2013 est morte. Sur ses cendres naît 2014. Pas de la vraie mort en tout cas ! Elle reste vivace dans les méandres de nos pensées par ses affres mais aussi par ses instants de joie, de fierté, de gloire…
L’heure du bilan est aussi terminée. Il faut maintenant regarder devant, l’année nouvelle qui sourit malicieusement. De tradition, il faut même se souhaiter les merveilleuses choses. Dans le bonheur comme dans le malheur. Mais il faut surtout éviter de choquer par des sentiments refoulés.
A la tribune officielle d’échanges de vœux hier, de fortes personnalités se sont succédé, pour dire au nom de tous ce que l’on veut que l’année soit. Est-ce de façon sincère et franche ? Oui !, nous osons croire. L’on a parlé sur tout en évitant surtout de dire tout sur tout. A mots couverts ou bien enrobés, on encense publiquement. On se refuse à publier son ressentiment pour l’autre. On a évité de s’attaquer au risque de transformer la tribune des vœux en ring. Et les souhaits s’envolent, loin. On dirait aussitôt dits aussitôt oubliés.
Ce qui intéresse le large public médusé, ce n’est la preuve de la sincérité dans la pensée et le ton, mais le sacrifice de la tradition. Il faut s’y accommoder promptement et tailler sans flétrir ni trahir, ses propos à la mesure des choses, à l’air du temps solennel. Pour une fois peut-être dans l’année, oui toute l’année, on s’offre cette occasion non rattrapable de dire à son prochain qu’on lui veut du « bien », tout le bien même sur un ton ironique.
Pour une fois, les visages se croisent dans un baiser de Juda. Qui veut tromper qui ? Des accolades peu sincères qui rappellent le moment douloureux de théâtralisation de feinte conciliation entre frères politiques de la grande Vallée. Suivez le regard. Des discours qui font courir béatement le peuple encore floué par de malignes gens. Ces rires risqués cachent bien des animosités enfouies dans les entrailles pas de Marie, Mère de Jésus, mais de celles de Lucifer. On s’aime bien les uns contre les autres. Heureusement que ces vœux voués ne s’accompagnent d’effets immédiats, sinon, ils consumeraient les cœurs des destinateurs ou fumeraient le triste et innocent visage des destinataires. Ces paroles enchanteresses prononcées à l’orée de chaque année sont bel et bien des incantations, non de véritables expansions du cœur. L’hypocrisie populaire a institué qu’il faut faire ces vœux, même à contre cœur.
Qui trompe qui ?
De feintes amours « prouvées » ou extériorisées le jour de l’an ne sont jamais celles de leurs auteurs mais sourdent de ce que la commodité recommande. C’est de toute façon la saison fleurissante des vœux pieux mais aussi des sentiments refoulés ! Qui dit mieux ?