L’organe législatif de la transition a adopté hier en session plénière mercredi 11 mai le chronogramme qui doit permettre le retour à l’ordre constitutionnel. C’était attendu, mais le vote a réservé une surprise : la durée de la transition a été revue à la baisse.
Trois votes contre et une abstention. L’écrasante majorité des conseillers réunis pour la session plénière du CNT a finalement opté pour le chronogramme qui leur avait été soumis. À une nuance près. La durée de la transition a été revue légèrement à la baisse : 36 mois au lieu des 39 proposés par le chef de la junte, le lieutenant-colonel Doumbouya.
Voix discordantes
Tour à tour, les rapporteurs des différentes commissions de l’organe législatif de la transition ont décrit les débats qu’ont eus leurs membres plus tôt le matin. Certains auraient voulu sortir plus rapidement de l’état d’exception. D’autres se sont interrogés sur la procédure, la légitimité du CNT à entériner seul le programme de la transition.
Les discussions ont été convoquées à la hâte en tout cas. Dans un communiqué lu à la télévision publique hier soir, le président du CNT annonçait la tenue d’une session plénière ce mercredi en fin d’après-midi. Elle aura duré deux heures à peine. Dans le Palais du Peuple, derrière les pupitres, des applaudissements claquaient de temps en temps de la part de conseillers favorable au vote. Lors du vote à main levée, c’est une forêt de bras qui se dresse soudain face au président du Conseil national de la transition.
Mais des voix discordantes se sont fait entendre aussi. Trois conseillers seulement ont voté contre. L’atmosphère s’est parfois tendue, comme lorsque Mamadou Faza Baldé est parti avant la fin de la séance, après un échange houleux avec le président du CNT. Il demandait à s’exprimer et a finalement décidé de quitter la salle faute d’avoir pu prendre la parole. « Les procédures qui ont amené à cette plénière ont été biaisées du début à la fin. On peut pas nous appeler à des travaux de commission le matin sur des questions aussi essentielles. Et à 16h, on nous dit de rentrer dans une salle pour voter un document dont nous ne savons pas le contenu ! », s’agace-t-il.
Certains conseillers décrivent des échanges vifs aussi le matin.« L’essentiel pour nous était la nécessité d’un certain nombre d’activités qui pour nous sont incontournables si on veut réussir cette transition mais surtout si on veut réussir à mettre en place des élections transparentes, libres, incontestables », explique Ibrahima Sorel Keita, président de la commission des affaires étrangères du CNT.
G58 et FNDC rejettent le calendrier
Les principaux partis politiques réuni au sein du G58 rejettent tout calendrier de la transition validé par le Conseil national de la transition (CNT) ce mercredi. La classe politique estime que le CNT n’a ni les prérogatives, ni la légitimité de déterminer la durée de la transition. Les partis politiques du G58 veulent que le chronogramme de la transition soit adopté d’un commun accord avec eux.
« Le CNT auquel on donne aujourd’hui le pouvoir de trancher n’a nullement cette prérogative. Le rôle du CNT est clair, c’est celui de légiférer en lieu et place d’une assemblée nationale. la marche à suivre c’est un dialogue inclusif, qui met autour de la table le CNRD face à la classe politique et aux acteurs sociaux avec la communauté internationale. Le choix de la durée revient, selon les termes de l’article 77 de la charte, au CNRD et aux forces vives de la nation qui ne sont autre que les acteurs politiques et la société civile », réagit Joachim Millimono, chargé en communication de l’UFDG, signataire du G58.
Dans la soirée, le FNDC a annoncé qu’il rejetait la durée de la transition et prévoit l’organisation de manifestations pour se faire entendre.