La cheffe de file de l’extrême droite française Marine Le Pen a été déclarée, ce lundi 31 mars, inéligible, avec effet immédiat pour les cinq prochaines années, car reconnue coupable pour détournement de fonds publics par la justice. En France et à l’international, les réactions se multiplient.
Marine Le Pen a quitté la salle d’audience dès l’annonce de son inéligibilité immédiate, avant même le prononcé du détail de sa peine. Outre cinq ans d’inéligibilité, elle a également été condamnée à une peine d’emprisonnement de quatre ans, dont deux ferme, aménagés sous bracelet électronique.
Depuis l’annonce de sa condamnation, les réactions affluent, à commencer par celle du Kremlin, qui ne s’est pas fait attendre, et déplore une « violation des normes démocratiques », après la décision du tribunal de Paris. « En effet, de plus en plus de capitales européennes empruntent la voie de la violation des normes démocratiques », a indiqué le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, lors de son briefing quotidien, répondant à une question sur la condamnation de Mme Le Pen. M. Peskov a également qualifié le jugement d’« affaire intérieure de la France ».
Le Premier ministre hongrois Viktor Orban a apporté son soutien à Marine Le Pen sur X : « Je suis Marine ! », a écrit le dirigeant nationaliste, qui dénonce régulièrement les attaques judiciaires contre ses alliés.
Le chef du parti d’extrême droite à la tête de la coalition néerlandaise, Geert Wilders s’est dit « choqué » par cette condamnation qu’il juge « incroyablement sévère ». « Je la soutiens et je crois en elle à 100 % et je suis persuadé qu’elle gagnera en appel et qu’elle deviendra présidente de la France », a-t-il déclaré sur X.
Le vice-Premier ministre italien Matteo Salvini a fustigé lundi la « déclaration de guerre de Bruxelles » aux sources, selon, lui de la condamnation de Marine Le Pen. « Qui craint le jugement des électeurs souvent se rassure par le jugement des tribunaux. À Paris, ils ont condamné Marine Le Pen et ils voudraient l’exclure de la vie politique. Un mauvais film que nous voyons aussi dans d’autres pays comme la Roumanie », a déclaré M. Salvini, chef de la Ligue, dans un communiqué.
« C’est la démocratie française qui est exécutée », fustige Jordan Bardella
« Aujourd’hui, ce n’est pas seulement Marine Le Pen qui est injustement condamnée : c’est la démocratie française qui est exécutée », a dénoncé le président du Rassemblement national (RN), Jordan Bardella, après la condamnation à cinq ans d’inéligibilité avec effet immédiat de la députée du Pas-de-Calais. Jordan Bardella a rejoint Marine Le Pen au siège parisien du RN après l’annonce de sa condamnation.
La « seule culpabilité » de Marine Le Pen est qu’elle « menait notre camp sur le chemin de la victoire », a réagi la nièce de Marine Le Pen, Marion Maréchal. « Des juges se pensant au-dessus du peuple souverain, ont décidé d’exécuter dans un tribunal, celle qu’ils n’ont jamais pu faire reculer dans les urnes », a également critiqué sur X l’eurodéputée, un temps en froid avec sa tante, un message assorti d’une photo la montrant souriante aux côtés de Marine Le Pen.
Éric Ciotti a dénoncé une « cabale judiciaire indigne » qui « confisque le destin démocratique de notre nation ». « La France est-elle encore une démocratie », s’est indigné sur X l’allié de la cheffe de file des députés RN. « C’est un système de captation du pouvoir qui écarte systématiquement tout candidat trop à droite en mesure de gagner, de François Fillon à Marine Le Pen », a-t-il ajouté.
« Ce n’est pas aux juges de décider pour qui doit voter le peuple. Quels que soient nos désaccords, Marine Le Pen est légitime pour se présenter devant le suffrage », s’est exclamé, sur X, le patron du parti Reconquête!, Éric Zemmour.
« La justice est la justice », clame la gauche
Marine Le Pen « doit payer sa peine » car elle est une « justiciable comme les autres », a estimé lundi Marine Tondelier, la secrétaire nationale d’EELV. « Quand on donne des leçons d’exemplarité à tout le monde, on doit commencer par se l’appliquer à soi-même », a ajouté Mme Tondelier, par ailleurs conseillère municipale d’opposition dans le fief RN de Hénin-Beaumont, dans le Pas-de-Calais.
« La justice est la justice. « Selon que vous serez puissant ou misérable » comme écrivait La Fontaine, elle doit être la même pour tous. D’autant que Mme Le Pen est une responsable politique qui exige plus de fermeté de la part de la justice ! Respectons la justice, donc », a écrit Fabien Roussel, secrétaire national du Parti communiste français (PCF).
« Nous prenons acte de cette décision de justice, même si nous refusons par principe que le recours soit impossible pour un justiciable quel qu’il soit », écrit le parti de Jean-Luc Mélenchon, La France insoumise, qui affirme n’avoir « jamais eu comme moyen d’action d’utiliser un tribunal pour se débarrasser du Rassemblement national ». « Nous le combattons dans les urnes comme dans la rue », et « nous le battrons aussi demain dans les urnes, quel que soit son ou sa candidate », ajoute le parti.
Marine Le Pen, sera l’invitée du journal télévisé de 20 heures de TF1 ce lundi, a indiqué la chaîne à l’AFP.