C’est la psychose au sein de la population et des acteurs des carrières de graviers à Dévé dans la commune de Dogbo. En l’espace de deux mois, quatre décès ont été enregistrés dont trois dans une seule journée.
Les acteurs de l’exploitation de gravier à Dévé ont la peur au ventre. Toutefois, certains poursuivent les activités. Les habitants de la commune de Dogbo et environs et précisément de Dévé qui trouvent, dans l’exploitation de graviers, un moyen de se procurer de revenus pour subvenir à leurs besoins quotidiens, sont de plus en plus exposés à la mort.
Quatre décès en deux mois sur les sites d’extraction de graviers
En effet, l’extraction de graviers sur des sites de l’arrondissement de Dévé a causé ces derniers jours des pertes en vie humaine. En octobre et en novembre 2020, en l’espace de deux mois, il a été dénombré quatre décès.
Vendredi 20 novembre, le site situé à Adidevo Kponou, où l’exploitation de graviers est intense a compté trois morts et deux blessés. A l’origine des décès enregistrés, informent des témoins, l’extraction artisanale du gravier sur le site. Sur le site d’Adidevo Kponou, le constat est triste. Ici, l’extraction de graviers se fait à la pelle, à la pioche et au tamis. Un ouvrier qui a requis l’anonymat, explique les quatre phases de l’exploitation sur des sites: le décapage, l’extraction, le tri et parfois le lavage. Ici à cause de l’absence de bulldozer, l’extraction artisanale du gravier est la méthode la plus utilisée. Elle rend pénibles les conditions de travail. D’ailleurs, la plupart des opérations se déroulent sans assistance technique, fait savoir un autre ouvrier. C’est la première étape de l’extraction de graviers qui est à la base des grands risques. Elle consiste à utiliser la pioche pour enlever les graviers du sous-sol. C’est une étape qui nécessite l’usage de la force. Elle est donc destinée aux hommes, rarement des femmes. Le produit qui y sort passe par un premier tamis pour sortir le « gravier tout venant ».
A la quête du gain, les ouvriers se lancent souvent des défis. Ils se lancent à l’extraction des gisements ou à l’enfouissement de niveaux plus riches mais plus profonds. Un pari qui les amène souvent à creuser des trous allant de 10 à 20 mètres de profondeur au moins. Ces ouvriers sont des fois contraints à l’utilisation d’échelle, ce qui constitue des risques de dangers plus élevés. Les ouvriers font souvent face à des accidents mortels surtout lors de l’extraction.
En octobre 2020, une personne est décédée au cours de l’extraction artisanale de graviers. C’est une situation qui a entraîné l’emprisonnement d’un exploitant, selon des sources concordantes. Et cette fois en novembre c’est le tour de trois ouvriers de perdre la vie. Sur le site de Adidevo Kponou où le drame est survenu, nos démarches pour écouter l’exploitant sont restées vaines. D’aucuns font croire qu’il serait en fuite.
Pourtant une note du ministre des mines interdit l’extraction artisanale
Faut-il le souligner, les terres agricoles s’amenuisent à cause des espaces occupés par les carrières d’exploitation de gravier mais également par la dégradation des surfaces cultivables du fait de l’érosion des rebus et les risques sur les sites. Aussi suite à la réorganisation du secteur, les autorités ont pris d’importantes décisions.
En effet, suite à la réforme engagée dans le cadre de la réorganisation de la filière de l’artisanat minier afin d’assurer un meilleur suivi de l’activité, un projet de notice environnementale a été établi et attend d’être étudié par le ministère du cadre de vie et du développement durable. Le ministère de l’eau et des mines a sorti une décision en date du 20 août 2020 portant « suspension de la réception des demandes d’autorisation d’exploitation artisanale des ressources ». Cette note a été adressée à tous les directeurs départementaux de l’eau et des mines. Dans cette correspondance signée par le secrétaire général adjoint du ministère, Youssouf ABOU, les directeurs départementaux de l’eau et des mines sont invités à « prendre des dispositions utiles pour surseoir à la réception des demandes d’autorisation d’exploitation jusqu’à nouvelle ordre et veiller à ce que les requérants cessent en ce qui le concerne les travaux d’exploitation sur leur site ». En dépit d’une telle décision, la pagaille se poursuit sur des sites jusqu’à causer des pertes en vie humaine dans le Couffo. Et sur ces carrières de graviers, l’existence d’équipe pour gérer les risques et catastrophes naturelles est à désirer. Le Préfet du département et les autorités à divers niveaux surtout celles du ministère de l’eau et des mines sont interpellés pour mettre fin à cette situation inquiétante dans l’arrondissement de Dévé dans la commune de Dogbo.
Armelle C. CHABI
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Des évangéliques organisent des séances de prières pour conjurer le « mauvais sort »
Y a-t-il un mauvais sort jeté contre l’arrondissement de Dévé ? Face aux cas d’accident et de décès sur les carrières d’exploitation de graviers, l’évangéliste Jean FANGBEDJI du camp de prière de Pahou a organisé du vendredi 20 au dimanche 22 novembre une séance de prière qui a rassemblé des évangéliques sur le terrain de football de l’école primaire publique de Dévé.
Selon les informations, vendredi 20 novembre, avant l’ouverture de la séance de prières qui a rassemblé des fidèles d’églises évangéliques en présence d’autorités politico-religieuses, cinq ouvriers ont été ensevelis par un amas de graviers qui est tombé du haut sur eux alors qu’ils essayaient d’extraire en profondeur du gravier sur le site d’Adidevo Kponou. Deux personnes sont mortes sur le champ. Deux autres ont été transportés à l’hôpital pour les soins. Ils seraient hors de danger. Le corps de la troisième personne décédée a été découvert 72 heures après le drame.
A travers cette séance de prières, des chrétiens ont joué leur partition en implorant la miséricorde de Dieu sur les populations de la localité et les ouvriers dont la plupart proviennent d’autres communes. Il reste aux autorités à) divers niveaux de jouer leur partition en faisant appliquer les textes afin que les sépulcres creusés à l’air libre sur ces carrières de graviers disparaissent.
A.C.C.