Si leur premier duel a eu lieu trois ans après leur indépendance, en 1963, le Sénégal et le Cameroun ont attendu 1990 pour se croiser dans une CAN. Si les Lions de la Teranga ont dominé cette première, ce sont les Indomptables qui sortiront vainqueurs des trois prochains face-à-face, laissant à chaque fois à leurs adversaires un goût très amer. Avant le face-à-face à Yamoussoukro, le vendredi 19 janvier, retour sur les quatre duels épiques entre Lions
1990 : Grâce au « Sorcier blanc »
Quand ils se rencontrent la première fois à la CAN, lors de l’édition organisée par l’Algérie, le Sénégal ne pèse pas lourd sur le continent africain. Il n’en est qu’à sa quatrième participation alors que le Cameroun a déjà remporté deux Coupes d’Afrique, et s’avance comme champion en titre dans cette rencontre. Mais les Lions de la Teranga ont un atout de taille : le « Sorcier blanc », Claude Le Roy. Victorieux en 1988, avec le Cameroun, de la CAN organisée au Maroc, l’entraîneur français est choisi par les autorités sénégalaises pour prendre les commandes de la sélection et préparer la CAN 1992 que Dakar va accueillir. Lors de la deuxième journée de la CAN 1990, le Cameroun a perdu son premier match (0-1) au moment où le Sénégal faisait match nul contre le Kenya (0-0). Les Lions remportent le duel (2-0) grâce à des buts de Mamadou Diallo et Moussa Ndao et éliminent le Cameroun, tenant du titre et qualifié pour le Mondial 1990 en Italie. Une élimination aux allures d’humiliation pour les Indomptables, obligés de sortir Roger Milla de sa retraite pour les accompagner à la Coupe du monde. La suite, on la connaît.
1992 : Ce diable d’Ébongué
Le Cameroun prendra sa revanche (1-0) sur le Sénégal et sur son ancien sélectionneur Claude Le Roy deux ans plus tard à Dakar. Un match synonyme de traumatisme pour les supporters des Lions, dont certains garderont à jamais en mémoire le nom du buteur camerounais Ébongué, Ernest de son prénom. Le contexte ? Le Sénégal accueille pour la première fois la CAN sur son sol. L’objectif n’est rien d’autre que de remporter le trophée au crépuscule de la carrière de leur star et idole Jules-François Bocandé. Les deux équipes se rencontrent en quart de finale. Le Cameroun, dominé, réussit le coup parfait grâce donc à Ébongué qui crucifie les Lions à 10 minutes de la fin du temps réglementaire. « C’est injuste, parce qu’on ne mérite jamais d’être battu, dira Claude Le Roy. On joue bien, mais on ne marque pas, et eux, sur quasiment leur seule occasion, ils marquent. Je pense qu’on aurait dû être champions d’Afrique. C’est une grande tristesse. » Trente ans après, le Sénégal vivra une petite revanche par procuration en étant sacré pour la première fois sur les terres camerounaises. Entretemps, Ébongué était devenu une marque de biscuits coupe-faim au Sénégal…
2002 : Aliou Cissé offre le titre au Cameroun
Rigorbert Song et Aliou Cissé se feront face, ce vendredi 19 janvier, comme sélectionneurs du Cameroun et du Sénégal. Il y a 22 ans, ils conduisaient déjà leur sélection en tant que capitaine en finale de la CAN 2002 au Mali. Un choc royal entre le Cameroun, trois fois champions d’Afrique, tenant du titre et déjà géant en Afrique, et le Sénégal, force montante, qualifié pour la première fois au Mondial et futur tombeur de la France championne du monde en titre. Les deux équipes ont un parcours sans-faute pour arriver en finale. Le Cameroun n’a encaissé aucun but, et le Sénégal un seul. Il n’y aura pas de but dans ce match. Prolongations, puis tirs au but. Rigobert Song et Aliou Cisé sont les cinquièmes tireurs de leur équipe. Quand le capitaine camerounais s’avance, il a le titre au bout du pied après les ratés des Sénégalais Amdy Faye et El-Hadji Diouf, contre celui du Camerounais Pierre Womé. Mais Song échoue devant Tony Silva. Aliou Cissé peut remettre les deux équipes à égalité. Il pose le ballon, recule et tente une frappe en force qu’Alioum Boucar sort. Le Cameroun valide sa quatrième couronne, le Sénégal est à terre, victime d’un nouveau coup de griffes des Indomptables.
2017 : Les larmes de Mané
La dernière confrontation entre les Lions et les Indomptables à la CAN a laissé une nouvelle cicatrice sur la peau des Sénégalais. Plusieurs acteurs présents ce soir-là sur la pelouse du stade de Franceville au Gabon, et aujourd’hui en Côte d’Ivoire, peuvent encore en témoigner. Aliou Cissé était déjà le sélectionneur du Sénégal, Sadio Mané, la star et leader technique, Ismaïla Sarr, un virevoltant espoir, Gana Gueye et Cheikhou Kouyaté, gardiens du milieu. En face, Toko-Ekambi, Vincent Aboubakar, Clinton Njie et Fabrice Ondoa étaient les bourreaux. Le dernier, titularisé le 15 janvier dans les buts pour le premier match des Indomptables dans cette CAN ivoirienne, a été le cauchemar des Sénégalais et de Sadio Mané. Après 120 minutes de jeu sans but, place aux tirs au but. Le numéro 10 des Lions de la Teranga est le dernier frappeur côté sénégalais, les quatre premiers ont tous inscrit leur pénalty. Les quatre Camerounais aussi. Mané voit son tir arrêté par Ondoa. Il ne reste plus à Aboubakar qu’à marquer pour offrir la qualification au Cameroun… et la CAN 2017 quelques jours plus tard en inscrivant le but décisif face à l’Égypte en finale. Les regrets seront éternels pour le Sénégal. Aliou Cissé avouera deux mois plus tard « ne pas avoir regardé la finale… ».