Le Sahel a été durement touché par les pluies torrentielles de ces derniers jours, synonymes de mort, mais aussi de pertes considérables. Une situation exceptionnelle, notamment à Niamey, pour Guillaume Favreau, hydrologue et représentant de l’Institut pour la recherche et le développement au Niger.
Pourquoi des inondations d’une telle ampleur et est-on face à une situation exceptionnelle ? A cette question de nos confrères de RFI, Guillaume Favreau fait savoir que « la situation est exceptionnelle ». Pour ceux qui travaillent au Niger depuis plusieurs dizaine d’années comme lui, il lâche « on n’avait jamais vu cela ».
Selon Guillaume Favreau, « Il y a des causes liées à la saison des pluies de cette année avec une pluviométrie plus importante. Il y a aussi des causes de plus long terme, il y a une intensification des précipitations qui est constatée par les observations et prédites également et cela concerne toute l’Afrique de l’Ouest. Il y aussi des causes locales, l’ensablement qui est constaté par les habitants et qui est lié à l’érosion très importante des sols autour de Niamey dans un rayon d’une cinquantaine de kilomètres et aussi pour cette crue rouge de saison des pluies, le déboisement très important sur les rivières, sur les bassins versant des rivières Niamey, la Sirba, le Dargole qui sont des très grandes rivières qui vont jusqu’au Burkina et massivement déforestées comme partout au Sahel et particulièrement autour de Niamey pour le charbon de bois et le bois de feu. Les mines d’or et les activités rurales qui déforestent rendent certains versants très ruisselants et cela apporte massivement de l’eau. C’est cette conjugaison de facteurs qui explique l’abondance des crues notamment de la rive droite ».
A la question de savoir si cela va-t-il aller en se dégradant ou peut-on faire quelque chose, Guillaume Favreau indique qu’il y a « des actions à court terme, l’endiguement, mais il faut qu’il soit réalisé dans les règles de l’art et également des actions à long terme de reboisement de ces bassins versants. Il faut une prise en compte que la déforestation à long terme a des actions qui sont bien visibles désormais et qui font que des événements de cette ampleur, hélas, ont une probabilité plus forte dans les années à venir de se produire que par le passé ».
.A.C.C.