La localité de Tinzaouatène est l’épicentre d’affrontements depuis jeudi 25 juillet entre les rebelles du Cadre stratégique et permanent (CSP) et l’armée malienne fortement appuyée par les mercenaires russes. Les deux dernières forces crient victoire mais elles ont en réalité subi des revers et des pertes importantes, selon plusieurs sources.
Ce dimanche 28 juillet, le calme régnait sur le terrain, à Tinzaouatène et ses environs alors que depuis jeudi des affrontements d’une violente intensité secoue la région. Dans un communiqué, l’armée malienne, a affirmé avoir repoussé des rebelles et tué plus de 20 combattants. De leur côté, dans un communiqué, les rebelles du Cadre stratégique et permanent (CSP) évoquent sept morts et douze blessés dans leur rang.
Les rebelles ont notamment revendiqué « une victoire éclatant ». « Nos forces ont définitivement anéanti les colonnes ennemies », poursuit le communiqué. « Les rares survivants des rangs des Forces maliennes et de la milice Wagner ont été faits prisonniers », ajoute Mohamed El Maouloud Ramadane, porte-parole du CSP, démentant ainsi les informations selon lesquelles les mercenaires russes et les militaires maliens sont repartis du théâtre des opérations en vainqueur. Les rebelles du CSP s’engagent à publier prochainement un bilan détaillé des victimes.
Des sources indépendantes confirment que les forces en face des rebelles du CSP ont bel et bien subi un revers avec de lourdes pertes, sans toutefois donner de bilan précis. C’est quasiment la première fois que le groupe paramilitaire russe perd autant d’hommes lors d’un combat sur le territoire malien. Les forces armées maliennes affirment de leur côté qu’elles ont volontairement quitté le secteur de Tinzaouatène après trois jours d’affrontements. Outre le bilan humain, du matériel militaire a été détruit ou pris par les rebelles.
L’armée reconnait d’importantes pertes à Tinzaouatène
Après les derniers affrontements de Tinzaouatène, cette localité malienne située à la frontière algérienne, l’armée malienne publie un nouveau communiqué alors qu’on enregistre la première réaction d’un groupe affilié à Wagner. Ces deux alliés sur le terrain dans le nord du Mali contre les rebelles du Cadre Stratégique et Permanent (CSP) reconnaissent avoir subi un revers, en tout cas des pertes
Au Mali, l’État-major des armées affirme dans un communiqué qu’à un certain moment des combats, ses soldats ont été encerclés par, je cite, « une coalition des forces terroristes du Sahel ». « La bravoure et la détermination de nos soldats n’ont pas permis d’éviter un nombre important de pertes en vies humaines et matérielles », poursuit le même communiqué.
Bamako ajoute que l’ennemi a également utilisé contre ses troupes des véhicules kamikazes. La violence des combats est confirmée par des médias officiels russes qui citent le groupe paramilitaire Wagner avec d’autres détails. Sur le terrain, une tempête de sable a permis aux groupes armés d’augmenter leurs effectifs jusqu’à 1 000 personnes. Des drones ont été utilisés contre les soldats maliens et les combattants de Wagner.
Deux personnages russes importants auraient été tués lors des combats : le spécialiste de la propagande de Wagner dans le monde et un commandant militaire du groupe plus connu par son surnom « Proud ». Son dernier message radio avant de mourir : « Nous ne sommes plus que trois, nous continuons à nous battre ».
Malgré la débâcle des FAMa et de leurs supplétifs de Wagner à Tinzaouatène et les pertes subies, John Lechner, chercheur américain spécialiste du groupe Wagner, estime que : « cela n’a pas entamé la confiance des autorités maliennes dans les mercenaires russes ». Joint par RFI, il estime que « Bamako aimerait sans doute plus d’investissement de la part de la Russie dans la lutte contre les rebelles ». L’épisode Tinzaouatène devrait amener, dit John Lechner, « à une réorganisation de l’offensive et à la continuation de la guerre ».
RFI