Plusieurs analyses font croire le retour au parlement du ministre de l’intérieur, Sacca Lafia et celui de la décentralisation Alassane Seidou (tous deux élus députés aux législatives 2019) au cas où ils ne seront pas maintenus au sein du prochain gouvernement. Surtout avec l’élection de Mariam Chabi Talata Zimé à la vice-présidence de la République et le décès de Alidou Démonlé Moko. Pure hérésie. Et pour cause.
Pourra ou n’e pourra pas ? Elu député aux législatives 2019, Sacca Lafia, ministre de l’intérieur, a laissé sa place à sa suppléante Mariam Chabi Talata Zimé élue par la suite vice-présidente de l’Assemblée nationale. À la présidentielle du 11 avril 2021, le destin politique de Mariam Chabi Talata Zimé change. Elle est élue vice-présidente de la République. Colistière du candidat Patrice Talon, Mariam Chabi Talata Zimé va devoir quitter le 23 mai prochain son poste actuel de vice-président de l’Assemblée nationale. Et plusieurs font croire que le ministre Sacca Lafia dont elle est la suppléante pourra retourner au Palais des gouverneurs.
En effet, les défenseurs de cette analyse se basent sur l’Article 92 nouveau de la Loi N°2019 – 40 du 07 novembre 2019 portant révision de la loi n°90-32 du 11 décembre 1990 portant Constitution de la République du Bénin. Cet article stipule : « tout député nommé à une fonction publique, nationale ou appelé à une mission nationale ou internationale, incompatible avec l’exercice de son mandat parlementaire, suspend d’office celui-ci. Sa suppléance cesse à sa demande. » Et selon cette logique, celle qui était la suppléante du ministre Sacca Lafia va devoir laisser son fauteuil de député. Si le titulaire du poste, le ministre Sacca Lafia, est maintenu au gouvernement, le nombre de députés déjà réduit à 82 au lieu de 83 après le décès du député progressistes Alidou Démonlé Moko sera davantage réduit et cette fois-ci à 81 avec le départ de l’Assemblée Mariam Chabi Talata Zimé . Et pour certains analystes, Sacca Lafia pourrait retourner au parlement à la demande des progressistes dont le nombre est davantage réduit à l’Assemblée nationale malgré leur majorité.
Tout est donc clair
C’est aussi le cas du ministre Alassane Seidou remplacé alors par son suppléant, le désormais regretté Alidou Démonlé Moko, alors député de la huitième législature à l’Assemblée nationale. Alidou Démonlé Moko a tiré sa révérence le dimanche 14 juin 2020 des suites d’une courte maladie. Membre de l’Union Progressiste (UP), Alidou D. Moko a été suppléant du ministre Alassane Seïdou lors des législatives du 28 avril 2019. Il a fait son entrée au Parlement suite à la démission du ministre de la décentralisation et de la gouvernance locale Alassane Seïdou. Celui-ci pourra-t-il retourner au parlement s’il n’était pas reconduit au sein du premier gouvernement du second quinquennat du président Talon si l’on se réfère à l’article 92 cité supra? La réponse est NON. La loi ne le permet pas.
En effet, l’alinéa 4 de l’article 157-3 de la Loi N°2019 – 40 du 07 novembre 2019 portant révision de la loi n°90-32 du 11 décembre 1990 portant Constitution de la République du Bénin lève toute équivoque. Elle stipule : « les nouvelles dispositions régissant l’élection et le mandat des députés entrent en vigueur à l’occasion des élections législatives de 2023 ». Autrement, l’article 92 de la même loi ne sera applicable qu’aux députés élus en 2023. Cet article 92 de la Loi N°2019 – 40 du 07 novembre 2019 portant révision de la loi n°90-32 du 11 décembre 1990 portant Constitution de la République du Bénin qui stipule : « Tout député nommé à une fonction publique, nationale ou appelé à une mission nationale ou internationale, incompatible avec l’exercice de son mandat parlementaire, suspend d’office celui-ci. Sa suppléance cesse à sa demande » n’est pas donc applicable aux députés élus aux législatives 2019.
Tout est donc clair. Sacca Lafia et Alassane Seidou ne pourront pas retourner à l’Assemblée nationale à leur demande. Seul, le président Talon qui détient les pions et saura où les placer mieux qui maintenir décidera du sort de ces deux ministres du gouvernement, tout comme les autres d’ailleurs, s’ils vont poursuivre ou non l’œuvre de développement du Bénin avec lui et précisément dans son équipe gouvernementale.
E.A.T.