En décembre 2016, lorsque le gouvernement lançait son programme quinquennal d’actions de projets liés au cadre de vie, on a tôt fait de croire à des rêves inaccessibles. Asphaltage des rues ordinaires ; logements sociaux à l’échelle inédite jamais planifiés dans notre pays, le Bénin ; marchés urbains modernes ; gestion des déchets urbains révolutionnaire intégrant pour la première fois une conurbation, le Grand Nokoué. Un combat titanesque, un bouclier de protection de la côte béninoise, bref un PAG cadre de vie plutôt gigantesque. 4 ans après. « Rien n’est trop beau, rien n’est trop grand pour le Bénin », a déclaré mardi 8 avril, José Tonato, Ministre en charge du cadre de vie, au cours d’une émission consacrée au bilan sectoriel dénommé « le temps des moissons » à la télévision nationale.
Monsieur le ministre en charge du cadre de vie, quel a été l’état des lieux en 2016 à votre arrivée en ce qui concerne votre secteur ?
JoséTONATO : Parler de l’état des lieux en très peu de temps serait un exercice très difficile. Mais je vais essayer de résumer en quelques minutes.
Ce qui a servi de base à l’élaboration de ce que nous avons appelé le Projet de société Nouveau Départ parce qu’il a fallu faire l’état des lieux dans l’équipe qui était autour du Président Talon pour définir en ce qui concerne le cadre de vie quelles étaient les actions prioritaires, urgentes à engager. Vous savez, le département du cadre de vie est un département très intégrateur qui comprend les secteurs importants comme : l’aménagement du territoire, le développement urbain, l’habitat, l’environnement et les eaux et forêts. Ce qui concerne notre cadre de vie à l’échelle de l’aménagement du territoire, c’est le défi de l’infrastructure. Il y avait un gap en termes d’infrastructures de toutes sortes interurbaines, intra urbaines… de différentes natures, routières et consorts. C’est ce gap que nous avons dressé pour élaborer le projet de société. Au niveau du secteur urbain, il faut regarder trois champs :
– le champ de la planification urbaine. Vous savez, pour conduire un développement urbain en un lieu, il faut vous fixer un objectif. Il faut avoir une vision. Donc ce qu’on appelle le Master Plan dans d’autres pays. Aucune de nos villes n’avait un plan directeur clairement adressé. Il n’y avait aucune réflexion projetée sur l’avenir, et donc difficilement, les actions d’aménagement de construction de la voirie, l’assainissement des infrastructures en général, étaient des actions un peu parsemées, au coup par coup et sans cohérence.
– Dans le secteur de l’environnement, la résilience était pratiquement en lambeaux. Vous avezvu par rapport à la protection côtière, c’était un désastre à l’Est de Cotonou. Par rapport à l’inondation, n’en parlons pas. Une vague de deux séries d’inondations qui venaient plonger nos populations dans un drame inouï, donc le volet inondation fragilisait nos contrées. Voilà un peu de façon sommaire, l’état des lieux sans vouloir aborder
– la question de la gouvernance qui est une question fondamentale en matière de cadre de vie car qui est-ce qui fait la planification, qui fait la mise en œuvre des infrastructures ? C’est l’institutionnel qui pose les bases et donc de la maintenance. Or la maintenance dans nos villes n’est pas une culture. C’est donc dans cet environnement de gaps, de manque sur plusieurs plans en matière de planification, en matière d’infrastructures, en matière de gouvernance que nous avons attaqué la mise en œuvre du PAG.
Alors justement, par rapport à cela déjà en 2017, il y avait des maquettes qui étaient présentées aux populations, et on vous taxait de gouvernement maquettes. C’est sûr que vous avez souffert de cela…
Oui mais les maquettes avaient quand même un avantage. Elles démontraient qu’il y avait des études sérieuses qui se font avant de passer à la dimension réelle. Je parlais tantôt d’ambition, de planification, de vision. C’est cela la maquette. Elle a beaucoup manqué dans ce pays et c’est ce manque qui est à l’origine des éléphants blancs que nous avons tous condamnés. Mais les maquettes empêchent la perte de temps et le gaspillage de temps. Vous savez, l’urbaniste est professionnellement formé pour ne pas cueillir les fruits de son labeur, de son intervention. Le fait de ne pas les voir n’est pas une frustration. On est convaincu que dans 50 ou 100 ans les résultats seront là. Et par rapport à la vision stratégique que le Chef de l’Etat a conduit dans le secteur de cadre de vie, nous parlons aujourd’hui du projet asphaltage mais je puis vous dire que, grâce à la position que j’occupe aujourd’hui, le projet asphaltage est peut-être 10% de ce qu’on va commencer à voir à partir de maintenant parce tous les projets ont atteint un niveau de maturité. Certains sont en appel d’offres, d’autres sont déjà passés, des contrats sont signés, les chantiers démarrent. A partir de maintenant jusqu’à plusieurs mois devant nous, cela doit être l’émergence, la visibilité au niveau des différents projets, que nous allons conduire et nous allons en parler.
Alors, aujourd’hui, beaucoup de villes changent de visage. Aujourd’hui, vous vous dites que ce que vous avez commencé se concrétise ?
C’est un peu le sentiment qui nous anime aujourd’hui. Vous savez, le projet asphaltage dans le langage technique est un projet d’aménagement urbain et d’assainissement pour canaliser tout ce qui est inondation. Le projet Asphaltage est un nom. Vous savez « asphalt » est différent du goudron. C’est pour stigmatiser la qualité où nous voulons porter l’aménagement urbain et le cadre de vie. C’est pour cela que nous avons saisi au bond un nom que le Chef de l’Etat a utilisé donné au projet d’aménagement. C’est de l’aménagement urbain, le revêtement, la voirie, l’assainissement d’un certain nombre de lots spécifiques complémentaires comme l’éclairage public. Nous avons plus de 15.000 lampadaires solaires sur plus de 195 km de voirie qui constituent la première phase
Ce n’est pas encore visible
Les marchés sont passés. Pour ceux qui ont vu la voie qui desserre le site du pèlerinage d’Ekpè, les lampes sont posées. Toutes les voies asphaltées aujourd’hui bénéficieront d’éclairage public solaire, sans oublier les espaces verts, les alignements d’arbres et les équipements de sécurité routière comme les feux tricolores, les panneaux d’information des populations. Enfin, le dernier qui concerne le mobilier urbain à savoir les banquettes et les poubelles dans les zones où il y a des délaissés de voirie pour permettre de faire ces aménagements. Tout ceci dans les 9 villes sélectionnées. Bref, le projet asphaltage, c’est de la voirie, c’est de l’assainissement et c’est tout l’agrément en termes d’éclairage, d’espaces verts, de sécurité et de mobiliers urbains.
Tout cela sera prêt avant 2021 ?
Aujourd’hui, la date du dernier lot, qui est le lot le plus long, celui de Porto-Novo, doit finir d’ici octobre 2020. Tous les autres lots arrivent à leur fin en juin 2020. Et en juin 2020, à Cotonou, à Sèmè-Kpodji, à Bohicon, à Abomey, à Lokossa, à Parakou, à Natitingou, vous verrez le projet Asphaltage dans sa forme finalisée.
Monsieur le ministre, Porto-Novo qui a fait peau neuve à l’instar de 8 autres villes sélectionnées. Pourquoi cet engouement pour Porto-Novo ?
C’est vrai. Je vous remercie d’avoir choisi Porto-Novo parce que pour nous, Porto-Novo est emblématique. Porto-Novo doit recouvrer les attributs d’une capitale. Et ça devient concret. Cette transformation comme vous le dites, se passe dans 9 villes du Bénin. Si je prends Cotonou, il y a des zones qu’on n’a pas pensé attaquer et depuis, les populations étaient à mille lieux de penser qu’on pouvait aménager ces zones. L’exemple du basfond de Vodjè en allant vers Agontinkon, le basfond d’Akpakpa dans la zone de ciné Concorde… On travaille sur des axes structurants pour aider au décongestionnement, désenclavement des périphéries urbaines. C’est cela le développement. Au-delà de l’acte d’aménagement, vous êtes d’accord avec moi que le projet asphaltage est un acte qui dope l’économie urbaine. Simplement ça commence par le foncier, quand vous rénovez la voie quelque part, le foncier prend de valeur et les activités économiques se développent.
Au plan social, nous sommes déjà à plus de 10.500 emplois créés. Sur les 222 milliards de FCFA du projet, dans sa première phase, nous avons déjà décaissé 122 milliards FCFA. Et aujourd’hui, le projet est à un niveau d’avancement global de 80%. C’est un projet qui structure vraiment le paysage de nos villes. Et comme les villes sont les pôles de développement de notre territoire, l’agenda spatial du Bénin qui est le schéma d’aménagement du territoire, devient une réalité puisque les villes riches, ce sont des hinterlands plus riches, c’est la production qui est dopée et si on combine le projet Asphaltage avec l’aménagement des voies interurbaines que conduisent nos collègues du ministère des infrastructures, vous êtes d’accord que ce n’est pas un hasard si le Bénin en moins de 3 ans a pris la tête des producteurs de coton. Tout cela est lié. Le PAG, c’est un ensemble, je voudrais simplement dire que le projet asphaltage en lui tout seul résume l’ambition que le gouvernement porte et que le Président Talon porte également pour notre pays, le Bénin et que je résume en une seule phrase : RIEN N’EST TROP BEAU, RIEN N’EST TROP GRAND POUR LE BENIN, nous aussi nous méritons un cadre de vie qui soit digne de nous et qui facilite le développement de notre pays et de nos activités.
Pour ce qui est de votre secteur, vous avez engagé une série d’actions dans le Grand Nokoué. Démarrons par l’aménagement des berges lagunaires.
Vous verrez dans le fil de développement que tous les projets sont liés, complémentaires. Le projet qui a permis de rendre salubre la berge lagunaire de Cotonou fait partie d’un autre projet beaucoup plus grand qui est le projet de modernisation et de gestion de déchets dans le Grand Nokoué. Ce projet a plusieurs composantes dont la salubrité qui a déjà commencé. Aujourd’hui, les Cotonois voient que leur ville est beaucoup plus propre avec des voies balayées et désensablées. Il faut rappeler que ce n’est pas Cotonou seul. On peut citer Abomey-Calavi, Sèmè-Kpodji et même les voies interurbaines comme Cotonou-Lomé, Cotonou-Bohicon… Aujourd’hui, les gens constatent que ces voies sont subitement devenues propres parce que 2 ou 3 fois par semaine, il y a des gens qui balayent, qui désensablent. Ça c’est le volet salubrité.
Ce que vous avez vu sur la berge de Dantokpa, participe d’une autre composante appelée la destruction des points noirs. Les points noirs sont les dépotoirs sauvages qui se sont accumulés dans l’agglomération de Cotonou et environ durant ces 10 dernières années parce que de la collecte à la gestion des déchets, tout a été défectueux. Donc nous avons décompté plus de 1.000 dépotoirs sauvages dans le Grand Nokoué dans le cadre de ce projet. Certains dépotoirs sont au bord de la lagune et polluent les produits halieutiques provenant de la lagune. Vous n’êtes pas sans savoir que les crevettes du Bénin, ne vont plus à l’Union européenne à cause de la pollution…
Comme le projet contournement Nord a un volet qui prévoit l’aménagement d’une corniche et une d’une voie lagunaire pour permettre que le bord de la lagune de Cotonou, comme dans tous les pays où les gens pensent bien ces choses, soit aménagé, qu’on puisse développer des commerces comme les restaurants, les hôtels, … donc c’est en prévision du démarrage des travaux d’aménagement de la voie lagunaire que nous avons immédiatement attaqué la berge lagunaire de Dantokpa. Sur cette berge libérée grâce au génie militaire, nous ne permettrons à aucune activité de la salir à nouveau. Actuellement une clôture grillagée est en cours pour empêcher son accès.
Le marché Dantokpa restera toujours là ?
Pour l’instant, il restera là. Mais après cela partira. Quand nous serons sur le programme des marchés, je vous expliquerai comment sera organisé le départ. Mais pour le moment, le marché restera jusqu’à l’organisation de son départ. Vous savez, le Président Talon a dit qu’aucun marché ne sera déplacé tant que le dernier usager ne trouve une nouvelle place dans le nouveau marché ou espace qui doit l’accueillir. Donc cette berge, en plus de la clôture grillagée et de la voirie qui va la longer, nous avons positionné des bacs pour permettre aux usagers du marché de ne plus aller jeter les ordures dans la lagune. Il faut dire que ces bacs sont relevés quotidiennement pour empêcher leur saturation.
On a l’impression qu’on n’a pas enlevé toutes les ordures avant de mettre du sable jaune ? Cela ne va pas créer d’autres problèmes après ? L’autre chose, l’autre côté de la berge est toujours insalubre, pourquoi ?
C’est vrai qu’on n’a pas tout enlevé. Mais il y a une étude technique conduite par ESGIS sur la voie sur la berge. Cette voie est callée à une hauteur donnée. Il a été aussi démontré que compte tenu du fait que les déchets ont été entassés pendant plusieurs années, il ne sera pas nécessaire de tout enlever. Si on enlevait tout, le poids du remblais sera exorbitant. Par contre, on peut facilement contenir ce qui est en-dessous avec un mur de soutien qui est prévu par le projet avant de construire la berge. Voilà pourquoi, nous avons donné une côte précise au génie militaire pour arrêter l’enlèvement des déchets avant de mettre la terre.
L’autre côté constitue la 2e phase de ce projet qui sera bientôt entamée. Puisque de l’autre côté, il y a une voie qui passe et que nous avons appelée barreau qui sera dédiée au transport des poids lourds qui quitteront directement le port autonome de Cotonou pour rejoindre le contournement Nord par le biais d’un pont aménagé à cet effet. Pour ce qui concerne la date de démarrage de ces travaux, mon collègue des infrastructures vous en dira plus. Quant au nettoyage c’est le ministère du cadre de vie qui le fera dans un bref délai.
Quand on parle de Cotonou, on doit parler aussi des inondations. Vous avez lancé un programme important, l’assainissement pluvial. Où en est-on ?
Quand le président Talon est arrivé en 2016, on disait que l’échéance la plus proche qu’on avait pour finaliser la question des inondations, c’est 2038. Donc, pour finaliser le plan d’assainissement pluvial de Cotonou, dans le meilleur des cas, nous devrions aller jusqu’en 2038. Le taureau a été pris par les cornes. Nous avons finalisé toutes les études techniques. Nous sommes allés à une table ronde des bailleurs le 17 janvier 2018. Nous avons mobilisé 2138 milliards de Francs CFA avec 6 partenaires différents. Le lead est tenu par la Banque mondiale. Il y a la Banque africaine de Développement, la Banque ouest-africaine de Développement, la Banque européenne d’Investissement, la Banque islamique de Développement, et puis l’Agence française de Développement. Nous avons 6 bailleurs qui nous ont aidés à rassembler les 2138 milliards. À la date où je vous parle, toutes les études techniques et tous les DAO sont prêts. À la date où je vous parle, on est en train de finaliser le recrutement de l’agence de maîtrise d’ouvrage déléguée qui est conduite sous le contrôle de la BEI ; et dans le 3e trimestre et le 4e trimestre de cette année, les appels d’offres vont partir. Ça veut dire que, sur l’ensemble des bassins de la ville de Cotonou, nous allons lancer les appels d’offres, et que les travaux vont démarrer de façon progressive. Le plan d’assainissement pluvial de Cotonou, à partir de fin 2020, va durer 6 ans de travaux.
En dehors des dizaines de kilomètres d’ouvrages d’assainissement, en plus de ce qui se fait aujourd’hui en asphaltage, ce plan comporte également 60 kilomètres de voirie aménagés dans le cadre du plan national. Toujours pour la ville de Cotonou, le linéaire aménagé va s’accroître. Quand on parlait d’asphaltage, je n’ai pas mentionné que nous sommes déjà en train de préparer, sur les instructions du chef de l’État, la phase B. On a dû passer, en 3 phases, le projet asphaltage. On voulait le passer en 2, mais la circulation serait très difficile à gérer dans nos villes si on bloquait la moitié de la ville pour le projet asphaltage. Donc, on a dû découper en 3. On prend le tiers, on laisse circuler les gens, c’est plus facile d’aménager les voies de déviation. Mais nous préparons déjà la phase B qui va démarrer dès la fin de la phase A. Voilà un peu comment ça s’enchaîne entre l’assainissement pluvial et le projet asphaltage. Vous allez peut-être me demander : « Mais, et l’assainissement des autres villes qui reçoivent le projet asphaltage ? ». On a ce qu’on appelle PAP (plan d’assainissement pluvial des villes secondaires). Nous sommes très avancés avec la Banque africaine de Développement pour que, de façon parallèle, on démarre également l’assainissement de ces villes secondaires. L’asphaltage a pris en charge une partie de cet assainissement parce que si vous faites une voie et que vous ne l’assainissez pas, elle ne va pas durer. Mais nous avons déjà anticipé, et avec la BAD, très bientôt, avant la fin de cette année, nous aurons un PAP villes secondaires pour combler le gap d’assainissement pluvial dans ces villes qui sont déjà prises en compte par le projet asphaltage.
Monsieur le Ministre, ouvrons maintenant le chapitre de protection de la côte à l’est de Cotonou et justement plus tard le segment ouest et Avlékété.
Je pense que ça a été mon tout premier chantier très chaud. J’étais dans la toute première semaine en avril 2016 quand, à cause de la détresse des populations d’Akpakpa, le président Talon m’a instruit avec mon collègue Sacca Lafia pour aller regarder et prendre des engagements. Le 1er projet, dans sa 1ère phase, avait été mal fini. On n’avait pas finalisé la consolidation des épis. On n’avait pas rempli les caissons qui étaient entre les différents épis. De ce fait, la mer a recommencé ses dégâts de plus belle. Pour stopper ça, nous avons pris le taureau par les cornes, nous avons finalisé les études, nous avons levé le financement ; et l’engagement qu’on a pris avec les populations, c’était que, dans un délai d’un an (personne ne nous croyait le jour-là. On nous avait même hués, et on comprenait très bien). Mais avant ce délai d’un an, nous avions inauguré la protection côtière à l’est de Cotonou. Tout le monde a vu le 15 février 2018 le président Talon lui-même sur le terrain pour aller voir si tout se passait bien, donner de nouvelles instructions. C’est ça qui a donné vie au lac marin de Donatin, puisque-là aujourd’hui ce ne sera plus de la protection côtière parce que ce qui permet la soutenabilité de la protection côtière, c’est l’aménagement balnéaire, c’est le développement du tourisme ; et aujourd’hui, après le lac marin, nous voulons faire une marina pour que le programme hôtelier qui va se développer sur l’ancien espace du PLM Alédjo puisse disposer d’infrastructures balnéaires importantes dignes de drainer les touristes de la sous-région et du monde entier. Donc, à ce niveau, la protection côtière est terminée.
Sur Avlékété, nous sommes passés de 4 à 5 kilomètres de digue parce que la demande est très forte. À chaque fois que le président descend sur le terrain, les projets prennent une autre envergure. Nous sommes passés également à un aménagement confortatif pour créer un véritable lac marin parce que tout le monde le sait, mon collègue du Tourisme vous le dira, le Club Med a déjà signé avec nous. Il y a une autre chaîne internationale très connue dans le monde asiatique et consorts, qui fait des resorts 5 étoiles, qui a déjà signé avec nous. Nous avons beaucoup de demandes. Du coup, on renforce l’investissement qui a été fait au niveau de ces digues. C’est ça qui attire, c’est un investissement qui est à mi-chemin entre Cotonou et tous les investissements touristiques qui se font à Ouidah, avec la Route des Pêches que vous connaissez déjà et qui a été faite par les collègues du ministère des Infrastructures et des Transports, qui va être prolongée jusqu’à la porte du non-retour, qui va continuer après la porte du non-retour jusqu’à Casa Del Papa et avoir une extension en direction de la zone de la Bouche du Roi. Vous savez qu’on ne peut pas traverser la Bouche du Roi, simplement parce que c’est un site Ramsar. C’est un site protégé de la biodiversité. Il y a des règles qu’il ne faut pas transgresser. Donc, par rapport à ça, nous sommes en train d’étudier les aménagements qu’il faut faire pour développer également le tourisme dans cette zone. Il reste seulement le 3e segment ; le segment ouest que nous partageons avec le Togo et qui est dans un programme régional WACA dont également les études sont terminées, et dont les travaux vont démarrer si tout va bien dans le dernier trimestre de 2020.
Monsieur le Ministre, nos populations (étaient) hier tristes. Aujourd’hui, elles sont joyeuses de voir quand même que notre côte est plus ou moins protégée, et qu’il y a d’engraissement
Je suis heureux de le constater. Et comme je le disais, l’asphaltage, c’est 10% de visibilité. Nous travaillons pour le maximum de visibilité. On fait pareil dans le domaine des logements, dans le domaine des marchés, et dans le domaine des cités administratives, et autres. Nous accompagnons tous nos collègues qui sont dans le domaine du sport, de la culture pour des travaux de qualité. La marque de fabrique du président Talon, c’est une bonne planification et des travaux de qualité. L’exigence dans le contrôle ! ça, tous ceux qui travaillent aujourd’hui, les entreprises comme les missions de contrôle ont dû l’apprendre à leurs dépens, que ceux qui ne font pas bien leur travail sont remerciés, sans ménagement, que ce soit Béninois ou étrangers, nous n’avons pas d’état d’âme ; et le président est extrêmement exigeant. Nous allons vers des travaux qui vont tripler, quadrupler la durée de vie de nos infrastructures. Anecdotiquement, les gens parlent déjà de l’épaisseur du goudron Talon qui est différent des autres goudrons par exemple.
Monsieur le Ministre, autre volet des réformes et actions engagées au ministère du Cadre de Vie et du Développement durable, c’est bien sûr les marchés modernes et les logements sociaux. Où en êtes-vous Monsieur le Ministre ?
Sur les marchés, je l’ai abordé brièvement. C’est un programme qui débouche sur le déménagement définitif du marché Dantokpa. Mais avant, vous savez, le marché Dantokpa a du gros, du semi-gros, du détail. Nous y avons du commerce noble et consorts. Et c’est pour ça qu’on a un programme en 3 parties :
– 1re partie : la rénovation des marchés urbains. Actuellement à Cotonou, nous avons lancé 9 marchés qui sont en cours de construction, pour lesquels nous avons pratiquement multiplié par 1 fois ½ voire plus d’1 fois ½ leurs capacités d’accueil ; et ceux qui font le détail à Dantokpa vont être accueillis par ces marchés-là ;
– le 2e pan, c’est le marché de gros d’Akassato que nous avons appelé la plateforme agroalimentaire du Grand Nokoué. Ce sera le marché de gros le plus moderne de toute notre sous-région. L’appel d’offres est déjà lancé pour ceux qui suivent ça ; et normalement, au bout de 90 jours, le chantier démarre pour 12 mois. Pourquoi 12 mois ? Parce que c’est une super structure légère, c’est une plateforme béton et infrastructures, ensuite le marché de gros est comme un kit qu’on vient monter dessus. Ça veut dire que d’ici à la fin de l’année 2021, nous aurons notre marché de gros ;
– et enfin la construction d’un mall et d’une galerie commerciale sur l’esplanade du stade Général Mathieu Kérékou pour accommoder le commerce moderne et le commerce noble concernant les cosmétiques, les bijoux et les textiles. Tout cela est lancé, et c’est quand ces projets seront terminés que le déménagement sera fait, et enfin l’aménagement de la berge et de tout ce qui occupe aujourd’hui la place Dantokpa va se faire.
Donc, le programme de construction des marchés suit son cours. Il impacte également d’autres villes puisque nous avons 20 marchés. Il y a cinq marchés régionaux. Vous avez Azovè,Houègbo, Glazoué, Porto-Novo, Abomey et consorts. Il y a un marché à Parakou aussi parce que l’activité économique, ce n’est pas que Cotonou. C’est tout le territoire national.
Il en est de même pour le programme de logements qui est un programme jamais mis auparavant en œuvre au Bénin. Je l’ai dit : de 1960 à 2016, on n’a pas construit plus de 3.000 logements au Bénin. Aujourd’hui, nous avons lancé un programme de 20.000 logements. Nous avons bouclé le financement pour les 12.000 logements qui sont sur le site de Houèdo. C’est une véritable ville nouvelle, une ville aux normes écologiques qui va s’implanter à Houèdo. La viabilisation primaire est presque terminée. La viabilisation secondaire et tertiaire est en cours. Les premiers lots de 3.000 logements sont déjà passés, et le chantier a commencé. La base-vie est presque terminée également ; et par lots de 3.000, les appels d’offres sont déjà préparés pour être lancés. En plus de ça, nous démarrons en même temps les sites de Porto-Novo et de Parakou. Et enfin, nous finirons par les autres centres. Donc, le programme de logements aussi qui est un programme qu’accompagnent un financement innovant et un mode d’accès innovant, c’est le seul programme en Afrique où vous n’aurez pas besoin d’un apport initial pour entrer. Vous rentrez dedans, vous commencez à payer un loyer comme si vous louez chez quelqu’un. Au bout de 15 ans, vous êtes propriétaire de la maison.
Vous avez mené des études d’impact environnemental ?
Les études d’impact environnemental sont menées, et les études techniques, les missions de contrôle sont en place. Le Bureau de Contrôle (BCT) est en place. Toutes les normes et garanties sécuritaires, 1re préoccupation du gouvernement et du chef de l’État, sont balisées pour que ces projets se conduisent dans les meilleures conditions de sécurité et de confort pour que le produit à livrer soit des meilleurs. Nous pensons qu’avant la fin de cette année 2020, le 1er lot de 500 logements de Houèdo sera livré. On pourra avoir ça.
Alors Monsieur le Ministre, il y a quand même une question que je vais vous poser : c’est par rapport au siège de l’Assemblée nationale. Vous savez, par le passé, il y a eu beaucoup de remous par rapport à cette affaire-éléphant blanc. Mais après, on ne dit plus rien. C’est quoi ? C’est fini cette affaire-là ?
Ce n’est pas fini. Vous savez que tant qu’on n’est pas sorti du laboratoire comme on le dit, on ne parle pas beaucoup. Ce projet, l’audit a été fait. La conclusion est qu’il ne faut pas construire sur ce site. Donc, le Gouvernement s’est retiré de ce site pour l’instant. Les suites judiciaires continuent. Nous avons identifié un autre site de 7 hectares en plein cœur de Porto-Novo, entre l’actuel siège de l’Assemblée nationale et le lycée Béhanzin. Nous avons recruté un maître d’œuvre qui est un architecte international, Francis Kéré, vous connaissez peut-être. C’est lui qui a fait le célèbre parc Aga khan du Mali. Donc, cet architecte qui est un Burkinabè basé à Berlin a livré son APS, son avant-projet sommaire que nous sommes en train, sur instructions du chef de l’État, de présenter à l’Assemblée nationale. Nous sommes en train de recueillir actuellement les commentaires de l’Assemblée nationale. L’objectif que nous avons, l’objectif qui nous a été fixé, pour être précis, par le chef de l’État, c’est de lancer l’appel d’offres au plus tard en septembre pour que les travaux démarrent à la fin de l’année pour 24 mois.
Ça veut dire que même l’actuelle mandature peut entrer dans ce nouvel hémicycle ?
Fin décembre 2022, nous donnerons les clés du nouvel hémicycle à l’Assemblée nationale.
Alors, Monsieur le Ministre, votre département, c’est aussi la protection de l’Environnement. Je veux parler bien sûr des ressources naturelles, nos parcs comme Pendjari, il y a beaucoup d’actions qui sont menées. Est-ce qu’il y a d’autres actions pour donner un peu plus de sécurité ? Parce que c’est quand même quelque chose que notre pays brandit chaque fois
Malgré l’accident du 1er mai 2019, le parc Pendjari a atteint vraiment, en termes de conservation de la biodiversité, un niveau de croisière. Toutes les espèces menacées ont recommencé à se reproduire. Tout se passe bien. Les installations continuent. Malheureusement, les conditions sécuritaires ont fait qu’on a dû installer une bande de sécurité, un espace-tampon entre nous et les pays du Nord. Toujours est-il que, dans cette accalmie, nous avons été instruits pour poursuivre le développement et l’aménagement du parc. Mieux, nous allons démarrer un plan d’investissement prioritaire sur le parc W. Vous savez que le W, la Pendjari et Arly font partie désormais du patrimoine mondial de la biosphère ; et donc, c’est pour étendre sur le W qui est beaucoup plus grand que la Pendjari les travaux d’aménagement que nous avons démarré à la Pendjari. Je pense qu’aujourd’hui ce qui se fait en matière de conservation dans cet espace-là fait honneur au Bénin et à la sous-région. Le parc Pendjari va être le plus beau parc animalier de l’Afrique de l’Ouest sous peu.
Aujourd’hui, on a aussi entendu que le FNEC a été accrédité au Fonds vert et aussi au Fonds d’adaptation. Quelle grande joie pour notre pays et pour le ministère du Cadre de Vie !
Oui, c’est la première institution nationale publique de l’Afrique de l’Ouest à être accréditée au Fonds vert pour le climat. Aujourd’hui, le FNEC peut financer des projets à hauteur de 10 millions de dollars, donc près de 7 milliards de F.CFA. Autant de projets ! C’est illimité. Il suffit de soumettre et de faire conduire la procédure par le FNEC. Les projets peuvent provenir des collectivités locales, des ONG, des associations, du privé. Nous sommes outillés aujourd’hui. Mieux, le FNEC vient d’être ré-accrédité au Fonds d’adaptation toujours pour le même plafond de 10 millions de dollars. Nous avons beaucoup d’outils. Nous avons beaucoup travaillé à la mobilisation de la finance climatique, chose rare dans notre zone. Nous avons décroché à la banque 75 millions de dollars pour la restauration de nos forêts classées. C’est le plus gros projet forestier de l’Afrique de l’Ouest. Ce projet a démarré, se met en œuvre, et nous pensons que sur le front de l’environnement et de la conservation de notre biodiversité, nous commençons à tenir le bon bout.
Je n’allais pas vous laisser sans poser cette question. C’est par rapport aux sachets plastiques. Monsieur le Ministre, vous savez, quand on parle des déchets, les sachets plastiques dans notre pays, on a tout fait. Mais apparemment, les sachets ne sont pas partis. Ils sont toujours là, têtus !
Têtus ! Têtus parce que nous venons de loin. Nous avons les lois. Nous sommes en train de mettre en place les décrets, donc, l’arsenal réglementaire. Mais vous savez, si vous prenez une loi et que tout l’arsenal et les dispositions de mise en œuvre n’est pas disponible…Il nous faut avoir du biodégradable à Tchoumi-Tchoumi à un prix abordable, il nous faut accompagner l’exportation, la production. Aujourd’hui, nous travaillons avec tous les acteurs pour que progressivement on y arrive. La loi est déjà en vigueur. La coercition n’a pas encore commencé.
Elle n’est pas respectée cette loi
Je ne serai pas aussi catégorique que vous parce que moi j’observe bien que la pression baisse, ça diminue. Ce n’est peut-être pas assez vite. Mais j’ai bon espoir que tous les Béninois sont sensibles à leur environnement. Tout le monde va participer et nous accompagner pour que nous ayons un environnement sain, et surtout gagner la lutte contre le sachet plastique.
Monsieur le Ministre, pour finir, outre ces grands chantiers qui vous attendent encore, quels sont les autres défis et perspectives pour ce secteur d’activités qui est le vôtre ?
Nous n’avons qu’un seul défi en ce qui nous concerne au ministère du Cadre de Vie : c’est l’amélioration des conditions de vie des populations. Nous sommes fondamentalement calés sur le pilier 3 du PAG, et l’axe stratégique qui est l’aménagement équilibré et durable de l’espace national. Ça, c’est transversal, et nous continuerons de tenir de façon aussi rigoureuse l’ensemble de ces projets dans le domaine de l’aménagement du territoire, dans le domaine du développement urbain, dans le domaine de l’habitat (c’est là où les populations nous attendent), également dans le domaine de l’environnement. Nous devons travailler à réduire notre empreinte carbone pour que le Bénin soit un pays moderne en matière de mise en œuvre des stratégies de développement durable. Aujourd’hui, le gouvernement a fait un effort dans ce secteur de plus de 750 milliards de F.CFA. Nous avons créé plus de 28.000 emplois quand nous faisons la sommation de tous nos projets. Nous voulons maintenir la barre à ce niveau parce qu’il reste tellement de choses à faire qu’on n’a pas droit au repos. Nous espérons vraiment que le mauvais vent qui souffle va tomber très vite pour nous permettre de recouvrer toutes nos capacités d’action et de travailler pour le bonheur des populations du Bénin.
Entretien diffusé mardi 8 avril sur l’Ortb