Au Sénégal, le Premier ministre Ousmane Sonko fait face ce vendredi 27 décembre aux députés dans le cadre de sa déclaration de politique générale. Le rendez-vous était très attendu, depuis sa nomination il y a presque neuf mois, pour lui permettre de présenter comment le gouvernement compte mettre en œuvre le programme de rupture pour lequel le président a été élu en mars.
Le Premier ministre est revenu sur la situation du pays dont le nouvel exécutif a hérité, mais a surtout commencé par une annonce forte. Ousmane Sonko affirme que son gouvernement va déposer un projet de loi pour abroger la loi d’amnistie de l’ancien président Macky Sall.
Le texte, voté en mars dernier, couvre les faits relatifs aux trois années de violence que le pays a connu entre 2021 et 2024, qui avait fait des dizaines de morts. Cette annonce a été faite sous les applaudissements des députés, et le Premier ministre a ajouté que cela permettra que « toute la lumière soit faite et que les responsabilités soient établies ».
Il ne s’agit pas ici de chasse aux sorcières, encore moins de vengeance, car aucun sentiment de revanche nous anime, loin de là. Il s’agit simplement de justice, pilier sans lequel aucune paix sociale ne peut être garantie.
Le Premier ministre a redit la volonté du président de « fermer toutes les bases militaires étrangères au Sénégal », sans citer aucun pays, ce qui a suscité à nouveau les applaudissements dans les rangs.
Programme de rupture et audit des niches fiscales
Ousmane Sonko a expliqué être « humble face à l’immensité de la tâche à accomplir ». Une tâche d’autant plus difficile que « jamais dans l’histoire du Sénégal un pouvoir n’a été transmis dans cet état », selon ses termes. Le principal objectif des premiers mois, et ceux à venir, est donc de « déconstruire les mauvais choix et construire les fondations d’un futur stable ». Devant un hémicycle plein, le Premier ministre a fait la promesse d’une rupture d’une profondeur jamais vue depuis l’indépendance et a incité ses concitoyens à ne pas avoir peur du changement.
Dans son discours, Ousmane Sonko a mis l’accent sur l’économie et le financement de ce programme de rupture. Il le reconnaît lui-même, « le financement est l’aspect le plus important dans un projet politique ».
Il évoque encore le besoin d’équité sociale et explique « que nous ferons moins payer à chaque Sénégalais, mais nous ferons payer à tous les Sénégalais ». Le Premier ministre promet ainsi une réforme des impôts, un audit des niches fiscales, mais aussi un meilleur encadrement des investissements publics dans tous les projets.
La politique de son gouvernement s’appuiera aussi sur un renforcement du partenariat public-privé partout dans le pays. Le déficit devrait avoir atteint les 3 % à un horizon de trois ans, contre 10 % aujourd’hui.