Les 27 pays de l’Union européenne ont trouvé un accord, jeudi 1er février, sur une aide de cinquante milliards d’euros sur quatre ans pour l’Ukraine, jusqu’alors bloquée par le Premier ministre hongrois Viktor Orban.
Le suspense aura finalement été de courte durée lors de ce sommet extraordinaire. L’annonce est du président du Conseil européen Charles Michel : « Unité. L’ensemble des 27 dirigeants se sont mis d’accord sur une enveloppe supplémentaire de 50 milliards d’euros pour soutenir l’Ukraine dans le cadre du budget de l’UE. Cet accord garantit un financement stable, prévisible et à long terme pour l’Ukraine », a écrit le responsable sur X (ex-Twitter), au début d’un sommet extraordinaire à Bruxelles, le jeudi 1er février 2023.
Depuis Kiev, l’Ukraine a salué la « contribution » de l’Union européenne à une « victoire commune » sur la Russie. « Il est très important que la décision ait été prise par les 27 dirigeants, ce qui prouve une fois de plus la forte unité de l’Union européenne », s’est félicité jeudi le président ukrainien Volodymyr Zelensky, après la levée du veto hongrois à ce paquet. Cette aide « renforcera la stabilité économique et financière à long terme, ce qui n’est pas moins important que l’assistance militaire » à Kiev face à l’invasion russe, a-t-il ajouté.
La présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, s’est réjouie d’un « bon jour pour l’Europe » et Kiev a salué la « contribution » de l’Union européenne à une « victoire commune » sur la Russie.
Le compromis trouvé prévoit la possibilité de convoquer un sommet des chefs d’État ou de gouvernement dans les deux ans pour examiner la mise en œuvre de ce budget européen pluriannuel. Le sommet avait été précédé d’une réunion autour de Viktor Orban rassemblant le président français Emmanuel Macron, la cheffe du gouvernement italien Giorgia Meloni, ainsi que la présidente de la Commission Ursula von der Leyen et le président du Conseil européen Charles Michel. « Nous avons besoin d’un accord à 27 », avait insisté le chancelier allemand Olaf Scholz à son arrivée.
« Un signal important »
L’aide européenne destinée à l’Ukraine (33 milliards de prêts et 17 milliards de dons) est incluse dans une rallonge au budget de l’UE jusqu’en 2027. Un appui dont Kiev a désespérément besoin pour maintenir à flot son économie, alors qu’une enveloppe d’aide américaine est bloquée au Congrès. « C’est un signal important adressé à l’Ukraine que l’UE se tient derrière vous sur le long terme, jusqu’à la victoire », a réagi la Première ministre estonienne Kaja Kallas.
Le dirigeant hongrois, seul parmi les Vingt-Sept à avoir maintenu des liens étroits avec Moscou après le lancement de l’invasion de l’Ukraine il y a près de deux ans, avait suscité la colère et l’exaspération de ses homologues réunis en décembre dernier en s’opposant à ce soutien financier. Il a été accusé à Bruxelles de faire du chantage à l’UE pour obtenir le déblocage de fonds européens destinés à son pays mais gelés en raison des manquements à l’État de droit reprochés à Budapest.
La Hongrie réclamait de pouvoir procéder à une révision annuelle de ce soutien, avec un vote à l’unanimité, mais les autres pays de l’UE ne voulaient surtout pas lui donner de telles occasions de blocage.
Un sommet sur fond de forte mobilisation
Le Premier ministre polonais Donald Tusk s’était fait l’écho d’une impatience croissante, en arrivant à Bruxelles. « Nous n’avons pas de lassitude sur l’Ukraine, nous avons une lassitude à l’égard de Viktor Orban », avait-il déclaré, dénonçant le « jeu étrange et égoïste » de ce dernier.
Le sommet se tient sur fond de forte mobilisation du monde agricole : quelque 1 300 tracteurs ont convergé dans un concert de klaxons, jusqu’à Bruxelles. Les manifestants faisaient face à la police devant le Parlement européen, où des pneus ont été incendiés et une statue déboulonnée, à proximité des lieux du sommet.
Lors du sommet de décembre, l’ouverture de négociations d’adhésion avec l’Ukraine, à laquelle s’opposait aussi Viktor Orban, avait été possible parce que ce dernier avait accepté de quitter la salle au moment où la décision était prise.
À la veille de cette réunion, la Commission avait accepté de débloquer quelque 10 milliards d’euros de fonds destinés à la Hongrie et jusque-là gelés, mettant en avant des réformes entreprises par Budapest pour améliorer l’indépendance de ses juges. Mais plus de 20 milliards de fonds européens sont toujours retenus, en raison d’inquiétudes de Bruxelles portant notamment sur le respect des droits des personnes LGBT+, de la liberté académique et du droit d’asile dans le pays.
À côté de la question budgétaire, le sommet doit également aborder l’augmentation de l’aide militaire à l’Ukraine.
(Avec AFP)