La candidate républicaine Nikki Haley a décidé de mettre fin à sa campagne dans la primaire. C’est ce qu’elle annoncé mercredi 6 mars, au lendemain du « Super Tuesday », qui a vu Donald Trump l’emporter largement. L’ancien président est désormais seul en lice pour l’investiture du parti en vue de la présidentielle de novembre, sans doute face au président démocrate sortant, Joe Biden.
Plusieurs médias américains, dont le Wall Street Journal (WSJ) et CNN, avaient annoncé ce mercredi 6 mars que la candidate Nikki Haley devait mettre un terme à sa campagne pour l’investiture républicaine.
L’ancienne ambassadrice américaine à l’ONU a confirmé cette information, depuis Charleston – ville principale de l’État de Caroline du Sud dont elle a été gouverneure. Victorieuse dans le Vermont, mais battue dans tous les autres États par Donald Trump lors du « Super Tuesday », Nikki Haley a ajouté que ce dernier devrait « mériter les voix » des conservateurs qui n’ont pas voté pour lui.
Il y a tout juste un an, j’ai lancé ma campagne pour la présidentielle. Quand j’ai commencé, j’ai dit que ma campagne était enracinée dans mon amour pour le pays. La semaine dernière, ma mère, première génération d’immigrants, est allée voter pour que sa fille devienne présidente. C’est ça, les États-Unis. Je suis pleine de gratitude pour l’énorme soutien que nous avons reçu partout à travers le pays. Mais le temps est venu de suspendre ma campagne. J’ai dit aux Américains que je voulais que leurs voix soient entendues. Je l’ai fait. Je n’ai aucun regret. Et même si je ne serai plus candidate, je vais continuer à utiliser ma voix pour défendre ce en quoi je crois.
Nikki Haley annonce la suspension de sa campagne
Celle qui s’était lancée dans la bataille de la présidentielle en début d’année dernière, avait remporté deux primaires républicaines : la première à Washington il y a deux jours, et la seconde lors du « Super Tuesday » dans le petit État du Vermont, où la primaire était ouverte. Aussi peut-on imaginer que des électeurs démocrates ont voté pour l’ancienne ambassadrice américaine à l’ONU de l’administration Trump. Au total, elle aura représenté les 20% à 30% d’électeurs qui exprimaient des inquiétudes à l’égard de Donald Trump et, selon ses mots, du « chaos » d’un second mandat présidentiel du milliardaire.
Nikki Haley avait les moyens financiers de se maintenir jusqu’à la convention républicaine de juillet prochain. Mais la question pressante demeurait : à quoi bon ? Rester dans le jeu lui aurait permis d’être un recours, une solution de remplacement en cas de condamnation par la justice de Donald Trump.
Mais Nikki Haley a dû réfléchir à conserver un avenir politique dans un parti qui est maintenant totalement aux mains de Donald Trump. Se maintenir encore, c’était continuer de contrarier le milliardaire, et donc obscurcir cet avenir. Nikki Haley a d’ailleurs toujours été claire : pour elle, Joe Biden est pire que Donald Trump. Il ne faut donc pas compter sur elle pour appeler à s’abstenir ou à voter contre l’ex-président en novembre prochain.
Trump seul en lice
La fin de la campagne de Nikki Haley laisse ainsi Donald Trump seul en lice pour l’investiture républicaine pour la présidentielle prévue en novembre. Largement en tête dans ces primaires, l’ancien président avait encore fêté « une soirée formidable » alors que le « Super Tuesday » le confortait dans sa position. Il n’a d’ailleurs pas mentionné une seule fois Nikki Haley, consacrant toutes ses attaques à son rival probable à l’élection présidentielle, Joe Biden.
Joe Biden n’ayant pas de réelle concurrence dans le camp démocrate, un nouveau face-à-face entre l’actuel président américain et son prédécesseur se profile pour la fin d’année.
Donald Trump a démontré, pour ce qui est de sa potentielle réélection, qu’il domine le parti, qu’il est en position de force et que cette élection générale a déjà commencé.
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Où iront les électeurs de Nikki Haley ?
Si les résultats du « Super Tuesday » confirment le futur duel Trump-Biden, ils soulignent aussi les fragilités pour les deux candidats.
Pour le milliardaire républicain, ses déboires avec la justice et sa gouvernance chaotique lui coûtent de nombreux électeurs. Notamment auprès des plus éduqués, dans les banlieues riches, au profit de Nikki Haley, qui a remporté jusqu’à 30% des suffrages dans certains États.
Maintenant que l’ancienne ambassadrice à l’ONU a jeté l’éponge, quel sera le comportement de ses électeurs en novembre prochain ? S’abstenir, voire même voter Biden ? C’est l’un des problèmes de l’ancien président.
À la fois Donald Trump et Joe Biden ont appelé les électeurs de Nikki Haley à les rejoindre. Le premier sur son réseau social, le second par communiqué. « Il y a une place pour les partisans de Nikki Haley dans ma campagne », assure le président sortant, saluant le « courage » de Mme Haley.
Pour l’actuel président, c’est son âge, le problème : il aura près de 82 ans le jour de l’élection, en novembre. Sera-t-il toujours apte à gouverner ? Non, selon plus de 40% d’électeurs démocrates, d’après les sondages.
Biden divise aussi au sein de son parti pour sa gestion de la guerre à Gaza. Les jeunes, les progressistes, et notamment le mouvement Black Lives Matter, lui reprochent son soutien à Israël malgré le pilonnage meurtrier de l’enclave palestinienne.
De nombreux bulletins blancs étaient dans les urnes mardi. Rupture définitive ou avertissement de début de campagne ? À huit mois de la présidentielle, 18% des électeurs, d’après les dernières enquêtes d’opinion, ne comptent voter ni pour Trump, ni pour Biden.