Bénin : Présidentielle de 2021: Lettre ouverte d’un citoyen béninois au Président Talon

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Samuel Coffi Dayou, un citoyen béninois, se prononce sur la probable candidature du Président de la République  Patrice Talon à l’élection présidentielle d’avril 2021 au Bénin. Arguments à l’appui, il lui demande, par une lettre ouverte ,  de « tenir parole comme Nelson Mandela sa référence »  tout en lui sélectionnant deux dauphins : Olivier Bocco et Romuald Wadagni, pour « la continuité de la Rupture ».

 

LETTRE OUVERTE AU PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE AU SUJET DE SA PROBABLE CANDIDATURE A L’ELECTION PRESIDENTIELLE DE 2021

 

Monsieur le Président de la République

Je vous félicite tout d’abord pour les actions et exploits réalisés au Bénin depuis 2016. J’ai été heureux de vous voir occuper ce poste. Je vous rappelle que je fais partie de ceux-là qui étaient, à un moment donné,  à vos côtés au cours de la campagne présidentielle traduisant aux populations vos messages, votre vision. Je me permets à quelques mois de la fin de votre mandat de vous rappeler humblement certaines de vos promesses ou engagements d’abord face au peuple béninois à votre investiture le 6 avril 2016 et quelques jours après face au président de la République française et ensuite de vous faire une suggestion qui en vaut la chandelle pour votre éventuelle candidature à l’élection présidentielle de 2021 et la continuité de la Rupture.

1-Vainqueur de l’élection présidentielle de 2016 au Bénin avec plus de 65% des voix, vous avez prêté serment mercredi 6 avril à Porto-Novo. Dans votre discours d’investiture, vous vous êtes engagé à n’exercer qu’un seul quinquennat, une de vos grandes promesses de campagne. Nous qui croyons en vous, voyions un autre Mandela, cette fois ci sortir de l’Afrique de l’ouest. Et vous le disiez si bien aux populations que vous serez porté en triomphe à la fin de votre mandat unique.

2-Lors de votre première conférence de presse conjointe avec le président français FRANÇOIS HOLLANDE, vous avez dit : « (…) J’ai l’ambition, et j’aime bien le dire haut et fort : au terme de cinq années de faire le miracle. De réaliser cette magie(…) ».

Monsieur le Président de la république, prenez juste un peu de recul pour réécouter vos engagements : « Je ferai de mon mandat unique une exigence morale en exerçant le pouvoir d’Etat avec dignité et simplicité. Je m’acquitterai de mes devoirs de Président de la République avec humilité, abnégation et sacrifice pour le bien-être de tous. Je m’emploierai à faire de ce mandat un instrument de rupture et de transition devant aboutir à la mise en place des grandes réformes politiques et institutionnelles que nous avions tous appelées de nos vœux ».

3-Monsieur le Président, le pays, que vous avez l’insigne honneur de présider, a une âme. Vous avez prêté serment, la nature a enregistré et vous a exaucé. Oui, votre « mandat unique » qui s’achève reste et demeure « un instrument de rupture et de transition avec la mise en place des grandes réformes politiques et institutionnelles ». Voulez-vous vous détourner de cette promesse à votre peuple qui a cru en vous ? A ces millions de personnes qui voyaient en vous un messie?

Monsieur le Président, rappelez-vous de cette coalition de 24 candidats du premier tour qui vous a soutenu et le vaillant peuple Béninois avec. Ils vous ont permis de remporter le second tour de la présidentielle de 2016, avec 65,37% des voix contre 34,63% pour votre challenger  LIONEL ZINSOU qui avait pourtant une armada d’acteurs politiques derrière et leurs pseudo militants. Le peuple n’est pas dupe. Ceux qui aujourd’hui vous appellent à dire OUI à un second mandat devaient vous laisser respecter votre engagement. Autrement, ils ne vous aiment pas comme ils le font croire ; ils ne vous rendent pas service.

4-Monsieur le Président, jetez un regard sur les mandats de deux de vos prédécesseurs, le Général MATTHIEU KEREKOU et  THOMAS BONI YAYI et tirez-en les grands enseignements.

Si nous prenons ces deux personnalités malgré le nombre d’années passé au pouvoir, aucun d’entre eux n’a réussi à préparer et à faire élire à la magistrature suprême un dauphin. Pourquoi cela?

Vous avez certainement bien compris que les avatars du multipartisme intégral et ses corollaires au Bénin du renouveau démocratique ainsi que le mercantilisme d’acteurs politiques à la limite de « politiciens commerçants », comme on aime les appeler, constituent de véritables raisons.

5-Monsieur le Président, avec les réformes du système partisan et les autres réformes politiques, vous avez ainsi donné aux acteurs politiques une boussole, une clé pour faire élire à la tête de notre cher et beau pays le Bénin un homme issu d’un parti politique  organisé. C’est tout à votre honneur et les générations futures vous le revaudront. N’êtes-vous pas ainsi porté en triomphe à travers cette réforme et d’autres actions visibles dans le pays?

En un seul mandat,  vous avez tenu plusieurs promesses. OUI. Et vous convenez avec  moi que le chantier est vaste. Vous l’avez annoncé dans votre discours d’investiture : « …la tâche paraît immense mais ce n’est pas œuvre impossible si les actions à entreprendre s’appuient sur une vision claire ainsi que sur les compétences et les atouts dont nous disposons ».

6-Monsieur le Président, si nous nous referons à l’adage selon lequel «  Tant qu’il reste à faire, il y a des choses à parfaire», c’est dire qu’un être humain élu Président d’une république, toute sa vie durant sur terre, ne pourra jamais accomplir toutes les tâches et satisfaire les préoccupations de son peuple.

Tenant grand compte de cela, il m’a plu avec humilité de vous rappeler votre engagement, celui de faire un mandat unique. En le respectant, vous aurez alors tenu parole ; la parole d’un chef étant sacrée. Et j’ose croire que vous tiendrez parole.

7-Vous vous posez actuellement plusieurs questions qui ont leurs réponses. L’une de ces préoccupations qui taraudent certainement votre esprit est de savoir qui vous succédera ? D’autres avant vous et dans d’autres pays ont vécu votre situation et ont en leur temps trouvé la solution. Je vous invite juste à vous inspirer du cas du Président russe, Vladimir Poutine. Dmitri Medvedev a été son fidèle allié puis  candidat à l’élection présidentielle de mars 2008. Medvedev a promis de s’inscrire dans la continuité des politiques de son prédécesseur, ce qu’il a fait…Monsieur le Président, vous avez parmi vos proches des compétences, des hommes clés capables d’être votre dauphin. Je vous sélectionnerai deux : Monsieur Olivier Bocco et Monsieur Romuald Wadagni. Vous êtes le seul capable de juger leurs compétences et la suite à donner.

 

8-Monsieur le Président, c’est la sélection par le mérite et l’observance des valeurs qui font la qualité d’une gouvernance. Parmi ces deux hommes sélectionnés, le premier, Monsieur  Olivier Bocco est votre ami sincère, le fidèle des fidèles. En pays adja, un ami sincère est votre silhouette.

Le second Monsieur Romuald Wadagni, c’est votre comptable, votre argentier. Celui qui vous compte votre argent est votre œil. Il est considéré comme celui qui tient le bâton d’un aveugle.

Vous trouverez certainement parmi ces deux personnalités, votre dauphin. L’un d’entre eux peut valablement briguer le prochain mandat, bien garder la maison et réussir la continuité dans l’action de la Rupture qui reste un pacte entre vous et votre peuple afin de mettre fin à ce mythe de dauphin qui reste une équation difficile pour vos prédécesseurs.

Monsieur le Président, nous qui vous aimons et la majorité du peuple voudrions vous voir tenir parole comme Nelson Mandela votre référence, tenir votre ferme engagement pris devant le peuple béninois et devant le monde représenté ce 6 avril 2016 au stade Charles de Gaulle à Porto Novo.

Avec mes respectueux hommages, je vous prie d’agréer, Monsieur le Président de la République, l’expression de ma très haute considération.

 

Cotonou, le 14 Octobre 2020

DAYOU Coffi Samuel                                       

Citoyen libre

Tel: 97584540

Email: samuelgeant74@gmail.com

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