Afrique : Réactions de la France et la Chine après le coup d’état au Gabon

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Après l’annonce de la réélection d’Ali Bongo, des militaires ont déclaré ce mercredi matin mettre « fin au régime en place ». Des coups de feu ont été entendus à Libreville, la capitale. Suivez la situation en direct. Le Gabon est-il en train de basculer ? Après la réélection d’Ali Bongo annoncée ce mercredi, un groupe de militaire a pris possession de la télévision publique annonçant l’annulation des élections et la dissolution des institutions.

Des affiches d’Ali Bongo dégradées

Des affiches du président réélu Ali Bongo ont été dégradées et peintes par des civils, visiblement partisans du coup d’État.

Sur l’affiche, le slogan « Ali pour tous » est encore visible.

La France suit « avec la plus grande attention » la situation au Gabon

La France suit « avec la plus grande attention » la situation au Gabon, a déclaré la Première ministre Elisabeth Borne.

Devant les ambassadrices et ambassadeurs de France réunis à Paris, la cheffe du gouvernement a énuméré plusieurs crises récentes à laquelle la diplomatie française a été confrontée, « et désormais la situation au Gabon que nous suivons avec la plus grande attention »

« Pas de réactions suffisantes » regrette François Hollande

François Hollande a regretté qu’il « n’y a pas eu de réaction suffisante, y compris de la France, de la communauté internationale et de la CEDEAO » concernant les précédents coups d’Etats qu’a connu le continent africain et a dénoncé une forme « d’acceptation ».

L’ancien président de la République rappelle que « c’est le cinquième coup d’Etat sur le continent africain et dans l’Afrique francophone depuis 2020 -Mali, Burkina Faso, la Guinée et le Niger

C’est le cinquième depuis 2020”, constate François Hollande. “Il n’y a pas eu de réactions suffisamment nettes lorsqu’il y a eu le premier coup d’Etat au Mali. Il y a une forme d’acceptation, donc les militaires se sont enhardis.”

La Chine appelle à « garantir la sécurité » d’Ali Bongo

La Chine a appelé « les parties concernées » au Gabon à « garantir la sécurité » du président Ali Bongo. « La Chine suit de près l’évolution de la situation au Gabon et appelle les parties concernées à agir dans l’intérêt du peuple gabonais […], au retour immédiat à l’ordre normal, et à garantir la sécurité personnelle d’Ali Bongo », a indiqué devant la presse un porte-parole de la diplomatie chinoise, Wang Wenbin.

Aucune information n’a été communiquée quant à la situation dans laquelle se trouve le dirigeant alors que des militaires semblent avoir pris le pouvoir.

Les activités du groupe minier français Eramet « mises à l’arrêt »

Les activités du groupe minier français Eramet ont été « mises à l’arrêt » au Gabon après un coup d’Etat militaire dans le pays visant le président sortant Ali Bongo, a déclaré ce mercredi la société.

« Suite aux derniers événements en cours », le groupe a « mis à l’arrêt » ses activités au Gabon et « suit » la situation pour « protéger la sécurité de (son) personnel et l’intégrité de (ses) installations », a-t-il précisé. Eramet emploie quelque 8 000 personnes dans le pays, majoritairement gabonaises.

 

Le Gabon, l’un des plus riches pays d’Afrique

Le Gabon est l’un des pays les plus riches d’Afrique en PIB par habitant (8 820 dollars en 2022 -8 116 euros-), grâce à son pétrole, son bois et son manganèse notamment, et une faible population (2,3 millions d’habitants).

  • Il est parmi les tout premiers producteurs d’or noir d’Afrique subsaharienne. En 2020, cette ressource a représenté 38,5% de son PIB et 70,5% de ses exportations, selon la Banque mondiale. Mais l’économie, que le pouvoir ne parvient pas à diversifier suffisamment, dépend encore trop fortement des hydrocarbures, et un habitant sur trois vivait sous le seuil de pauvreté fin 2022, selon la Banque mondiale.
  • Des Gabonais acclament les putschistes

Plusieurs vidéos partagées sur les réseaux sociaux témoignent de scènes de liesse au sein de la population gabonaise, quelques heures après le coup d’État. Forces de l’ordre et militaires sont acclamés aux cris de « Liberté ! ».

Internet rétabli après trois jours de coupure

L’internet a été rétabli au Gabon quelques heures après le coup d’État militaire et trois jours après avoir été coupé par le gouvernement qui invoquait des risques de violences le jour de la présidentielle, a constaté mercredi un journaliste de l’AFP.

Juste après l’annonce officielle, dans la nuit, de la victoire du président sortant Ali Bongo Ondimba, un groupe d’une douzaine de militaires a affirmé à la télévision d’État avoir « mis fin au régime en place ».

Environ 370 militaires français présents dans le pays

La France dispose au Gabon d’une des quatre bases militaires permanentes pré-positionnées en Afrique (avec Dakar, Djibouti et la Côte d’Ivoire).

Au total, 370 militaires tricolores sont stationnés sur le sol gabonais dans le cadre d’actions de coopération régionale. Parmi eux, le 6e bataillon d’infanterie de marine (6e BIMa) et des membres de l’unité aérienne (EA470).

Les Bongo, une dynastie au pouvoir depuis plus de 55 ans

Le pays a compté seulement trois présidents depuis son indépendance de la France en 1960. Il a été dirigé pendant plus de 41 ans par Omar Bongo Ondimba, jusqu’à ce que son fils Ali soit élu après sa mort en 2009.

Omar Bongo, respecté pour ses médiations dans plusieurs crises africaines, fut aussi un pilier de la « Françafrique », système de cooptation politique, réseaux et chasses gardées commerciales entre Paris et ses anciennes colonies du continent. Son fils Ali a pris ostensiblement ses distances avec l’ancienne puissance coloniale à peine élu.

Neuf autres de ses enfants sont mis en examen dans l’enquête menée depuis 2010 par la justice française sur les « biens mal acquis », patrimoine immobilier constitué en France avec de l’argent public détourné du Gabon.

Aucune nouvelle du président Ali Bongo

Aucune nouvelle du président gabonais Ali Bongo n’a été communiquée depuis la prise de parole à la télévision gabonaise d’un groupe de militaire putschiste tôt ce matin.

Aucune indication ne permet d’affirmer où se trouve le dirigeant gabonais alors que parmi les militaires figurent des membres de la garde présidentielle.

Des « fraudes orchestrées par le camp Bongo » selon le principal opposant

Selon les résultats communiqués dans la nuit, le principal rival d’Ali Bongo, Albert Ondo Ossa, n’a recueilli que 30,77% des voix à la présidentielle -les douze autres candidats n’ont décroché que des miettes.

Albert Ondo Ossa avait dénoncé des « fraudes orchestrées par le camp Bongo » deux heures avant la clôture du scrutin samedi, et revendiquait alors déjà la victoire. Lundi, son camp a exhorté Bongo à « organiser, sans effusion de sang, la passation du pouvoir » sur la base d’un comptage effectué par ses propres scrutateurs mais sans produire de document à l’appui.

Ondo Ossa, 69 ans, avait été choisi seulement huit jours avant le scrutin par la principale plateforme des partis de l’opposition, Alternance 2023, au terme d’une âpre lutte entre six prétendants. Ce qui n’avait laissé que six jours à ce professeur agrégé d’économie à l’université de Libreville, et ancien ministre d’Omar Bongo, pour faire campagne.

(Avec source externe)