Reporters sans frontières (RSF) a publié ce 3 août 2023 un communiqué intitulé « Suspension de RFI et France 24 au Niger : RSF dénonce une nouvelle atteinte à la liberté de la presse et au pluralisme de l’information au Sahel ». Sadibou Marong, le directeur de son bureau Afrique subsaharienne, explique que l’organisation avait commencé « à percevoir un certain nombre de signaux dans ce sens, avec des attaques contre des médias locaux » dans ce pays où un coup d’État s’est produit le 26 juillet.
La junte nigérienne a fait suspendre ce jeudi 3 août 2023 le signal de Radio France Internationale et de France 24 au Niger.
Sadibou Marong, directeur du bureau Afrique subsaharienne de Reporters sans frontières (RSF), dénonce une violation du droit du public à une information plurielle, dans un contexte sécuritaire déjà difficile dans le Sahel.
« Il est important également pour les médias locaux de se mobiliser »
« Nous avions dès le week-end dernier commencé à percevoir un certain nombre de signaux dans ce sens, avec des attaques contre des médias locaux, explique-t-il tout d’abord au micro de Claire Fages. Au moins deux équipes de reportages de télévision locales en ont été victimes et certains manifestants avaient commencé à s’en prendre à des correspondants internationaux ».
Il souligne : « Aujourd’hui la junte nigérienne suspend RFI et France 24. Pour RSF, c’est une décision qui viole délibérément le droit à une information plurielle de nombreuses populations qui écoutent RFI au Niger, et en majorité dans les langues locales. Beaucoup de citoyens suivent France 24 sur tout le territoire. Cette décision prive aussi les médias locaux, qui sont très nombreux, de sources d’informations fiables et indépendantes. »
Sadibou Marong ajoute : « Tout cela va créer un énorme vide dans l’espace médiatique du Niger. Dans un contexte sécuritaire déjà difficile dans tout le Sahel, comme nous l’avons vu malheureusement au Mali, qui a pris la même décision, au Burkina Faso, qui a pris la même décision. Dans ce contexte, le Niger décide de couper le signal de médias qui n’ont fait que leur travail. Pour nous, c’est une attaque inadmissible contre la liberté de la presse, contre la liberté de l’information et contre le droit à l’information. »
Le représentant de RSF conclut : « Nous dénonçons cette attitude de la junte nigérienne qui présage de lendemains difficiles pour les médias, y compris les médias locaux. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle il est important également pour les médias locaux de se mobiliser pour faire cesser toutes les entraves que nous voyons émerger depuis la semaine dernière avec des appels à lyncher des journalistes, avec des attaques directes contre des journalistes. Cela ne peut pas prospérer dans ce contexte-là, où les populations ont besoin d’information. »