Au Sénégal, le président Macky Sall condamne des « agressions extrêmement graves contre l’État, la République et les institutions » après les violences qui ont fait officiellement seize morts, la semaine dernière, à la suite de la condamnation de l’opposant Ousmane Sonko. Réaction relayée dans le communiqué du Conseil des ministres ce mercredi soir. Alors que le chef de l’État est interpellé pour prendre la parole, il devrait attendre les conclusions du dialogue national lancé le 31 mai.
Des « violences humaines », des « actes de saccages » […] et des « cyberattaques contre des sites stratégiques du gouvernement »… Le président Macky Sall a dénoncé, lors du Conseil des ministres, des faits « d’une gravité sans commune mesure ». Objectif, selon lui : « Semer la terreur » et « mettre le pays à l’arrêt ».
Le chef de l’État demande au gouvernement « l’ouverture d’enquêtes judiciaires immédiates et systématiques pour faire la lumière sur les responsabilités liées à ces événements ».
Alors que le parti Pastef d’Ousmane Sonko dénonce une « répression meurtrière des forces de défense et de sécurité », le président salue leur « professionnalisme » et leur « posture républicaine ».
Macky Sall réitère aussi son « ouverture à la concertation […] dans le respect de l’État de droit », après le lancement du dialogue national, le 31 mai dernier. Une initiative rejetée par Ousmane Sonko. Khalifa Sall et le PDS de Karim Wade y participent. Les conclusions de ces échanges sont attendues « avant le 25 juin », selon le communiqué. « Au terme de ce dialogue », le chef de l’État – qui maintient toujours le flou sur la question d’un troisième mandat – indique qu’il « s’adressera à la Nation ».
Maître Ciré Clédor Ly, un des conseils d’Ousmane Sonko: «C’est inadmissible qu’on empêche tout contact entre un avocat et son client»
Maître Ciré Clédor Ly, un des conseils d’Ousmane Sonko: «C’est inadmissible dans un État de droit qu’on empêche tout contact entre un avocat et son client»
Au Sénégal, cela fait à présent plus de 10 jours qu’Ousmane Sonko est enfermé à son domicile dakarois, encerclé par les forces de sécurité qui lui en interdisent la sortie. Condamné le 1er juin 2023 à 2 ans de prison ferme pour « corruption de la jeunesse », l’opposant est susceptible d’être arrêté à tout moment.
Alors que d’innombrables questions se posent sur son avenir politique et judiciaire, ses avocats déplorent de ne pas pouvoir s’entretenir avec lui depuis plus de dix jours et d’être systématiquement repoussés lorsqu’ils se présentent pour le voir. Une atteinte grave aux droits de la Défense, selon eux.
« Je m’inquiète fortement de sa situation actuelle pour la simple raison que c’est une personne qui est coupée du monde entier, quelqu’un qui est en état de séquestration, qui ne peut même pas prendre contact avec ses conseils convenablement, pour continuer sa défense », affirme Maître Ciré Clédor Ly, au micro de David Baché.
Interrogé sur d’éventuelles suites judiciaires, cet avocat d’Ousmane Sonko réagit : « L’entrave majeure, c’est d’empêcher tout contact avec les avocats parce que s’il y a des suites judiciaires, il faudrait que l’avocat puisse en discuter avec son client. Et, justement, c’est ce qu’ils ne veulent pas. Il n’y a pas d’écho à ce jour et je crois que c’est urgent. Sans écho, cela veut dire, il n’y a pas de réaction des autorités alors que c’est inadmissible dans un État de droit qu’on empêche tout contact entre un avocat et son client. »