Après plusieurs semaines de flottement, la Russie renforce ses mesures de confinement pour lutter contre l’épidémie de Covid-19. L’exemple est venu du sommet de l’État avec l’annonce, mercredi 1er avril, que le président Vladimir Poutine avait opté pour le télétravail.
« Le président préfère ces jours tout faire par télétravail » depuis sa résidence de Novo-Ogarevo, près de Moscou, a déclaré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, à quelques minutes d’une réunion entre Vladimir Poutine et le gouvernement russe, qui devait avoir lieu inhabituellement par vidéoconférence. « Tout le monde observe maintenant la distanciation sociale », a ainsi répondu le porte-parole à la question de savoir si Poutine continuerait à serrer la main de ses interlocuteurs.
Cette déclaration intervient alors que le médecin-chef du principal hôpital moscovite traitant les malades du Covid-19, qui avait accueilli Vladimir Poutine dans son établissement la semaine dernière, a annoncé mardi être infecté.
Denis Protsenko, le médecin-chef de l’hôpital de Kommounarka, en banlieue de Moscou, devenu le principal établissement traitant les malades du Covid-19, a annoncé mardi être infecté, mais ne pas avoir de symptômes inquiétants. Le 24 mars, il avait accueilli dans son établissement Vladimir Poutine, 67 ans, lors d’une visite très médiatisée.
Traçage numérique des personnes confinées
L’annonce du télétravail de Vladimir Poutine fait suite à la décision du gouvernement, mardi, de resserrer du traçage numérique pour contrôler le respect du confinement.
Le Premier ministre russe, Mikhaïl Michoustine, a notamment ordonné aux ministères russes des Communications et de l’Intérieur « avec l’aide des opérateurs de téléphonie mobile » de contrôler que toutes les personnes placées en confinement à domicile après un séjour à l’étranger respectent bien cette mesure.
À Moscou, où un confinement est imposé à l’ensemble de la population depuis lundi, le maire Sergueï Sobianine a ordonné de faire de même pour les 12 millions d’habitants officiellement recensés.
Sergueï Sobianine avait déjà indiqué vouloir mettre en place à cette fin un « contrôle absolu » grâce aux nouvelles technologies, notamment son énorme réseau de caméras de surveillance à reconnaissance faciale.
De son côté, le groupe Yandex, leader russe du numérique avec son moteur de recherche et ses applications de géolocalisation, a mis en place une « carte de l’auto-isolement » des grandes villes russes afin d’y évaluer grâce aux données de ses utilisateurs le respect des mesures de confinement.
Parallèlement les députés russes ont adopté mardi des punitions sévères en cas d’infractions au confinement, allant de 500 000 roubles d’amende (5 800 euros au taux actuel) à sept ans de prison suivant les cas.
Avant la crise du coronavirus, de nombreuses ONG ont dit craindre que le pouvoir russe investisse dans les nouvelles technologies afin d’exercer un contrôle accru sur la population.
La moitié de la population russe est placée depuis lundi en confinement pour empêcher la propagation du Covid-19. Quelque 2 777 cas ont été officiellement recensés dans le pays, dont 24 décès.
Avec AFP