Écran de fumée ou réelle volonté de lutte contre la corruption ? Le procès portant sur l’achat d’un avion présidentiel et des contrats d’achats d’équipements militaires s’est ouvert, mardi 24 septembre, à Bamako. Une dizaine de personnes, dont d’anciens ministres et des militaires, ont été inculpés pour notamment « détournements de fonds » et « corruption », des affaires qui datent de 2014 sous l’ex-président Ibrahim Boubacar Keita
À l’ouverture du procès, un dispositif de sécurité impressionnant était sur les lieux, selon des témoins. Dans la salle d’audience, des journalistes ont reconnu au moins quatre des accusés : une ancienne ministre de l’Économie et des Finances, un ex-haut fonctionnaire à la présidence et deux hauts gradés de l’armée.
Demandes de la défense rejetées
Le premier jour du procès a été consacré aux exceptions soulevées par la Défense. Certains avocats ont par exemple demandé à la cour de se déclarer incompétente pour juger les affaires, car impliquant des ministres qui devraient plutôt être jugés par la Haute cour de justice. Toutes les demandes de la défense ont été rejetées.
Ce mercredi, les inculpés et leurs avocats sont décidés à démonter les accusations notamment de « corruption » et « d’atteinte aux biens publics », dans le cadre de l’achat de l’avion présidentiel en 2014 et des équipements militaires qui portent sur plus de 130 milliards de francs CFA.
Une « diversion »
Premier avocat général à la Cour suprême au moment où le dossier a été remis sur la table, Mohamed Chérif Koné, opposant actuellement en exil, estime que la junte déterre ces dossiers déjà classés pour faire « diversion ».
Reste un absent de taille à ce procès : Soumeylou Boubeye Maïga, ancien Premier ministre et ministre de la Défense au moment des faits. Il est décédé en détention. Très malade selon des médecins agréés, la junte s’était opposée à son évacuation sanitaire.