Nouvelle ingérence  de la France  dans les affaires du Bénin : « Non ! On ne peut pas me demander de me taire », clame Karim Urbain da Silva

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(« Lorsque la France brime le Mali, pendant qu’elle permet au Tchad d’évoluer au-delà des principes, défend elle la démocratie »,  s’offusque le patriarche)

« Non ! On ne peut pas me demander de me taire… », clame le sage Karim Urbain da Silva dans une opinion parvenue à notre rédaction. Il se prononce sur la nouvelle ingérence  de la France  dans les affaires du Bénin. « Lorsque la France brime le Mali, pendant qu’elle permet au Tchad d’évoluer au-delà des principes, défend elle la démocratie »,  s’offusque le patriarche.

L’intégralité de l’opinion du patriarche Karim da Silva sur la nouvelle ingérence de la France dans les affaires du Bénin

Non ! On ne peut pas me demander de me taire…

Radio France Internationale, RFI, rapporte, comme si de rien n’était, une nouvelle  si extraordinaire qu’on a du mal à le croire. La France exerce des pressions sur le Président de la République du Bénin pour obtenir la libération de Reckya MADOUGOU, condamnée à 20 ans par la CRIET.

Je n’en crois pas mes oreilles. La France, pays, de ‘’l’esprit des lois’’ et donc de la séparation des pouvoirs, par l’action de son gouvernement, à travers le Ministre Jean Yves LE DRIAN, veut imposer au pouvoir exécutif béninois, de passer outre une décision de justice, et qu’est-ce que cela veut dire ?

La France serait-elle prête à contrer la décision d’une juridiction béninoise ? Bien sûr, elle le fait  même, publiquement, savoir. Est-ce là, tout le mépris qu’elle a pour notre pays, et pour ses institutions dont la plus importante est le Président de la République, leur garant ?

C’est pourtant en France, que nous avons vu, le général de GAULLE, ramener précisément à 67 ans et demi, l’âge du départ à la retraite des magistrats du Conseil d’Etat, parce qu’il ne voulait se débarrasser que d’un seul qui avait exactement 67 ans et demi.

Le président français avait trouvé inadmissible la liberté, pour un condamné à mort, de saisir une juridiction et obtenir, au moyen du recours pour excès de pouvoir, l’annulation de l’ordonnance qui a créé le tribunal dont le jugement le condamnait à la peine capitale, cela dépassait les bornes…

En effet, la première conséquence de ce jugement célèbre dit arrêt Canal, fut que le condamné à mort et ses comparses, dangereux activistes, poseurs de bombes, recouvrèrent automatiquement la liberté… Or, bien entendu, la loi est générale et impersonnelle. Mais, voilà, le nouvel âge fixé pour le départ à la retraite ne frappait que celui-là seul qui avait exactement 67 ans et demi.

La France d’alors n’était-elle pas une démocratie ?  En quoi voudrait-elle nous donner des leçons ?

Lorsque la France brime le Mali, pendant qu’elle permet au Tchad d’évoluer au-delà des principes, défend elle la démocratie ?

Que nous veut la France ? Le général Jean-Marie MOKOKO, candidat malheureux aux élections présidentielles, a été lourdement condamné (20 ans de travaux forcés) à l’âge de 71 ans, par le tribunal, dans une nébuleuse affaire.

Quelle fut, dans ce cas congolais, la position de la France et quelles sont les pressions qu’elle a exercées sur le président congolais, pendant qu’ainsi ce dernier confortait son pouvoir, afin de veiller à la pérennité d’intérêts qu’on connaît bien ?

Mais revenons, au cas actuel, les pressions que reconnaît publiquement exercer la France sur le Bénin, pour obtenir la libération de personnes condamnées, s’inscrivent-elles dans une action qu’il faudra autrement qualifier ou de quelle manière ?

Les poursuites en France contre des biens mal acquis seraient-elles des procédures engagées avec la bénédiction de l’Etat français qui vient de nous démontrer, par ses pressions sur le président Béninois, que l’exécutif français n’est ni neutre, ni impuissant, dans cette  brumeuse histoire de biens mal acquis, et qu’il n’a que faire du principe de la séparation des pouvoirs ?

C’est en comprenant bien que la France, ne fait pas toujours, au nom de la démocratie, mais uniquement, au vu de ses intérêts, que les béninois se doivent, pour leur sûreté, de s’interroger sur ce que sont les intérêts de la France, à vouloir faire libérer, de cette manière, Reckya MADOUGOU, parce que ces intérêts-là, et de toute évidence, ne sont pas ceux des béninois !

Le juge béninois en procédant par la recherche de la volonté interne des mis en cause, est parvenu à la conclusion qu’ils ont tenu des propos et posé des actes graves, attentatoires à la sûreté de l’Etat Béninois.

Il ne s’agit donc pas, d’innocentes victimes livrées par l’arbitraire du prince, à la rigueur de la loi. Les mis en cause ne sont pas, non plus, de paisibles citoyens jetés en pâture à la vindicte domestique du juge répressif, à cause d’un agenda particulier.

Nul n’est censé ignorer la loi ! En agissant comme ils l’ont fait, n’est-on pas en droit de se demander s’ils ignoraient ce à quoi ils s’exposaient ? La loi n’est-elle pas égale et applicable à tous ?

Toujours est-il, qu’ici, chez nous, au Bénin, la justice a tranché ! La République du Bénin n’est pas une république bananière, encore moins, une pétaudière et le Président TALON ne peut pas accepter ce genre de procédé, parce qu’il ne se mêle pas des affaires de la justice.

Il ne se mêlera pas de celle-ci, non plus. D’ailleurs, s’il le fait, ce sont les mêmes qui, tôt ou tard, lui retourneront à la figure, cet exemple, dans un argumentaire, pour servir d’autres causes douteuses…

Les populations béninoises vivent mal de telles ingérences. On se souvient de ces deux touristes kidnappés au Nord Bénin et pour la vie desquels la France n’avait pas hésité à sacrifier deux vaillants soldats morts dans l’opération engagée pour leur libération au Burkina Faso.

Cette affaire donna lieu à une amusante dérive. En effet, quelques-uns, à l’Assemblée Nationale française avaient voulu prendre prétexte de l’enlèvement de ces deux touristes, pour faire ingérence dans nos affaires nationales, nous étions en plein processus électoral, pour les législatives de 2019.

Devant notre indignation, il avait été répondu, qu’il ne s’agissait pas d’ingérence, mais que l’Etat français ne pouvait se comporter par indifférence. Plus tard, le député Sébastien NADOT, devait emboîter le même pas, avec le même vain et inutile résultat.

Mais, ne savent-ils pas, ou feignent-ils de savoir, que notre démocratie béninoise descend de la vieille tradition démocratique française qui consacre la séparation des pouvoirs ?

Le Bénin, est un état souverain, qui se félicite et se glorifie de respecter, dans la mesure du possible, pour le bonheur de ses populations, les principes cardinaux de toute démocratie digne de ce nom.

Au contraire la France et le pays de l’oncle Sam, ne peuvent plus se targuer d’être les défenseurs modèles de la démocratie, depuis les gilets jaunes, à travers la répression digne d’une violence semblable à celle qu’a connu la Commune de Paris en 1870, et l’assaut donné au capitole, par des vandales et voyous, partisans de Donald TRUMP !

Faisons un tour en France ensuite : Eric ZEMMOUR ne s’en prend qu’à la personne politique de MACRON, il n’a pas de mots assez durs pour décrire le chef de l’Etat. Demandons lui de franchir le Rubicon, par conspiration, conjuration, sédition, activisme, etc… il n’oserait mille fois pas.

Car, au-delà de cette ligne rouge fixée par la loi à toute personne, il y a le respect de l’ordre public et la sûreté de l’Etat. Une légèreté peut devenir une infraction à la loi pénale.

Les béninois qui n’ont pas inventé la démocratie en connaissent les limites. Depuis 1990, les bornes ont  été, non scrupuleusement tenues, mais considérées avec beaucoup de sérieux, sans témérité…

Personne ne peut commander, à notre peuple, ce qu’il doit faire, pour sa délivrance et son développement, ni ce qu’il devrait faire pour maintenir la paix.  Nous avons des institutions !

D’où vient-il donc que les Etats-Unis et la France se mêlent d’apprécier le respect de la séparation des pouvoirs au Bénin ?

Maintenant, dans le cas d’espèce, le Président, au demeurant, peut exercer le droit de rendre grâce que lui donne la constitution, mais uniquement ce droit.

Le Président de la République ne peut  annuler une condamnation prononcée par un tribunal béninois, ou ordonner, au bonheur la chance, la libération de quelque quidam que ce soit, contre la conclusion d’un jugement. Dura lex, sed lex. La loi est dure, mais c’est la loi.

Mais, pour rendre grâce, il faut aussi que la personne condamnée lui reconnaisse sa qualité de Président de la République du Bénin. Sinon en quelle qualité exercerait-il son droit de lui accorder la grâce ? Il faut être conséquent.

C’est le conseil que la France devra donner à des gens qui sont heureux, et manifestement, à leur aise, en prison.

 

Urbain Karim Elisio da SILVA

Grand-Croix du Grand Prieuré des Chevaliers du Christ

Grand-Croix de l’Ordre National du Bénin

Membre Fondateur du RPR et de l’UMP

Membre Fondateur du Cercle France

Auteur et signataire de la lettre du 27 juillet 2008

adressée au Président de la République Française

Référence : SCP/CdO/B121125