(20% comme seuil d’attribution des sièges de député, un autre os dur à croquer pour les partis politiques)
L’Assemblée nationale a modifié le Code électoral le 5 mars. Le seuil d’éligibilité des partis à l’attribution des sièges de député est l’une des modifications du nouveau code. Il passe de 10% au plan national à 20 % au moins dans chacune des 24 circonscriptions électorales. Un os dur à croquer pour les partis politiques aux prochaines législatives de 2026. Ils doivent aussi ramener les béninois nombreux aux urnes.
Les conditions d’éligibilité des partis politiques à l’attribution des sièges au parlement sont désormais corsées. De la mer à boire pour certains partis politiques, en plus du faible taux de participation enregistré depuis les législatives de 2019.
En effet, les modifications apportées à la loi électorale concernent plusieurs dispositions dont l’article 146 relatif au seuil d’éligibilité des listes à l’attribution des sièges de député.
Désormais, « seules seront éligibles à l’attribution des sièges, les listes ayant recueilli au moins 20% des suffrages valablement exprimés dans chacune des circonscriptions électorales législatives ». « Toutefois, pour les partis politiques ayant conclu et déposé à la CENA, préalablement à la tenue du scrutin, un accord de coalition parlementaire, il sera procédé, pour le calcul du seuil prévu à l’alinéa précédent, à la somme des suffrages de ceux ayant recueilli au moins 10% des suffrages exprimés au plan national », prévoit dorénavant le Code électoral.
Lors des débats, les députés de la majorité parlementaire ont soutenu que l’introduction de cette nouvelle disposition s’inscrit dans le cadre du renforcement de système partisan. « La recommandation n°2 du dialogue politique d’où on a tiré l’essence de la loi 2019-43 en cours de modification et de complément dit, en son alinéa 3, : »préserver la prépondérance des partis politiques dans les compétitions électorales et assurer la promotion de ceux qui sont suffisamment représentatif au niveau national » », a fait savoir Orden Alladatin, président de la commission des lois.
Pour l’opposition, il s’agit ni plus ni moins d’une disposition pour exclure. « Si cette loi est douce, elle le sera pour tout le monde. Si elle est sévère, elle concernera tout le monde », a réagi le député Alladatin, soutien du président Patrice Talon.
Avant l’amendement intervenu lors de la relecture du Code électoral , le seuil d’éligibilité à l’attribution des sièges était de 10% au plan national. Lors des élections législatives organisées en janvier 2023, seuls trois partis politiques avaient réussi à remplir ce critère: l’UP-R, le BR et LD.
Du pain sur la planche
En 2023; le taux de participation est officiellement de 37,79% selon la Cour, soit diminué d’un point par rapport aux 38,66% de la CENA. Les trois partis, UP le Renouveau, le BR et les Démocrates raflent les 109 sièges du parlement à raison de 53 pour le premier, et 28 pour chacun des deux derniers. Aux prochaines élections, les partis politiques ont du travail.
En effet, aux législatives de 2019, le taux de participation finalement proclamé par la Cour Djiogbénou est de 27,12 % . Un taux très faible. Pourtant, depuis 1991, aucune élection au Bénin n’a enregistré une participation en dessous de 50%. Les mauvais chiffres ont commencé en 2019 avec les élections non inclusives du gouvernement de la rupture. Les 38% de taux participation relevés lors des législatives du 8 janvier 2023 devraient faire réfléchir les acteurs politiques.
Pour la petite histoire, décryptant les chiffres de 2023, Orden Alladatin de l’Union progressiste pour le renouveau analyse que « l’absence de certains acteurs dans le jeu n’a rien à voir avec le faible taux de participation ». En clair, la présence des Démocrates, parti d’opposition, n’a pas inversé les courbes. Guy Mitokpè du parti LD, s’en prend lui à l’organisation du vote et fait remarquer que « beaucoup d’électeurs n’ont pas trouvé l’endroit où ils devaient voter». Une équation que devrait résoudre la CENA lors des prochaines élections.
Un autre opposant estime que les électeurs n’ont pas oublié les violences meurtrières de 2019 et ont préféré rester chez eux.
Et pour certains abstentionnistes questionnés, ils disent avoir douté de la fiabilité et du sort qui sera réservé à leur suffrage. Un manque de confiance, mais également une désaffection pour la chose publique. « Les élections ne changent pas notre quotidien ; ils sont tous les mêmes, ces politiciens », font savoir quelques électeurs sur RFI.
Quelle recette miracle proposent les partis politiques pour ramener les Béninois nombreux aux urnes. Les acteurs politiques ont donc l’obligation de prêter une oreille attentive à ceux qui se sont abstenus, recommande un acteur de la société civile. Et surtout avec le seuil d’attribution des sièges de député qui passe à 20%, les partis qui seront en lice ont du pain sur la planche.
Blaise T.