Invité sur l’émission « L’Entretien Grand Format » sur Bip Radio le 12 janvier, David Koffi Aza, prêtre du Fâ et membre du comité des rites Vodun, s’est prononcé sur le président Talon et un éventuel 3è mandat.
David Koffi Aza a rejoint le comité des rites Vodun en 2024, après sa nomination par le président Patrice Talon dans le cadre d’une réforme visant à renforcer l’institutionnalisation des pratiques culturelles au Bénin.
Sur l’émission « L’Entretien Grand Format » de Bip Radio le 12 janvier 2025, David Koffi Aza a répondu aux préoccupations du journaliste sur les interprétations du Tofa 2025. À la question de savoir si le Tofa appelait le président Patrice Talon à briguer un troisième mandat, David Koffi Aza répond : « Le Fâ ne connaît pas la Constitution. Ce n’est pas une réalité spirituelle, mais un contrat social établi par le peuple. »
« Le Fâ n’a pas trouvé de candidat » (David Koffi Aza)
David Koffi Aza a ajouté que le Fâ n’a pas recommandé un troisième mandat, mais a mis en garde contre une potentielle instabilité politique et économique en cas de changement brusque de leadership. A en croire David Koffi Aza, « le Fâ n’a pas trouvé de candidat », mais a simplement averti que le départ prématuré du chef actuel pourrait compliquer la gouvernance et affecter le quotidien des Béninois.
L’interprétation du Tofa relance le débat sur un troisième mandat pour Patrice Talon. La constitution ou le Fâ ? Si le Fâ invite à préserver la stabilité, d’aucuns y voient une incitation à une révision de la constitution. A ce sujet, David Koffi Aza rappelle que la Constitution n’est pas immuable : « Ce n’est pas une parole d’Évangile. Elle a été établie par des hommes, et les hommes peuvent la modifier si nécessaire. »
Toutefois, David Koffi Aza précise qu’il ne défend pas un troisième mandat, mais invite à réfléchir sur les moyens de maintenir la dynamique actuelle. La responsabilité ultime revient au peuple et à ses représentants, dit-il.
Talon avait réitéré qu’il ne briguera pas de troisième mandat
Lors d’une conférence de presse le 8 février 2024, le président Patrice Talon a réitéré qu’il ne briguera pas un troisième mandat à l’expiration du second, en 2026. Au palais de la Marina, à Cotonou, devant les journalistes, le chef de l’Etat a confirmé son départ du pouvoir en 2026, l’année où s’achève son deuxième et dernier mandat. Patrice Talon se prononçait à nouveau sur sa promesse de ne pas s’accrocher au pouvoir, mais l’opposition lui fait le procès de la tentation d’un troisième mandat en 2026. La presse lui a reposé la question le 8 février 2024. Presque agacé, Talon a accusé la classe politique de s’agiter sur un sujet qui n’existe pas. « Aucun vivant au Bénin ne peut faire plus de deux mandats en qualité de président de la République, insiste Patrice Talon. Personne au Bénin ne pourra le faire, à commencer par moi-même. Tant que cette phrase demeure dans la Constitution, il n’y a aucune raison qu’on me soupçonne de vouloir faire comme tout le monde, comme ça se passe ailleurs », a-t-il souligné.
A lire aussi:
De vives réactions
Une nouvelle fois, à l’occasion des Vodun Days et notamment au terme de la consultation du Tofa 2025, la question du 3è mandat revient. David Koffi Aza insiste sur la consultation et les signes du Fâ : « Le Fâ ne ment pas. Si nous choisissons de ne pas suivre ses recommandations, nous devons en accepter les conséquences. »
Depuis ce dimanche soir, les commentaires de David Koffi Aza sur l’interprétation du Tofa 2025 suscitent de vives réactions. Dans des réseaux sociaux, si certains y voient une tentative de légitimation spirituelle d’une prolongation du mandat du président de la république, d’autres considèrent le message comme un simple avertissement face aux risques de déstabilisation. Certains dans leurs interprétation font croire qu’il n’est pas question d’un troisième mandat mais que d’autres cherchent à prendre le pouvoir et qu’il y aura une lutte farouche…
La question est de savoir si les recommandations spirituelles du Tofa vont-elles influencer les décisions politiques au Bénin qui se veut être un pays démocratique et laïc ?
A.C.C.
A lire aussi: