Au Bénin, Michel Alokpo dénonce des irrégularités dans une lettre adressée à l’Autorité de régulation des marchés publics (ARMP), concernant le processus de recrutement du personnel de soutien du Comité de Pilotage (COPIL). Il s’agit du comité mis en place dans le cadre de l’audit de la liste électorale réclamé par l’opposition.
Dans cette dénonciation, Michel Alokpo, rapporteur du comité de recrutement, expose une série de manquements qui, selon lui, entachent la transparence et l’intégrité du recrutement des cadres techniques censés accompagner le COPIL.
Tout a commencé par la mise en place d’une commission de recrutement, le 3 avril 2025, sous la présidence de Jean Baptiste Elias. Après la validation des critères de sélection, un expert en passation des marchés publics et un expert-comptable ont été invités à participer à la phase des entretiens. L’expert en marchés publics, ancien Directeur des marchés publics au Ministère des Finances, aurait joué un rôle décisif dans la sélection de D’Almeida Raoul Hyppolite, un candidat jugé compétent pour le poste de PRMP (Président du Comité de Recrutement et de Management de Projet), tandis qu’un autre candidat, B. M. aurait été initialement favorisé malgré son manque de qualifications.
La situation se serait intensifiée le 22 avril, lors d’une rencontre avec le Ministre de la Justice et de la Législation, où une liste de dix curriculums vitae non conformes aux critères de recrutement aurait été transmise à la commission. Ces CV, qui émaneraient du DPAF (Direction de la Prévention et de l’Administration des Finances), selon Michel Alokpo, ont été intégrés au processus au mépris des critères préétablis, déclenchant des soupçons de corruption et d’influence extérieure.
Le 23 avril, la commission a ouvert les plis des candidatures, mais la tension est montée lorsque les membres auraient affirmé (toujours selon Michel Alokpo) que « le recrutement ne se ferait pas sur la base de la compétence, mais sur des considérations personnelles ». Le rapport final rédigé par trois membres de la commission aurait occulté des éléments importants, notamment la phase d’entretien, dont les résultats devaient compter pour 30 points. Cette omission semble être une tentative de dissimuler des irrégularités, fustige Michel Alokpo.
Par ailleurs, plusieurs choix de candidats suscitent l’incompréhension et la méfiance. B. M., malgré sa non-conformité aux critères de sélection pour le poste de PRMP, aurait été retenu pour le poste de régisseur, dénonce Michel Alokpo, ce qui soulève des questions sur des pratiques douteuses, notamment en raison de son supposé lien familial avec le président de la commission de recrutement et de la présence de régisseurs assermentés du Ministère des Finances dans la sélection.
De plus, un autre candidat, Didavi Désiré, contrôleur financier retraité, bien qu’ayant été sélectionné en tête de liste, aurait été écarté en raison de son âge, en dépit de l’absence de critère d’âge dans les exigences de recrutement.
Michel Alokpo dénonce également « la supposée ingérence du DPAF dans le processus », soulignant que « cette organisation n’a pas été mandatée pour intervenir dans le recrutement du personnel de soutien ». Selon lui, cette interférence a entaché la transparence du recrutement.
Les accusations ne s’arrêtent pas là. Michel Alokpo relève d’autres irrégularités dans la gestion des Termes de Référence (TDR), qui auraient été modifiés à plusieurs reprises « sans que la version finale ne soit communiquée à tous les acteurs concernés ». La supposée existence de listes de candidats non officiels, soulève également des préoccupations concernant la gestion des experts internationaux, dénonce M. Alokpo.
Pour le rapporteur du comité de recrutement du personnel
de soutien du COPIL, « il est désormais impératif de déclarer cette procédure nulle et de remettre en question l’intégrité de l’ensemble du processus de recrutement », sous peine de voir ces pratiques se répéter à plus grande échelle, notamment lors du recrutement des experts internationaux.
Vivement la réaction de Jean Baptiste Elias, après l’alerte de Michel Alokpo.
M.A.Y
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