Les Lions indomptables, éliminés au premier tour de la dernière Coupe du monde, ont été battus mardi dernier par la Namibie (1-2) en éliminatoires de la CAN. La sélection féminine, les sélections intermédiaires et même les clubs engagés en compétitions africaines ne brillent pas non plus. De quel mal souffre en ce moment le football camerounais ? Diagnostic.
Depuis l’arrivée de Samuel Eto’o à la tête de la Fédération camerounaise de football en décembre 2021, le football camerounais traverse souvent des moments agités. Aujourd’hui, les supporters camerounais vivent très mal les éliminations en cascade des équipes dans les différentes compétitions. Pour les fanatiques des Lions indomptables, la cause des échecs est connue.
« Le Cameroun est en train de s’embourber dans la logique des récompenses des amis, lâche l’analyste sportif Siméon Péguy Nguechaou. Un coach [Rigobert Song, NDLR] doit être sur une chaise éjectable parce qu’il est soumis aux principes du résultat. Quand vous allez en conférence de presse et qu’un coach vous dit : « Je suis là jusqu’à la mort », ça veut dire qu’il est arrivé par d’autres moyens. Le président Samuel Eto’o a cherché ses amis. Pendant sa campagne pour devenir président de la fédération, il avait dit : « C’est au tour des footballeurs ». »
Modèle économique
Les clubs camerounais, à l’instar du Coton Sport engagé en Ligue africaine des champions, ne présentent pas une meilleure mine. La formation de Garoua a enregistré ce samedi sa 6e défaite dans cette compétition. François Ngoumou, conseiller technique de Coton Sport de Garoua, estime que l’absence d’un modèle économique pour le financement des équipes, explique cette piètre performance. « Coton Sport est tombé dans une poule avec des équipes de très, très haute facture. Al Ahly a un budget de près de 27 milliards de francs CFA. Al Hilal est dirigé par l’une des plus grosses fortunes du Soudan et Sundowns a égalmeent 27 milliards de budget. Coton Sport a un budget de 400 millions CFA par an. Nous ne pouvons pas rivaliser avec le grand pays que je viens de citer qui nous ont mené la vie dure ».
Face à la crise que traverse le football camerounais, Samuel Eto’o a réuni jeudi 30 avril tous les sélectionneurs des équipes nationales pour une thérapie de choc. Engelbert Mbarga, le Directeur technique national adjoint à la Fécafoot, revient sur cette concertation. « Il était question de faire une évaluation du parcours des différentes sélections nationales. De ce qui n’a pas marché. Comment on peut mieux faire ? Nous allons mettre en place une plateforme de collaboration entre les sélectionneurs nationaux et la Direction technique nationale pour toutes les questions relatives à la technique de la planification, c’est-à-dire la préparation des listes. »
« Un incroyable vivier de talents »
Au-delà de ces problèmes, les sélections camerounaises doivent être mieux structurées pour une meilleure cohésion des joueurs au sein des équipes. Placide Mévoua, président du Canon sportif de Yaoundé depuis trois ans, a réussi à hisser son équipe au sommet du championnat de Première division. Il a une idée de ce qu’il faut faire pour avoir une équipe performante. « Le Cameroun, c’est un incroyable vivier de talents. Si on ne prend que l’aspect Lion indomptable sous différentes catégories, on a de très bons joueurs et ils viennent de partout. Alors est-ce que le temps est suffisant pour bâtir une équipe quand ils se retrouvent ? C’est peut-être là le véritable problème. Il faut réaliser le football à la base. Lorsque, avec tous les talents que nous aurons mobilisés, on aura une équipe, je suis sûr que les résultats vont suivre. »
La renaissance du football camerounais devrait donc se faire à la base par une grande promotion du football jeune à travers l’organisation des championnats dans les différentes catégories. Ce modèle pourrait permettre au Cameroun de suivre le chemin du Sénégal qui a remporté les quatre compétitions majeures africaines en seulement une année.