Voici bientôt quatre (4) ans que Mme Eléonore YAYI est à la tête du Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique, mais un constat amer saute à l’œil des acteurs des universités publiques. C’est la problématique du recrutement d’enseignants en nombre suffisant au profit des universités pour s’acquitter convenablement de leur mission de formation, c’est-à-dire un « homme, une mission et des moyens ».
Depuis décembre 2016 au lancement du ‘’Programme d’Actions du Gouvernement (PAG) Bénin Révélé’ au cours duquel madame la Ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique avait annoncé, le recrutement de 1.535 Assistants enseignants entre 2016 et 2021, le bilan s’est révélé amer et regrettable. Sur cet effectif annoncé, seulement 184 ont été effectivement recrutés à ce jour en 2023 alors que les départs à la retraite ont dépassé les 250 personnes. Pire, la nomination de la ministre Eléonore YAYI à la tête du MESRS en 2019 que certains croyaient pouvoir donner un coup d’accélérateur aux choses, s’est révélée comme un leurre, un sérieux handicap pour les universités publiques. Pour preuve, depuis sa nomination en 2019, aucun enseignant chercheur n’a été recruté au profit des universités publiques. Sa nomination est venue comme pour prolonger le gel de recrutement au profit des universités entamé sous sa prédécesseure. Il en est ainsi du recrutement des chercheurs au profit du CBRSI.
Pendant ce temps, les effectifs des étudiants dans les universités publiques ont presque doublé. Les effectifs des apprenants/ étudiants à l’UAC sont passés de 69.000 en 2016 à plus de 100.000 en fin 2022. Un tel effectif d’apprenants devrait être encadré par environ 4.000 enseignants chercheurs mais l’UAC n’a aujourd’hui qu’environ 800 actuellement.
La réforme dénommée « nouveau mode de recrutement des enseignants des universités », introduite par le Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique (MESRS) n’a pas non plus permis de mettre à disposition des universités le personnel enseignant nécessaire.
Face à cette situation de manque criard d’enseignants chercheurs dans les universités du fait de non recrutement, les départs massifs à la retraite de certains, les décès d’autres, des heures supplémentaires sont exécutées par certains encore en activité. Mais depuis l’avènement de Mme Eléonore YAYI à la tête du MESRS, le paiement de ces heures supplémentaires est devenu hypothétique à ce jour. Aucune heure supplémentaire effectuée 2019 n’est payée à ce jour.
En dehors du non recrutement d’enseignants chercheurs en nombre suffisant pour encadrer, former, recycler les cadres supérieurs qui contribuent et contribueront au développement du pays, il y a aussi le manque criard des infrastructures à savoir amphithéâtres, salles de cours (de grandes, moyennes et petites tailles), pour les travaux dirigés et travaux pratiques au profit des étudiants malgré le nombre croissant de ceux-ci dans les universités publiques. A cela s’ajoute le manque d’équipements et matériels didactiques dans les laboratoires de recherche pour les travaux pratiques; la non création de laboratoires spécialisés de langues pour les départements qui forment en langues africaines et en langues étrangères (Anglais, Espagnole, Allemand, etc.).
Tout ceci, pour montrer à l’opinion publique nationale et internationale que les étudiants des universités publiques et les enseignants chercheurs du Bénin travaillent dans de très mauvaises conditions…. Même les services sociaux (transport bus, fonctionnement des restaurants universitaires, hébergement des étudiants) au profit des étudiants sont limités au strict minimum.
Au regard de ce qui précède, n’est-on pas en droit de se demander si les gouvernants n’ont pas une volonté de plomber les efforts consentis individuellement et collectivement par des enseignants des universités publiques pour le rayonnement, la compétitivité des universités publiques ?
En Assemblée générale le vendredi 10 mars 2023, les partenaires sociaux (syndicats) ont dit avoir souvent tiré sur la sonnette d’alarme, mais depuis environ quatre (4 ans), Mme Eléonore YAYI et son Cabinet tournent en rond et jouent au cache-cache avec la communauté universitaire. Ils ont étalé au grand jour leur mauvaise volonté dans la résolution des problèmes des universités, ont-ils conclu.
Ces partenaires sociaux les invitent à faire preuve d’un peu de bonne foi, de responsabilité, d’œuvrer pour le financement des secteurs de l’enseignement et de la recherche scientifique.
Une analyse de Prince YADODE (Philosophe)