Dans une interview accordée à Jeune Afrique, le président de la République Patrice Talon a répondu à plusieurs questions du journaliste François Soudan notamment sur sa candidature à l’élection présidentielle, du parrainage , de Yayi, de Soglo, du parti « Les Démocrates » et… de la fermeture des frontières entre le Nigéria et le Bénin….
JA: L’élection présidentielle, c’est dans six mois. Or l’obligation pour tout candidat d’obtenir le parrainage de seize élus pose problème, dans la mesure où l’opposition n’en dispose aucun ou presque. S’oriente-t-on vers un scrutin à candidat unique ?
Patrice TALON: Je ne le pense pas. Il y aura compétition. Les maires et les députés joueront leur rôle pour parrainer les candidats de leur choix, lesquels ne relèveront pas tous de la majorité. Ils ne seront peut-être pas trente-cinq ou quarante comme autrefois, mais il y en aura plusieurs, et entre eux la bataille sera rude. Rassurez-vous, la démocratie béninoise est toujours bien vivace.
JA: La Frontière avec le Nigéria est fermée depuis plus d’un an. En parlez-vous avec le président Buhari?
Patrice TALON: Je ne cesse de le faire et je pense que, n’eût été la pandémie, la frontière aurait peut-être enfin été rouverte. Cela a assez duré.
JA: Plusieurs arrestations ont eu lieu dans les rangs de l’armée béninoise, entre août 2019 et juin 2020, et certains prévenus ont été déférés devant la CRIET pour <<actes contraires à la paix>>. De quoi s’agissait-il exactement, de tentatives de coup d’État ?
Patrice TALON: Il n’y a jamais eu de tentative de coup d’État. Il faut être clair là-dessus. Il s’agissait d’actes d’incivisme et de déviance isolés, commis ou projetés par des hommes en tenue.
Lorsqu’un jeune militaire veut exprimer son mécontentement, ou même simplement resquiller , et qu’il porte une arme, il peut chercher à nuire à sa hiérarchie, à un ministre et même au président.
« …À l’heure où je vous parle, ma décision est prise. Je sais si je serai ou non candidat »
JA: À la fin de Juillet, une partie de l’opposition regroupée autour de votre prédécesseur, Boni Yayi, et de l’ancien numéro deux de l’Assemblée, Éric Houndété, a lancé son nouveau parti, Les Démocrates. Cette formation obtiendra-t-elle son récépissé auprès du ministre de l’intérieur.
Patrice TALON: Il n’y a pas de raison qu’elle ne l’obtienne pas dans la mesure où elle remplit les conditions exigées par la loi: la liste des fondateurs, un congrès, etc…comme tant d’autres. Mais je ne m’occupe pas de cela, ce n’est pas mon rôle.
JA: Qu’avez-vous fait de vos sociétés ? Comptez-vous renouer un jour avec votre vie d’entrepreneur?
Patrice TALON: Je n’ai plus cette passion-là. Le business n’est plus ma motivation. Je fais désormais face à d’autres défis : démontrer qu’un pays, le mien, peut, comme moi je l’ai fait jadis, partir de peu de chose et arriver à beaucoup ; être dans le cœur de mes compatriotes ; se dire que tout est possible. Et devenir un jour, dans quelques mois ou quelques années, un ancien président exemplaire capable de servir une cause noble. Être un modèle.
JA: Vos relations avec les anciens présidents Boni Yayi et Nicéphore Soglo ne sont pas bonnes, c’est une évidence. À quoi l’attribuez-vous)
Patrice TALON: Je crois que s’attendait que ces personnalités profitent de leur statut de quasi-intouchables pour être des recours en matière de conseils, de sagesse, d’arbitrage et d’expérience. Mais quand, à l’instar de Thomas Boni Yayi, on se comporte en compétiteur alors qu’on n’est plus dans la compétition, il y’a problème. Et quand, tel le patriarche Soglo, on en vient à insulter en public le chef de l’État en exercice de son propre pays, il y’a de quoi s’inquiéter. Je souhaite que l’un et l’autre retrouvent leur rang et leur niveau, qu’ils se ressaisissent. Dans l’intérêt du Bénin, qu’ils ont tous deux eu l’honneur de diriger.
Avec Jeune Afrique