frappes », a affirmé Mike Waltz sur X, qui a reconnu avoir mis en place le groupe sur Signal.

« The Atlantic a concédé : ce n’étaient PAS des plans de guerre », a réagi Karoline Leavitt immédiatement après la publication du second article. « The Atlantic a déjà abandonné son récit sur des « plans » de guerre, et en révélant la conversation complète, ils reconnaissent qu’ils mentent pour maintenir une NOUVELLE supercherie », a de son côté affirmé sur X le chef de cabinet adjoint de la Maison Blanche, Taylor Budowich.

Tulsi Gabbard, alors qu’elle était interrogée mercredi par la Commission permanente sur le renseignement de la Chambre des représentants, a annoncé que le Conseil de sécurité nationale va procéder à « un examen approfondi avec des experts techniques » pour faire la lumière sur cette affaire.

L’ONG américaine American Oversight a annoncé mardi qu’elle intente une action en justice contre des hauts responsables concernés par cette affaire – Pete Hegseth, Tulsi Gabbard, le directeur de la CIA John Ratcliffe, le secrétaire au Trésor Scott Bessent, le secrétaire d’État Marco Rubio, et la National Archives and Records Administration. Le groupe estime qu’en utilisant Signal, ils ont enfreint le Federal Records Act (loi sur les archives fédérales) et le Administrative Procedure Act (loi sur la procédure administrative).