Ousmane Sonko a appelé à un concert de casseroles samedi soir pour protester « pacifiquement » contre l’interdiction de son meeting d’investiture. L’opposant au président sénégalais Macky Sall a été investi par son parti candidat à la présidentielle de 2024 malgré ses condamnations judiciaires.
L’opposant Ousmane Sonko, investi par son parti candidat à la présidentielle de 2024 en dépit de son éligibilité incertaine, a appelé à un concert de casseroles, samedi 15 juillet au soir, au Sénégal pour protester « pacifiquement » contre l’interdiction de son meeting d’investiture. Il a également appelé à « arborer une couleur rouge » pour protester et « poser des actes forts pour la paix ».
Ousmane Sonko a été condamné le 1er juin à deux ans de prison ferme dans une affaire de mœurs, un verdict qui le rend inéligible en l’état, selon ses avocats et des juristes. Par ailleurs, l’opposant a été condamné le 8 mai à six mois de prison avec sursis lors d’un procès en appel pour diffamation, une peine largement perçue comme le rendant inéligible pour la présidentielle. Mais il n’a pas encore épuisé ses recours devant la Cour suprême.
« Nous allons choisir une autre date (pour le meeting d’investiture). Macky Sall est toujours dans une entreprise de liquidation de Pastef (son parti) et pour m’empêcher d’être candidat » à la présidentielle, a déclaré vendredi soir Ousmane Sonko, dans des adresses en ouolof et en français sur la chaîne de son parti, en allusion à l’interdiction de son congrès d’investiture.
Le gouverneur de Dakar a annoncé jeudi dans un communiqué l’interdiction de ce rassemblement, prévu initialement samedi après-midi dans un stade dans la banlieue de Dakar, pour « risques de troubles à l’ordre public ».
À la place du meeting d’investiture, Ousmane Sonko a appelé vendredi à « organiser samedi soir, de 20 h 30 à 21 h (locales et GMT), un concert de casseroles, de klaxons et de pétards, une manière pacifique de manifester sa désapprobation, lancer un message de paix au président Macky Sall et lui demander de quitter le pouvoir dans la paix ».
Ousmane Sonko affirme qu’il « reste éligible »
Le président Macky Sall, élu en 2012 et réélu en 2019, a annoncé début juillet qu’il ne se présentera pas à la présidentielle de 2024.
L’investiture d’Ousmane Sonko a eu lieu jeudi lors d’une réunion de la Haute autorité de régulation du parti (HARP), un organe de Pastef, qui a validé les décisions issues des délégués des 46 départements du Sénégal et de la diaspora.
« À l’issue d’un processus d’investiture transparent et démocratique, Ousmane Sonko, jouissant de l’intégralité de ses droits civils et politiques, est désigné à l’unanimité des suffrages exprimés, candidat de Pastef-Les Patriotes pour l’élection présidentielle du 25 février 2024 », a indiqué sa formation dans un communiqué transmis vendredi à l’AFP.
En dépit des procédures judiciaires, « je reste éligible » à la présidentielle de 2024, a dit Ousmane Sonko au lendemain de son investiture. Il a aussi dénoncé une nouvelle fois le blocus de son domicile à Dakar « depuis le 28 mai » par les forces de sécurité, une situation qui le met selon lui de fait « en prison ».
La justice sénégalaise a, par ailleurs, annoncé vendredi avoir lancé un mandat d’arrêt international contre Juan Branco, avocat français d’Ousmane Sonko, pour des « crimes et délits » en lien avec les troubles survenus début juin au Sénégal.
Juan Branco avait annoncé le 22 juin avoir déposé une plainte en France et une demande d’enquête à la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye contre le président sénégalais Macky Sall pour « crimes contre l’humanité », après les violentes manifestations.
Avec AFP