La Cour suprême du Brésil a décidé mercredi 26 mars d’ouvrir un procès contre l’ex-président d’extrême droite Jair Bolsonaro pour projet présumé de coup d’État, une décision historique qui plombe ses aspirations de retour au pouvoir.
Par cinq votes à zéro, les magistrats ont estimé mercredi 26 mars disposer d’éléments suffisants pour que l’ancien président brésilien Jair Bolsonaro soit jugé après avoir été accusé d’être le leader d’une organisation criminelle ayant conspiré pour son maintien au pouvoir, malgré sa défaite électorale face au président actuel Lula en 2022.
L’ex-président brésilien se dit victime de la « plus grande persécution politico-judiciaire de l’histoire du Brésil ». Nostalgique assumé de ces années de plomb, l’ex-capitaine de l’armée, 70 ans, voit désormais son sort judiciaire entre les mains de la Cour suprême réunie à Brasilia. Il est notamment accusé de « tentative d’abolition violente de l’État de droit démocratique » et « organisation criminelle armée », des crimes très graves.
La veille, lors de la séance, Jair Bolsonaro est assis au premier rang, face aux magistrats. À la surprise générale, le principal concerné s’est retrouvé mardi 25 mars au matin en face à face avec son ennemi juré, le juge de la Cour suprême Alexandre de Moraes. Ce dernier était également visé par un projet d’attentat dont est accusé l’ancien président. Certains ont analysé la présence de Jair Bolsonaro comme une manière d’exercer une pression politique, car il n’a pas le droit d’intervenir, rapporte notre correspondante à Rio de Janeiro, Sarah Cozzolino.
« Ils m’accusent d’un crime que je n’ai pas commis »
Quelques minutes avant l’ouverture de la session, l’ancien président n’a pas résisté à une énième provocation contre le juge. « L’arbitre a sifflé avant même que le match ne commence », a-t-il ironisé sur le réseau social X. « Ils m’accusent d’un crime que je n’ai pas commis », tonne-t-il. Car sa défense n’a pas changé depuis les premières accusations : l’ancien président se dit victime d’acharnement, de persécution politique même. Ses avocats balaient d’un revers de main le rapport de 900 pages de la police fédérale l’accusant d’avoir tenté, « coûte que coûte » de se maintenir au pouvoir après les élections de 2022.
À l’ouverture des débats mardi 25 mars, le procureur général de la République Paulo Gonet a accusé Jair Bolsonaro d’avoir été le « leader » d’une « organisation criminelle qui avait pour objectif de garantir qu’il se maintienne au pouvoir ». Et ce « quel que soit le résultat des élections de 2022 », qu’il a finalement perdues au second tour face au président actuel de gauche Luiz Inacio Lula da Silva.
Inéligible jusqu’en 2030
L’ancien président, ainsi que sept de ses alliés, devront répondre de plusieurs crimes. Les peines encourues dépassent les 40 ans de prison.
Inéligible jusqu’en 2030 en raison de ses attaques sans preuves contre le système de vote électronique, Jair Bolsonaro espère encore voir cette sanction annulée ou réduite pour lui permettre d’être de nouveau candidat en 2026. Mais une condamnation pour complot contre la démocratie brésilienne briserait cet espoir. Et forcerait son camp à lui choisir un successeur, alors que le jeu semble ouvert face à un Lula plus impopulaire que jamais, sur fond d’inflation.