Neuf ans après le scandale du Sofitel de New-York à l’origine de la chute de Dominique Strauss-Khan, son accusatrice, Nafissatou Diallo, sort du silence et veut publier un livre.
C’est un livre forcément très attendu. Une sorte de « Journal de femme de chambre » version made in USA, dans un hôtel de luxe new-yorkais impliquant l’un des plus puissants personnages de la finance internationale à cette époque.
L’affaire Diallo-DSK n’est donc pas terminée. Neuf ans après le retentissement planétaire de ce scandale, Nafissatou Diallo sort du silence pour la première fois et maintient ses accusations d’agression sexuelles envers Dominique Strauss-Khan contre lequel la justice américaine a abandonné toutes poursuites judiciaires en 2012. Mais son accusatrice, qui se montre très discrète sur le montant de l’accord passé entre elle et DSK en 2012, (on parle de 1 million de dollars), ne compte pas en rester là. Selon, elle, cet accord scellé ne l’interdirait pas de publier un livre. Et donc de revenir sur ce fameux 14 mai 2011, à l’origine aussi de la chute de DSK. Dans un long entretien accordé à l’hebdomadaire « Paris-Match », l’ancienne femme de chambre du Sofitel d’origine guinéenne veut faire entendre sa vérité dans une affaire qui a forcément bouleversé sa vie. « J’ai été piégée et trahie. Je ne me remettrai jamais de la façon dont les procureurs de New-York m’ont traitée », dit-elle reconnaissant avoir eu des tentations de mettre fin à ses jours et d’avoir été traitée comme une « prostituée ».
Ce 14 mai 2011, l’ex-femme de chambre est formelle. « J’ai crié trois fois ménage?! » dans la suite 2806 comme pour signaler sa présence. « Personne ne répond. J’entre en laissant la porte entre-ouverte. Je m’apprête à entrer dans la chambre, quand je vois apparaître cet homme nu. » « Puis tout est arrivé.. Et quand cela a été fini, je me suis enfuie en crachant partout ». Quelques minutes plus tard, elle voit alors « le même homme », habillé, tirer une valise dernière et disparaître dans l’ascenseur… Pour évoquer les faits d’agression sexuelle, Nafissatou Diallo parle « d’accident ». Sur le classement de son affaire par la justice, elle veut y voir la victoire des puissants contre les faibles. Le combat du pot de terre contre le pot de fer. « Je vous assure que si Dominique Strauss Khan avait été pauvre, clochard, dans la rue, il serait aujourd’hui en prison ».
Deux destins brisés
Elle dit aussi ne pas comprendre les mensonges que la justice lui reproche. Elle est revenue dans la suite vide de DSK après les faits qu’elle décrit pour y chercher « quelque chose ». Peut-être son matériel de ménage, ou un « pourboire » avancent même certains détracteurs. Puis son boss arrive et trouve son attitude anormale, « je suis furieuse, je crache partout et je finis par lui raconter ». Et là tout bascule. La suite on la connaît. L’interpellation de DSK, ces images hallucinantes qui défilent en boucle et des accusations d’agression sexuelle contre le grand patron du FMI. Sexe, argent, pouvoir. Tout y est. Deux vies que tout oppose et deux destins brisés. Dans cet entretien qui donne déjà la mesure de ce qui pourrait être un prochain best-seller, on peut s’interroger sur les réelles motivations de Nafissatou Diallo. Une femme au passé meurtri qui raconte aussi une partie de son enfance en Guinée, entre viol et mariage arrangé à l’âge de 14 ans.
Les retombées financières liées à la publication de cette affaire pourront-elles apaiser les souffrances de cette femme dont la vie l’a marquée très tôt au fer rouge?? D’autant qu’un premier ouvrage sur cette même affaire, publié à compte d’auteur, est passé quasiment inaperçu. Ce livre mémoire serait sans doute destiné à exorciser un passé trop violent, avec à la clé de juteuses royalties. Et surtout redonner du crédit à ses affirmations après le classement de cette affaire et ce qu’elle estime être un déni de justice. Pour des raisons de sécurité, Nafissatou Diallo passe sous silence ce qu’elle fait aujourd’hui, « pour mieux me protéger ». Elle dit aussi avoir reçu des menaces pendant le procès. Le montant qu’elle aurait perçu lors du règlement aurait suscité des convoitises de la part d’inconnus persuadés qu’elle a décroché le jackpot?! Quant à ses projets, elle veut créer une fondation en direction des femmes étrangères, comme elle, qui ont été confrontées à des « situations horribles ». « Je veux que ce qui m’est arrivé serve aux autres ».
(Avec La Dépêche.fr)