« J’ai d’abord cru à des sornettes. J’étais dans le déni »
Le président dit avoir été mis devant les faits lorsque les « preuves » de l’activisme de son ami commençaient à s’accumuler. Puisque l’intéressé lui-même n’évoquait pas le sujet, Patrice Talon a pris l’initiative de crever l’abcès. « J’ai fini par l’interroger. Il m’a répondu que tout cela se faisait à l’insu de son plein gré, mais qu’il fallait bien laisser les gens s’exprimer. Je l’ai écouté, à demi rassuré ».
Selon le chef de l’Etat, c’est lorsque Olivier Boko s’est rendu compte que sa candidature « solitaire » ne pouvait pas prospérer « en dehors des partis », dans la mesure où le code électoral stipule que seuls les candidats désignés par un parti sont en mesure de compétir, « qu’il a commencé à penser au pire ».
Sans m’en rendre compte, j’ai créé un monstre qui, telle une araignée »
Selon Patrice Talon, en réalité, les ambitions de Boko n’étaient pas un « caprice d’enfant gâté », comme il l’a longtemps cru, « mais bel et bien une volonté déterminée d’exercer le pouvoir, tout le pouvoir, quitte à me déposer ».
Patrice Talon confie qu’Olivier Boko s’est laissé induire en erreur par « une cour de flatteurs qui l’encourageaient dans son ambition. Et c’est cela qui l’a perdu ».
Talon reconnaît qu’il a une part de responsabilité pour avoir laissé trop de pouvoir à son ami. « J’ai ma part de responsabilité, bien sûr. Sans m’en rendre compte, j’ai créé un monstre qui, telle une araignée, avait méthodiquement tissé sa toile dans tous les milieux de la vie publique : politiciens, magistrats, services de sécurité, hommes d’affaires », a-t-il affirmé. Le président Patrice Talon dit avoir vécu cette affaire de tentative de coup d’État « comme un drame, comme une tragédie intime ».
La Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET) a condamné Olivier Boko, Oswald Homeky et Rock Nieri à 20 ans de réclusion criminelle , assortis d’une amende de 1,5 milliard de FCFA chacun.
En dehors de la peine d’emprisonnement, les trois condamnés devront également verser 60 milliards de FCFA de dommages et intérêts à l’État béninois. Par ailleurs, la Cour a ordonné la confiscation de plusieurs biens saisis dans le cadre de l’affaire dont 1,5 milliard et le véhicule retrouvé au domicile de Oswald Homeky.
Mireine A.Y.