Au Liberia, le sénateur Prince Johnson, figure controversée de la politique nationale, est mort à l’âge de 72 ans, rapportent les médias locaux. La cause de son décès n’a pas été confirmée. Ancien chef rebelle et sénateur depuis 2006, il représentait le comté de Nimba, sa base électorale, où il serait retourné mercredi avant d’y succomber. Johnson aurait notamment joué un rôle clé dans l’élection de l’actuel président Joseph Boakai, grâce à son influence à Nimba, où le chef de l’État actuel a obtenu plus de 74 % des voix. La disparition de Johnson met fin à un héritage marqué par son rôle dans les guerres civiles et son influence politique.
L’ancien chef de guerre libérien Prince Johnson est décédé ce 28 novembre 2024 à l’âge de 72 ans. Le Sénat, dont il était membre, et son parti le Mouvement pour la démocratie et la reconstruction, confirment qu’il a rendu l’âme à l’hôpital Hope for Women de Paynesville, en banlieue de Monrovia. Pour l’instant, les causes de sa mort soudaine restent inconnues. C’est une figure très controversée de l’histoire du Liberia qui vient de s’éteindre.
Prince Yormie Johnson est en effet surtout connu pour son rôle majeur dans la Première guerre civile qui éclate en 1989. À l’époque, le chef de guerre soutient la rébellion menée par Charles Taylor (1997-2003), futur président du Liberia. C’est en 1990 que se forge la réputation d’ultra-violence de Prince Johnson. Avec ses hommes, ils capturent le président de l’époque, Samuel Doe, le torturent sous l’objectif des caméras. Cette séquence, tristement célèbre, montre un Samuel Doe à genoux, suppliant pour sa vie, pendant que Johnson mène l’interrogatoire en sirotant une bière. Samuel Doe sera ensuite exécuté et son cadavre exhibé dans les rues de Monrovia. Ces images choquantes poursuivront Prince Johnson jusqu’à sa mort.
En rupture avec Charles Taylor, Prince Johnson s’exile au Nigeria, où il se convertit au christianisme et devient pasteur. Il rentre au Liberia après le départ du président Taylor, entame sa transition politique. En 2005, il est élu sénateur du comté de Nimba, sa région d’origine. Un siège qu’il conservera jusqu’à son décès.
Un acteur politique de poids
Arrivé 3e à la présidentielle de 2011, Prince Johnson devient un acteur politique de poids et même un allié pour les dirigeants qui se succèdent, lui conférant une très grande impunité.« C’était sans aucun doute l’homme politique le plus influent du Liberia. Il a littéralement fait élire George Weah puis Joseph Boakai en soutenant leur candidature à la présidence. Mais beaucoup estiment qu’il avait suffisamment vécu et qu’il était temps qu’il fasse face à la justice pour ses crimes de guerre civile. On a pris l’habitude de dire « Un chef de guerre est devenu sénateur ! « , puis « Un chef de guerre est devenu faiseur de roi ! » Donc dans l’esprit de nombreux Libériens, Prince Johnson reste avant tout un chef de guerre », explique le politologue Abdullah Kiatamba
Il jouit ainsi d’une très grande impunité et incarnant à la fois les horreurs de la guerre et les défis de la paix au Liberia. Il n’a jamais rien regretté et s’est toujours opposé à la création d’un tribunal pour juger les crimes des conflits successifs entre 1989 et 2003. En 2008, sur RFI, il admet avoir participé à l’assassinat du président burkinabè Thomas Sankara en 1987, au profit de Blaise Compaoré qui prendra le pouvoir par la suite.