La probabilité d’un réajustement des prix de l’essence et du gasoil à la pompe est forte. Il suffit de lire et de comprendre cette opinion sur les réseaux sociaux ce mardi 11 octobre 2022. Quid du prix de l’essence de la contrebande au cas où le gouvernement procèderait à un eventuel réajustement ? Les effets de la crise économique mondial pourraient s’accentuer. Mais que faire? Lisez ci dessous l’opinion de G.L. intitulée « réajuster les prix ou périr ».
« Avec la crise des hydrocarbures corollaires de la Guerre en Ukraine, le prix du pétrole fait son yoyo sur le marché international et vient de connaître une nouvelle augmentation, suite à la réduction de la production de l’or noir par les pays de l’OPEP+. Par contre, le Gouvernement béninois maintient le statu quo sur les prix…Un risque majeur.
Au regard de la dynamique sur le marché mondial des hydrocarbures, le Gouvernement du Bénin peut-il maintenir pour longtemps les prix de l’essence et du gaz oil ? Cela n’est tenable ni économiquement ni objectivement. Et ce serait tout logique et impérieux que les autorités du Bénin procède prochainement à un réajustement des prix à la pompe, notamment pour l’essence et le gazoil. La dernière hausse des prix à l’international remonte à la veille de la réunion à Vienne en Autriche des pays de l’OPEP+. Dès l’annonce de la réduction de la production mondiale de l’or noir, les prix sont immédiatement repartis à la hausse. Malgré cette conjoncture internationale défavorable, le Gouvernement du Bénin a maintenu ses subventions massives au profit de ces produits afin de soutenir le pouvoir d’achat et soulager les consommateurs. Et pourtant, dès janvier 2022, Patrice Talon avait promis que ces subventions seraient maintenues sur une durée de trois mois, soit jusqu’en juin 2022. Près de 6 mois après cette échéance, les prix sont maintenus grâce aux subventions massives de l’Etat.
Avant la guerre en Ukraine, l’Etat subventionnait les produits pétroliers à hauteur de 5 milliards FCFA en moyenne par mois. Depuis les effets pervers de cette guerre, le niveau de subvention est monté à plus de 12 milliards FCFA par mois, soit plus de 70 milliards FCFA en 6 mois. Ce qui représente un effort énorme. Dans le contexte actuel, le juste prix de l’essence, par exemple, serait d’environ 900 FCFA/l et celui du gazoil de 1.100 FCFA/l. Ces prix réels montrent que rien que sur le gazoil, c’est une subvention de 400 FCFA/l qui est toujours consentie par l’Etat.
Dos au mur…
tous les pays, notamment les importateurs africains se retrouvent dos au mur. Ils sont contraints à un inévitable réajustement des prix qui ne saurait tarder. Alors, on peut se demander par quel miracle le Bénin pourrait échapper à ce qui est devenu une nécessité. Patrice Talon se retrouve face désormais face à une alternative : réajuster les prix ou prendre le risque d’une pénurie inévitable qui paralyserait toute l’économie nationale. Aucun gouvernement responsable n’opterait pour mettre en péril le tissu industrie et les emplois ; ce qui, du reste, plomberait la consommation. Les investissements dans d’autres secteurs vitaux pour les populations s’en trouverait, par ailleurs, hypothéqué. La Guerre en Ukraine est la principale cause de l’inflation ambiante sur le plan international. Et rien n’augure de la fin des hostilités pour bientôt.
On comprend don aisément pourquoi, dans la sous-région, le Bénin est un des rares pays sinon le seul à avoir maintenu les prix à leur niveau de mars. Certains pays ont déjà procédé, depuis le début de l’année, à 2, 3 ou 4 réajustements des prix à la pompe, pour tenir compte de la réalité.
La réalité des prix
L’on peut observer qu’en Côte d’Ivoire, le litre d’essence est passé de 735 FCFA à 775 FCFA depuis le 1er octobre ; et celui du gazoil de 615 à 655 FCFA. Au Togo, pour compter de juillet dernier, le litre de l’essence est passé de 625 à 700 francs CFA. De 660 F CFA, celui du gazoil est monté à 850 FCFA/l soit une hausse de 190 FCFA par litre. Au Niger, pour compter du 1er août 2022, le prix du litre de gazoil a explosé, passant de 538 à 668 FCFA soit une augmentation de 130 FCFA/l. Au Burkina Faso depuis mi-août 2022, l’essence est passée de 715 à 750 FCFA le litre, et le gazoil de 645 F CFA à 675 F CFA. Il est important de remarquer que le Niger et la Côte d’Ivoire, pays producteurs de pétrole, ont été obligés d’ajuster les prix à la hausse. Ce qui indique bien qu’ils n’avaient pas le choix et que le niveau de relèvement aurait pu être plus significatif s’ils n’en produisaient pas. Face à ces dures réalités, le Bénin ne peut maintenir le statu quo pour longtemps : ajuster les prix de l’essence et du gaz oil devient un impératif ».
Par Gaston LOKOSSOU