Parmi les premières entreprises à produire un vaccin contre le Covid-19, Moderna a annoncé vendredi 26 août vouloir porter plainte contre Pfizer et BioNTech. L’entreprise est convaincue que le vaccin développé par les firmes américaines et allemandes contrevient à des brevets lui appartenant.
Moderna et Pfizer et BioNTech ont les premiers mis en production leurs vaccins contre le Covid-19, très vite après le début de la pandémie, grâce à cette technologie de l’ARN messager qui permet de commander aux cellules humaines de fabriquer des protéines présentes dans le virus afin d’habituer le système immunitaire à le reconnaître et à le neutraliser.
L’apogée de quatre décennies de recherches
Jusqu’alors, les vaccins s’appuyaient sur des formes affaiblies ou désactivées des virus pour habituer l’organisme à se défendre, et le développement des remèdes, ainsi que les essais cliniques pour vérifier leur sûreté, pouvaient durer plusieurs années.
L’utilisation de la technologie de l’ARN messager dans les vaccins de Moderna et Pfizer/BioNTech, parmi les plus injectés au monde, fut l’apogée de quatre décennies de recherches qui ont permis de surmonter de nombreux obstacles.
« Cette technologie révolutionnaire a été cruciale pour le développement du propre vaccin à ARN messager de Moderna, Spikevax. Pfizer et BioNTech ont copié cette technologie, sans l’autorisation de Moderna, pour fabriquer Comirnaty », ajoute le communiqué de Moderna.
D’autres plaintes
La résolution d’une telle affaire devant les tribunaux peut prendre plusieurs années. Pfizer/BioNTech a souligné dans un message transmis à l’AFP vendredi n’avoir pas encore entièrement examiné la plainte.
Mais les deux entreprises se sont dites « surprises par le litige » étant donné que le vaccin Pfizer/BioNTech contre le Covid-19 « est basé sur la technologie d’ARN messager exclusive de BioNTech et a été développé à la fois par BioNTech et Pfizer ». Elles se sont dites prêtes à se défendre « vigoureusement » contre les allégations de la plainte de Moderna. Il ne s’agit pas de la première poursuite pour violation de brevets sur la technologie novatrice de l’ARN messager.
Moderna par exemple est déjà poursuivi par les petites entreprises de biotechnologies Arbutus Biopharma Corporation et Genevant Sciences. BioNTech est aussi concerné par une plainte en Allemagne de son compatriote CureVac, à laquelle BioNTech et Pfizer ont répondu par une autre procédure aux États-Unis.
« Nous lançons ces poursuites pour protéger la plateforme technologique innovante d’ARN messager que nous avons lancée, pour laquelle nous avons investi des milliards de dollars et que nous avons brevetée au cours de la décennie précédant la pandémie de Covid-19 », a commenté le patron de Moderna, Stéphane Bancel, dans le communiqué.
Pas de retrait demandé
Moderna souligne s’être engagé, dès octobre 2020, à ne pas lancer de poursuites liées à la propriété intellectuelle tant que la pandémie sévissait mais estime qu’elle est désormais passée à un nouveau stade. L’entreprise ne demande pas à ce que Pfizer/BioNTech retire son vaccin du marché. Mais elle demande des compensations financières, et uniquement pour les vaccins vendus depuis mars.
Pfizer prévoit de vendre pour 32 milliards de dollars de son vaccin contre le Covid-19 sur l’ensemble de l’année 2022. Moderna précise aussi que les brevets pour lesquels il poursuit Pfizer et BioNTech n’ont pas été développés au moment où l’entreprise collaborait avec l’agence publique américaine de recherche pour accélérer les travaux dans la lutte contre le Covid-19.
Avec La Croix